Témoignage d'Ado Nascimiento (Suite 4) (FIN)

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5.Chute et Délivrance

J'avais 20 ans, je n'étais plus macumbeiro, je n'étais jamais à l'école, j'étais illettré. Je ne savais même pas écrire mon nom. Je vivais uniquement dans la magie. Je n'avais pas évolué avec des enfants, j'avais vécu dans le centre, à pratiquer la magie. C'était mauvais mais c'est tout ce qu'on m'avait enseigné. J'étais dans cette prison où 2 000 prisonniers voulaient ma mort.

Jeudi, c'était jour de visite à la prison, tout le monde recevait de la visite sauf moi. Lorsque j'avais été dispensé de la magie, les esprits et les guides étaient également partis.
Et là, libre de mes propres pensées, j'ai commencé à comprendre la vie de l'être humain. Je me suis demandé pourquoi j'étais différent de tout le monde ?
Tout le monde a un père, une mère, moi je n'en ai pas, je ne me souvenais pas d'eux.
Je me posais la question : comment suis-je né ? De qui suis-je sorti ? Je n'en avais pas le souvenir ! J'ai commencé à souffrir réellement.

Les jeudis, les visiteurs venaient, ils me jetaient des choses sur le visage, me tapaient, les prisonniers me menaçaient en m'avertissant que je mourrais si je répliquais.
J'étais humilié j'acceptais n'importe quelle souffrance. J'observais les prisonniers qui se changeaient pour recevoir leurs visites, et moi je n'en avais pas.

J'ai commencé à beaucoup maigrir, je devenais jaune. Un des garçons qui étaient dans ma cellule m'a dit
- je te trouve étrange, tu es trop jaune, je crois que tu es malade
- je ne suis pas malade, les maladies ne peuvent pas m'atteindre j'ai le corps "fermé"
- si ton corps était "fermé" alors crois moi il s'est "ouvert", tu es trop maigre et jaune
Un autre prisonnier a dit :
- il doit avoir le SIDA
Il a appelé le gardien
- envoyez ce jeune homme faire des examens, s'il a le SIDA, il va nous contaminer

Au bout de 15 jours, le médecin a envoyé le résultat par le gardien, qui lorsqu'il est arrivé m'a demandé de prendre mes affaires car j'allais changer de cellule
- où est-ce que je vais ?
- dans une unité médicalisée
- pourquoi ?
- tu as le cancer et tu vas mourir

J'avais tout perdu, et je perdais aussi ma vie. Lorsque je suis arrivé dans cette unité, j'ai vu 3 corps qu'on transportait pour l'enterrement, ces personnes n'avaient pas de familles et elles étaient enterrés dans le terrain même de la prison.

J'ai commencé à maigrir très rapidement. Je n'avais plus d'appétit, plus de force pour marcher. Je touchais ma tête et mes cheveux tombaient.
Un jour j'ai entendu un chrétien prêcher dans la prison. Je me suis demandé
- est-ce que le Dieu des chrétiens existe vraiment ? s'il existe, pourquoi m'a-t-il fait ça ? Je n'avais même pas d'amis, les gens qui venaient me voir, venaient pour des consultations et pour le travail que je faisais, mais je n'avais pas d'amis. Et tout le monde m'a abandonné dans la prison.

J'étais seul, à 18h j'ai reçu une visite. C'était un gardien qui me détestait. Il enlevait ma perfusion et me donnait des coups dans le ventre, tous les jours à 18h. Chaque fois que je le voyais, je fermais les yeux et je tremblais.
J'ai commencé à m'interroger, je me demandais pourquoi j'en étais arrivé là. Tous les autres prisonniers qui avaient commis des crimes importants avaient quand même de la famille, pas moi.

Un jour une femme est arrivée, c'était le jour de visite. Je trouvais que cette femme me ressemblais, elle avait les mêmes traits de visage que moi, je l'ai regardée en me demandant si cette femme faisait partie de ma famille.
La femme allait de lit en lit à la recherche de quelqu'un, moi j'étais content, je me suis dit qu'elle venait peut être pour moi, à un moment elle a regardé vers moi. J'étais rempli de joie, j'avais une grande espérance en moi. Elle s'est approché, elle a parlé, mais à son fils qui était dans le lit voisin. Elle a porté son fils dans ses bras, elle l'a embrassé, il était dans un état pitoyable, elle avait des mots de maman envers lui, des mots d'amour.
Ces mots me faisaient envie, j'ai commencé à pleurer. J'avais le désir si grand d'avoir une maman. Elle avait des mots si gentils, si doux, j'écoutais ce qu'elle disait à son fils et cela m'a apporté tant de joie.

De Satan à ChristOù les histoires vivent. Découvrez maintenant