Témoignage d'Ado Nascimiento (suite 2)

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3. Le jour où tout a basculé

Lorsque ma mère allait travailler, elle demandait autour d'elle qui pouvait me garder, personne ne voulait le faire.
C'est donc ainsi qu'un jour nous sommes allés en ville tous les deux pour faire des courses. Elle devait acheter des tissus pour les tables de l'église. Les sœurs de l'église aimaient beaucoup ma mère, les gens la craignaient, car elle avait des révélations, quand elle passait les gens disait "c'est elle" "c'est le vase par lequel Christ parle". Mais le Seigneur a donné une dure épreuve à ma mère.

Lorsque nous avions déjà acheté les tissus, nous étions à la gare à attendre le train pour le retour, j'avais commencé à courir partout et je me cachais. Je voulais jouer à cache-cache. Je me cachais derrière la porte des toilettes de la gare. Ma mère me cherchait car le train était prêt à partir. Et alors que ma mère désespérée me cherchait partout, elle a vu un petit garçon au loin dans le train au niveau de la porte, ce garçon avait les mêmes vêtements et les mêmes chaussures que moi, elle avais cru que c'était moi et elle monta dans le train, le train ferma ses portes et fut parti.

A cause d'un jeu, j'ai perdu l'affection de ma mère, j'ai perdu ma famille, j'ai perdu l'opportunité de grandir dans un foyer chrétien, j'ai tout perdu.
A un moment je sortis de ces toilettes, je vois que le train partit emportant avec lui la personne la plus importante de ma vie, ma mère, celle qui me défendait contre tout et tous. Par exemple un jour, ma mère allait traire une vache j'étais dans les parages et j'avais une chemise rouge. Le paysan qui était là m'a vu aller vers ma mère et m'a demander de changer de chemise car les vaches n'aiment pas le rouge. Têtu comme je l'étais, j'ai dit :
- " C'est ce qu'on va voir ! "

Je me suis mis à provoquer les vaches, lorsque l'une d'elles me voyait , elle commenca à charger vers moi. A ce moment précis ma mère vit, elle courut vers moi pour empêcher la vache de m'encorner et elle fut tombée dans la boue. Dans cette boue il y avait un morceau de fer qui a traversé un sein de ma mère et un des poteaux de la clôture l'a rendue aveugle de l'œil gauche, elle fut tombée là en sang, avec un œil qui sortait de l'orbite.
Mes oncles sont arrivés et j'étais paralysé. Ma mère a quand même couru pour m'embrasser et elle me demanda si j'allais bien. Et elle a dit :
- " Grâce à Dieu tu vas bien ! "

Le seul amour pour lequel la Bible fait une comparaison avec l'amour de Dieu, c'est l'amour d'une mère. Une mère normalement, aime son enfant plus que son mari, plus que son amoureux, plus que tout. Une femme de Dieu aime ses enfants de façon surnaturelle. Quand ses enfants sortent, la mère n'est jamais tranquille !
J'étais donc seul dans cette gare, je pleurais. Une fois dans le train elle s'est rendue compte que le jeune garçon n'était pas moi. Mon père nous attendait à l'autre gare. Lorsqu'elle est arrivée, mon père a demandé où était son fils, ma mère a répondu : j'ai perdu notre garçon ...

Mon père a réussi a trouver une voiture de la mairie et est rentré à Recife. Ils ont passé 3 jours à me chercher. Puis ils ont dû retourner à la maison. Mon père s'est adressé à ma mère :
- tu as enlevé ma joie de vivre, tu m'as enlevé mon fils. A partir d'aujourd'hui tu n'es plus ma femme
Comme je vous l'ai dit, j'étais le fils de la vieillesse de mes parents, mes parents étaient déjà vieux quand je suis né, j'étais le benjamin, celui qu'on dorlote et qui souvent fini mal dans la vie car jeune il n'a pas eu la même éducation que ses frères ainés, on lui a montré trop d'amour et peu de limites. Il n'a pas les outils pour avancer dans la vie. Il est rebelle, désobéissant, méprisant et égoïste. Mais ce n'est pas de sa faute, c'est à cause de la défaillance de ses parents qui l'ont trop défendu et lui ont donné trop de permission à la maison. Le fils de la vieillesse.

Mon père a pris sa licence de l'église, il l'a déchiré et il a dit à ma mère, à partir d'aujourd'hui je ne suis plus croyant non plus. Et je ne veux plus que des chrétiens viennent chez moi. Mon père était révolté, il ne parlait plus à ma mère. Elle a perdu le respect des membres de l'église. Autrefois admirée, lorsqu'elle entrait dans l'église, les gens disaient :
- regardez c'est l'irresponsable ! Elle a perdu un enfant de 6 ans ! C'est sûr que cet enfant est déjà mort !
Ma mère baissait la tête, se mettait à genoux et pleurait, non seulement elle m'avait perdu, mais elle a perdu son mari, le respect de l'église et les gens se moquaient d'elle. Elle raconte aujourd'hui que lorsqu'elle allait faire le marché, les gens par méchanceté lui demandaient :
- oh sœur en Christ, où est ton fils ? Tu n'es pas venu avec lui ? Tu n'as pas dit que ton fils allait rentrer ? Cela fait déjà 3 ans ! Et ma mère répondait toujours :
- Un jour il reviendra

Ma mère me dit qu'elle pleurait dans la rue. Je lui manquais beaucoup.De mon côté, pendant ce temps, j'errais dans les rues, je mangeais dans les poubelles, je mangeais de la nourriture pourrie. Quelques fois il y' avait déjà des insectes dessus, mais je mangeais pour calmer ma faim.
Un vendredi soir je dormais dans la rue. A Recife, le jour il fait chaud, mais la nuit il fait très froid à cause de la brise venue de la mer. Alors j'ai pris un chien errant avec moi je l'attrapais pour avoir un peu de chaleur, donc je dormais souvent avec les chiens.
Un jour, des hommes sont venus et m'ont vu avec les chiens. Ils se sont dit que j'étais un violeur d'animaux et ils voulaient m'attraper pour me punir. J'ai entendu cela et je me suis dit que j'allais leur expliquer que je me servais des chiens pour me réchauffer et pouvoir dormir.

Lorsque je me levai, un des garçons me donna un coup de pied, avec ses bottes, qui ont du fer à l'avant, lorsque son pied a atteint mon visage, le fer m'eut ouvert la mâchoire; j'en porte encore la cicatrice. Il a également par la même occasion brisé mon maxillaire gauche. Je suis tombé par terre, je ne pouvais pas crier car mon maxillaire gauche était ouvert et visible. Je me suis levé pour fuir, et son ami a pris un poing américain.
Avec ce poing en fer, il me frappa là où c'était déjà ouvert, j' étais évanoui. Pendant toute la nuit, j' étais resté sous un banc, à saigner. Le matin, un jeune homme qui passait toujours là et qui me donnait des popcorns, m'avait emmené à l'hôpital dès qu'il me vit. Lorsque l'infirmière commença à coudre ma bouche, elle demanda qui avait bien pu faire cela à un si jeune garçon. Le médecin dit :

- Un garçon comme celui-là, doit être un de ces petits voleurs, snifeur de colle, il a certainement volé le porte-monnaie de quelqu'un et on l'a puni. Fini vite de le coudre et met le dehors il pue trop.

Je vis qu'à leurs yeux je n'étais rien, je n'étais personne, je n'existais pas. On m'avais mis dehors. Je regardais le ciel et je pensais à ma mère, je me souvenais de ce qu'elle racontait, elle disait que Dieu donnait du pain et de l'eau aux gens de la Terre afin qu'ils ne meurent pas de faim. Cela faisait des jours que je n'avais pas mangé.
Je ne pouvais rien manger, j'étais obligé de boire de la soupe ou des aliments liquides. Mais où allais-je trouver de la soupe, je n'avais pas d'argent. Lorsqu'il pleuvait, je prenais la boue et je buvais. J'allais à la plage et je prenais le reste de l'eau de coco que les gens avaient bu. C'était ça ma soupe. Je passais des nuits affamé, je recevais beaucoup de coups des petits enfants de rue comme moi.

De Satan à ChristOù les histoires vivent. Découvrez maintenant