La monotonie

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Mon regard ennuyé se perd sur la route où le trafic est plutôt fluide. Une légère brise de vent glacé longe ma nuque et fait naître une traînée de frissons désagréables sur ma peau. Sans précautions, j'enfile mon anorak pour me réchauffer. Je décide de m'asseoir sur le muret à côté du panneau « lycée Ishgar ».

Le bus est toujours en retard. Mon pied tape frénétiquement le sol goudronné du trottoir, impatient. Cobra crache un bon coup sur le goudron et tranche :

– Bon moi j'y vais hein. Ton bus c'est une merde, il est jamais là à l'heure.

Il réajuste son sac sur son dos, me tcheck d'une main lasse, traverse la route et roule sur sa planche. Il n'a jamais été patient Cobra.

Je reconnais quelques secondes plus tard, au loin, les phares éblouissants du bus. Un soupir de soulagement me prend alors qu'il se transforme en une légère buée dans l'air froid. Le bus s'arrête, la porte s'ouvre et je me faufile entre les passagers debout, mon skate à la main. Mon corps se réchauffe rapidement et d'une démarche discrète je m'adosse à une fenêtre : je fraude, comme d'habitude. À dix sept heures, les contrôleurs ne sont jamais là.

Le bus se met lentement en route et débute son habituelle traversée entre les avenues. Il dépasse les mêmes rues, les mêmes feu rouges, roule devant les mêmes supérettes, tout les jours, toutes les heures, de presque toute l'année. Par habitude, mes yeux se dirigent vers la fenêtre et rencontrent mon reflet, en décembre il fait déjà nuit. Même si il est flou, je perçois nettement mon air fatigué et mes énormes cernes. Je regrette un peu de m'être couché à pas d'heures hier..

L'autobus s'arrête au premier arrêt «Place de Fiore ». L'air froid s'infiltre entre nos pieds à l'ouverture des portes. Madame Oba, son panier rempli de courses dans les bras, tente de franchir la marche du bus. Je vais l'aider. Habitude du jeudi. Un sourire échangé et j'ai le panier dans une main, la petite vieille pendue à mon autre.

Le bus se remet en route. Je me remets à ma place. Mes doigts viennent farfouiller mes écouteurs dans la petite poche avant de mon sac. Ils sont emmêlés.

Au prochaine arrêt, Roméo et ses copains font leur entrée et se mettent à brailler comme des chèvres. Leurs voix, à peine muées, résonnent à l'intérieur du bus. Généralement ça m'énerve, des fois ils se font engueuler par le chauffeur, mais ça n'arrive presque jamais. J'use de mon regard désespéré et souvent, ça fait son effet.

Cet habituel trajet m'ennuie. Tout est toujours pareil. Rien ne change. Mes doigts emmêlent encore plus les fils blancs de mes écouteurs déjà en désordre. Arrêt « Gare Lacryma », je parviens enfin à les démêler. La petite prise jack dans le téléphone, les écouteurs enfoncés dans les oreilles, je lance ma musique. A peine verrouillé, mon appareil vibre :

J'ai oublié de faire les courses...achète de quoi faire des pâtes carbo.

Ma mâchoire se crispe. Flemme, putain. Mon père oublie toujours tout, surtout depuis que ma mère s'est barrée. Il oublie même, qu'après une journée de cours complète, je suis crevé et que je n'ai qu'une envie, c'est de dormir.




D'un pas lasse et démotivé, je m'engouffre dans la supérette bondée. Une fourmilière le truc. Les vacances de Noël approchent, la société de consommation s'active. Des milliers de gadjets inutiles sont stockés dans les rayons, je passe par celui des jouets pour arriver à celui des produits frais. Une crème, des lardons, du persil et des oignons.

– On prend tes yaourts à la fraise ?

Le papa fait plaisir à son fils. Un sourire fabuleux est plaqué sur son visage d'enfant, ses yeux pétillent. Il tient la main de sa mère. La vision de cette petite famille heureuse s'impose dans mon esprit. Je me dépêche d'aller à la caisse, les courses dans mes bras.

Même lorsque je pose mes achats sur le tapis automatisé de la caisse, il est toujours focalisé sur elle. Je pense à ma mère, mon père, mes sœurs. Et aux yaourts de l'enfant aussi.


Mon regard vissé sur le lampadaire qui clignote, je m'impatiente légèrement. Dix-huit heures trente, le bus est en retard et je me les pèle. La nuit est tombée. Pour me réchauffer je décider de m'en griller une, juste une, avant de rentrer.

La fumée que j'inspire dans mes poumons me détend et ressort dans la nuit. Le lieu est silencieux, je suis seul. Lorsque le bus se gare devant moi je suis contraint de jeter mon mégot sur le sol.

Il est un peu plus tard que tout à l'heure et j'arrive sans peine à trouver une place assise. Je m'y affale et pose à mes pieds mon skate et mon sachet de courses. Je m'apprête à mettre mes écouteurs quand je croise le regard brun de cette fille, juste installée sur le siège en face de moi. Ses yeux sont légèrement plissées et son nez retroussé. Elle est belle. Ses petites joues lui donnent un air de bébé mais son physique prouve le contraire. Elle doit avoir mon âge.

Je finis par détourner le regard de sa silhouette, perturbé. J'ai l'impression de l'avoir déjà vu. Ses yeux me sont familiers. Me rappellent quelqu'un. Un frère ?Une sœur, peut être ? J'en sais rien.

Elle détourne le regard et passe sa main dans ses cheveux, cette impression de déjà vu s'accentue quand elle se les attache.

J'inspire un grand coup d'air dans mes poumons, prend mon sac dans la main gauche, mon skate dans l'autre et décide d'aller l'aborder. Simple envie de la connaître. Mon corps se poste de lui même sur le siège voisin au sien. Nos regard se croisent. Puis je me lance :

– T'es à Ishgar ?

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Salut!
Voici une nouvelle fanfiction sur la vie de notre petit Natsu ! (C'est un nalu bien sûr)

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