Trémolos

L'emmerdeur

Je sirote mon jus de goyave à la paille. Son goût légèrement acide me revigore après nos deux heures d'athlétisme où nous avons couru comme des machines; transpirants comme des bœufs. Même si l'air est frais, mon corps est toujours bouillant de l'effort physique que j'ai fourni.

Nous sommes tous plus ou moins assis sur un banc, quelques uns debout, d'autres affalés sur le bois froid. L'équipe de basket au grand complet même la copine de Grey nous a rejoint.

– Wendy t'as vraiment balancé ?

La voix de Grey domine les rires moqueurs des autres. Sur le coup de la conversation je me laisse emporter par l'humour et rigole. J'ai bien entendu raconté à mes potes la prise de tête avec mon père. J'hoche la tête, donnant raison à Grey qui a insisté. Les rires se font plus fort.

– La tête de ton père devait être tellement iconique ! Loki s'esclaffe.

Mes épaules tressautent quelques secondes, secoués par mon rire. Puis je secoue la tête de gauche à droite, comme pour effacer l'image de mon père énervé coincée dans mon esprit avant de me reconcentrer sur la discussion.

– Ouais, son daron c'est un monstre. Cobra affirme.

Et il peut. Parce que mon ami le connaît parfaitement, il l'a vu dans toutes les situations possibles. Dépressif, énervé, joyeux, amoureux..

– J'irais pas me frotter à lui alors, ricane Grey.

Juvia me fait rire parce qu'elle se braque et laisse échapper un truc du genre « te frotte à personne ». Un sourire malin se forme sur les lèvres de son copain et déjà de loin, je sens qu'il va sortir une connerie.

– Même pas à sa mère ?

Juvia grimaçe alors que je laisse une insulte sortir d'entre mes lèvres, à la fois crispé et blagueur. Mon téléphone vibre. Je reçois un message d'Angel.

Scorpio m'a viré de cours. Help. Bât 2.

Je réprime un rire moqueur. Une semaine que je sors avec Angel. Elle déteste être seule. On s'entend bien. Elle n'est pas prise de tête. Souvent, elle se fait virer de cours et je vais la rejoindre. Mes doigts tapotent sur le clavier de l'écran tactile et je lui réponds rapidement que je la rejoins.

Sans que je ne comprenne rien, une personne m'empoigne par mon anorak, je suis tiré vers l'avant, et n'hésite pas à me mettre une droite. Le choc est violent. Ma lèvre supérieur prend chère, ma mâchoire aussi. Je perd l'équilibre et finis par tomber. Mon téléphone s'échappe de mes doigts avant de s'étaler contre le goudron froid. Je réprime un gémissement plaintif. Aïe.

La main bourrue de Gajeel se tend vers moi et je m'empresse de la prendre, c'est sans aucune difficulté qu'il me redresse. Ma vue est floue. Des points noirs apparaissent et disparaissent. J'essaye d'en placer une mais le regrette immédiatement, ma mâchoire me fait mal et la douleur me fait grimacer. J'entends Grey s'énerver contre le gars, l'insulter. Je vois Cobra récupérer mon téléphone.

– J'parle pas à toi Fullbuster. Riposte mon agresseur qui se rapproche de moi l'air mauvais : Alors comme ça t'enlèves la robe de ma meuf ?

Je m'essuie ma lèvre inférieure qui commence à saigner. Je ne comprends pas. Ma vue se trouble puis finit par s'éclaircir, j'aperçois enfin mon assaillant, un blond. Sting Eucliffe. Le casse-couille de service.

Je comprends directement à qui il fait allusion. Mon haussement de sourcils est indescriptible tellement il est haut, traduisant parfaitement mon état d'âme. Lucy sort avec ce connard de Sting ? Sérieux ?

Pendant quelques secondes, je m'en veux un peu. Je me dis que c'est vrai, j'aurais pas du lui enlever sa robe ni l'inviter à dormir. Puis je pense et je me dis qu'elle fait ce qu'elle veut et que ce mec noyé par la violence n'est qu'un con. Cobra arrive à côté de moi, sa main  se pose sur mon épaule tendue, il essaye de me faire reculer.