Chapitre 6

818 57 27
                                    

Chat Noir déglutit avant de demander à Plagg de le détransformer, bien conscient du fait que les choses allaient totalement changer entre Marinette, sa chère Lady, et lui-même. Il ferma un court instant les yeux lorsque la magie s'envola de lui en une pluie d'étincelles vertes, avant de les rouvrir pour voir la réaction de la fille qu'il aimait.

Adrien ne savait pas vraiment à quoi s'attendre. Pas à ce que Marinette ait l'air aussi choquée, en tout cas.

Les yeux écarquillés et les mains plaquées sur la bouche, on aurait dit qu'elle venait de voir un fantôme.

Les épaules du garçon s'affaissèrent et il fixa ses pieds.

— Je... je me doute bien que tu t'attendais à quelqu'un de plus intéressant et de moins ennuyeux que moi, souffla-t-il. J'espère... j'espère que tu n'es pas trop déçue...

— Non ! s'écria Marinette d'une voix forte, ses mains quittant brusquement sa bouche pour retomber machinalement à ses côtés. Non, je ne suis pas déçue, reprit-elle d'une voix plus douce. Je...

Il s'apprêtait à répondre mais elle fit un geste de la main pour lui demander de patienter.

— Attends un peu, s'il te plaît ! J'ai besoin de remettre mes idées en place pour ne pas mélanger mes mots... expliqua-t-elle tandis qu'il fronçait les sourcils, inquiet à l'idée des potentielles implications de cette demande, juste avant qu'elle ne prenne une grande inspiration. Chat Noir est Adrien Agreste... Adrien Agreste est Chat Noir... oh waouh... souffla-t-elle avant de rester silencieuse quelques instants. C'est vrai, reprit-elle d'une petite voix, je ne m'attendais vraiment pas à ce que ce soit toi sous le masque... Mais je ne suis pas déçue, pas déçue du tout, reprit-elle d'une voix plus ferme. En fait, je ne comprends pas, qu'est-ce qui te fait penser ça ?

Adrien se passa la main sur la nuque, tout en se dandinant, incertain de ce qu'il devait dire, incertain, surtout, de la manière dont elle allait réagir à ses mots.

— Ben... Tu es généralement mal à l'aise avec moi, je te fais souvent sursauter, j'ai fréquemment l'impression de te déranger... Et quand j'essaye de me rapprocher de toi, la plupart du temps, j'ai l'impression de m'imposer et que tu préférerais fuir ailleurs... Alors que j'ai toujours voulu qu'on soit amis, depuis le début, parce que je t'apprécie et je t'admire beaucoup...

— Ooooooh... souffla-t-elle tout en portant une main à sa bouche. Adrien... non, je n'ai jamais voulu te fuir volontairement. Et je t'apprécie beaucoup moi aussi. Plus que ça, même...

— Vraiment ? vérifia-t-il d'une voix où l'espoir transparaissait malgré tous ses efforts pour le masquer.

— En fait... ce n'est pas parce que je ne t'apprécie pas que je réagis comme ça avec toi... soupira-t-elle.

— Ah bon ?

— Je... euh... Rha la la, je ne sais vraiment pas comment te dire ça ! s'exclama-t-elle tout en plongeant son visage entre ses mains.

— Tu... tu n'es pas obligée, tu sais. Tu ne me dois rien.

Marinette poussa un profond soupir, ses épaules s'affaissant au passage, avant de redresser la tête tout en serrant les poings.

— Non, c'est important. Je dois vraiment t'en parler, te le dire. C'est juste que... ça fait très longtemps que je n'y arrive pas.

Adrien fronça les sourcils, ne voyant vraiment pas où elle voulait en venir.

— Si tu as besoin de temps, ce sera peut-être plus facile pour toi plus tard ?

— Non. Il vaut mieux que le fasse maintenant, je n'aurais pas forcément le courage plus tard, affirma-t-elle d'une voix déterminée.

Le jeune homme opina, cherchant à l'encourager du regard.

— Chat Noir est Adrien Agreste, Adrien Agreste est Chat Noir... répéta-t-elle comme pour mieux réaliser à quel point c'était vrai, avant de pousser un profond soupir. Chaton, dis-moi... À ton avis, quelle était la probabilité pour que le garçon auquel je viens de renoncer soit justement celui qui me console et avec qui j'envisage de construire quelque chose ?

Ce fut le tour d'Adrien d'avoir une expression profondément choquée. C'était bien la dernière chose à laquelle il s'attendait. Il se frotta les yeux, se convainquant qu'il avait mal compris.

— Hein ? Quoi ? Je... je... Moi ?

Marinette opina gravement tout se se mordillant la lèvre inférieure. Le visage d'Adrien passa progressivement du choc et de l'incrédulité à l'émerveillement.

— Je... waouh... Marinette est amoureuse de moi... Ma Lady est amoureuse de moi... Waouh... commença-t-il d'une voix abasourdie, avant de continuer avec ferveur. C'est la meilleure nouvelle de toute ma vie !

La jeune fille rougit et mit à nouveau une main devant son visage. Il se méprit à cette vue et se mordit la lèvre inférieure tout en fixant ses pieds, avant de reprendre la parole.

— Euh... Je... je crois que je brûle toutes les étapes... D'abord, tu as renoncé à moi, et puis... Même si tu m'as dit que tu n'es pas déçue que je sois Chat Noir... Ça change peut-être les choses, pour toi, tes sentiments, tout ça...

— Adrien... le coupa-t-elle fermement tout en prenant ses mains entre les siennes. Oui, savoir que tu es mon partenaire change des choses, beaucoup de choses. Mais ce n'est pas négatif, tu sais. En fait... maintenant, je comprends mieux ce que je ressens pour toi, Chaton. Je croyais que ce que je ressentais pour mon partenaire, c'était différent de ce que je ressentais pour mon camarade de classe. Je ne pouvais pas accepter l'idée d'être amoureuse de deux garçons différents en même temps, alors c'était forcément autre chose, cette confiance infinie, cette amitié très forte, le besoin viscéral de te savoir à mes côtés...

— Moi aussi, Marinette, souffla-t-il d'une voix émue, je comprends maintenant pourquoi tu as toujours été si spéciale pour moi. Je croyais que c'était seulement de l'amitié, mais c'est tellement plus... Tu m'attires depuis le début, des deux côtés du masque, et je n'avais pas encore réalisé à quel point tu es importante pour moi. Je comprends mieux pourquoi j'ai toujours eu ce besoin viscéral de te protéger à chaque attaque d'akuma. Enfin je veux dire toi Marinette, même si ça s'applique aussi à toi Ladybug, bien sûr, mais pas de la même manière, forcément. Et tu es tellement épatante, tellement douée...

Le regard qu'elle lui lança était rempli de tant d'amour et de tendresse qu'il se sentit presque défaillir. Afin de ne pas perdre totalement pied, il relança vite la conversation sur un tout autre sujet.

Un grain de sable dans le Love SquareOù les histoires vivent. Découvrez maintenant