17. L'accouchement

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Nous sommes le dimanche 10 novembre 2013. Il est dix heures. Comme tout les jours, on vient me poser le monitoring afin de contrôler mes contractions. Depuis le 8 novembre, je n'ai plus de traitement et je peux me lever et marcher normalement.

On revient me voir vers 10 heures et demi. Aucune contractions. Moi qui en avait depuis 17SA (semaines aménorrhée) malgré le repos et le traitement, aujourd'hui tout s'est enfin arrêté. Mon gynécologue de garde ce jour me propose un décollement des membranes ce que j'accepte. J'étais contre un quelquonque déclanchement. Je voulais laisser faire la nature et surtout accoucher naturellement sans péridurale mais cela fait déjà plus de six semaines que je suis ici et j'ai juste envie de l'avoir dans mes bras et rentrer à la maison. Aucune douleur de ressentie. Juste comme un touché de col où d'ailleurs il était ouvert à 2,5 centimètres désormais.
À onze heure, mon gynécologue revient. Toujours aucune contractions sur le monitoring. On m'a parle de déclanchement par tampon. J'attends...

Vers midi, la sage femme arrive et me débranche le monitoring. Elle m'explique qu'elle a discuté avec le gynécologue et que je vais passer en salle de travail afin de me poser le tampon pour le déclanchement. Cette sage femme, je la connais depuis mon arrivée. Cécile. Une jeune femme qui vient de finir ses études. Très douce, très jolie et bienveillante comme beaucoup dans cette maternité. Je n'ai pas à me plaindre de mon séjour. J'ai eu des moments de doutes, d'angoisses mais l'équipe a toujours été à mon écoute pour me soutenir. Dans l'ascenseur on parle de ces dernières longues semaines, de mon arrivée ou personne n'y croyait et de ce jour où je vais probablement accoucher. Elle m'explique qu'elle est impatiente de connaître ma fille et que toute l'équipe également. Qu'on revient de loin, mais que tout est fini désormais et que le bonheur, le vrai nous attend et que je vais enfin pouvoir rentrer à la maison avec elle.

Dans le service, tout le monde avait parié sur ma date d'accouchement. Il y reigné une ambiance de folie ! Pour certain, leur pari était déjà perdu. Pour d'autres, c'était le bon jour. Je savais déjà qu'on se souviendrais de moi durant de longs mois.

J'arrive donc en salle d'accouchement. On me donne cette blouse et me demande de me déshabiller et la mettre pour enfin m'installer sur cette table. La sage femme qui prend le relais m'allume la radio. Elle tombe sur RTL2. Je lui demande de la laisser. C'était la radio de mon père. Elle revient m'expliquer que finalement ils vont tester un déclanchement par perfusion d'ocytocine durant deux heures. Si jamais ça ne fonctionne pas je remonterais en chambre. Elle me pose donc la perfusion. Me pique deux fois. Mes veines sont bien trop abîmés. J'ai été perfusé deux semaines et le produits me les a fortement abîmé. Elle me pose le monitoring et m'explique qu'ils ont un écran dans leur salle afin de voir l'avancée du travail et qu'elle reviendra me revoir.

Il est 13 heures. Je perds les eaux. Elle arrive au même moment. Contrôle mon col qui est désormais ouvert à 3 centimètres et me demande alors si je souhaite la péridurale. En effet, dans mon dossier j'avais précisé ne pas la vouloir. Mais c'est un déclanchement et je sais que par perfusion, les contractions sont multipliés par deux. Et j'ai déjà bien trop souffert de mes faux travails. Alors à contre cœur, j'accepte. On me pose donc la péridurale à 13 heures 30. Pose ultra rapide et sans douleur. On m'a dit avoir été parfaite. La sage femme revient contrôler mon col qui en une demi heure est passé de 3 à 5 centimètres. Je lui demande si je peux appeler mon conjoint. Il était au travail ce jour et connaissant sa patronne, j'avais bien peur qu'elle refuse de le faire partir. Elle me dit que si il faut c'est eux qui l'appelerons pour lui expliquer.

J'appelle donc sur le téléphone du restaurant. Je tombe directement sur sa patronne. Je lui explique donc que je vais accouchée, qu'on m'a déclanchée depuis midi, que j'ai déjà perdu les eaux, que je suis ouverte à 5 centimètres et que je viens juste d'avoir la péridurale. Et la elle me dit une chose improbable !

"C'est un premier accouchement ça peux prendre du temps. Je peux le garder encore une demi heure ?"

Je lui explique que non ce n'est pas possible. Elle fini par me dire :

"Je te passe le principal intéressé."

J'explique donc tout à Wesley. Qui me dit qu'il rentre à la maison prendre une douche et arrive.

À 14 heures 30, il était là. Quel soulagement pour moi ! J'avais tellement peur que tout aille très vite et que j'accouche dans lui. La sage femme arrive et m'osculte. Je suis désormais à 7 centimètres. Wesley remonte en chambre chercher le trousseau de naissance. Le temps qu'il revienne, elle m'osculte à nouveau et se rend compte que je suis ouverte à 9 centimètres. Elle nous explique donc qu'on va pouvoir commencer. Wesley qui n'avait pas mangé depuis la veille, se lève de sa chaise :

"La tout de suite ? Maintenant ?"  en titubant et se rassayant aussitôt.

Une autre dame arrive, elle note toutes les informations pour les démarches administratives. Je les vois toutes préparer le terrain. On me pose les étriers où je pose mes jambes etc... Elle déplace la lampe, descend son masque et on commence.
Mais auparavant sentant descendre ma fille dans le bassin, j'appuie sur la pompe d'injection de péridurale. Je n'aurais jamais cru être endormie à ce point dans le bassin.

On me dis de pousser à la contraction mais je ne la sens absolument pas ! Elles m'expliquent qu'elles me diront quand il y en aura une. La première arrive. Je prend mon souffle et je commence à pousser. Une des dames appuie avec son coude sur mon ventre pour m'aider. Je pensais que c'était normal. Je ne sentais pas les contractions. Je me suis dis que du coup je n'arrivais pas à bien pousser et qu'il fallait m'aider. Bientôt elle sont à 2 sur mon ventre pendant que la troisième regarde et me parle de l'avancement. Elles me disent que je pousse parfaitement bien et que je dois continuer ainsi. On donne un masque d'oxygène à mon mari et on lui dit de me le tenir. Et enfin, ma fille arrive. Le gynécologue arrive, il a juste le temps de se laver les mains, mettre sa blouse et la récupérer. Sa tête sort, puis son premier bras et enfin son corps entier. Je l'entend pleurer et je pleure à mon tour toutes les larmes de mon corps. Enfin, après ces longues semaines, elle est là avec nous, en vie. On la pose sur mon ventre, on demande à Wesley si il veut couper le cordon et on me la reprend aussitôt. Wesley part de l'autre côté avec eux. Moi je pleure encore et encore...

Le gynécologue me recoud et je comprend très vite que j'ai eu une episiotomie sans même qu'on m'en avertisse. Une chose que j'aurais aimé me passer. J'ai compris bien plus tard qu'elle n'a servie à rien. Sept points, 3 à 4 centimètres d'ouverture et une cicatrice toujours sensible des années plus tard qui aurait pu être évité.

La sage femme revient et me demande si je vais bien. J'explique que ce sont des larmes de joie. Et je reste seule durant un instant qui me paraît interminable ! Wesley fini par revenir avec elle dans les bras, tout emmitouflée dans cette grosse couverture. Elle est si minuscule. On revient me donner son poids. Elle pèse 2 kilos 290 grammes. Elle va bien mais sa température est trop faible. Et elle n'arrive pas à se réchauffer seule. On m'explique l'impensable.

"Madame, votre bébé a du mal à se réchauffer."

J'avoue ne pas avoir écouté la suite. Je me souvient juste que Wesley a fini par me la donner, que j'ai tenté de la mettre au sein mais qu'elle était bien trop faible. Puis on me l'a reprise et mise en couveuse. Wesley est parti avec elle et je suis restée seule durant 2 heures à me poser tout un tas de questions...

Écorchée ViveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant