19. L'opération De Jade

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Nous voilà donc enfin réunis tout les trois.

Viens la visite des 15 jours où tout se passe bien, puis celle du premier mois. Elle va bien. Elle est en bonne santé mais ne prend pas suffisamment de poids. Le pédiatre nous dit de la complémenter. J'ai peur, peur qu'elle fasse une confusion sein-tétine et que mon allaitement, notre allaitement si cher à mes yeux prenne fin. Je suis jeune, encore un peu inexpérimenté à ce sujet et je lui fais confiance. Je ne sais pas à ce moment là qu'il existe d'autres solutions. Elle n'aura qu'un biberon de 60 millilitres par jours. Avec ce lait qu'elle a eu en complément déjà en néonatalogie, celui pour les bébés de faible poids et prématurés.

Heureusement pour nous, tout se passe bien et elle ne fera pas de confusion. Elle en aura eu durant un mois.

En dehors de ça, tout se passe bien sauf les soirs et les nuits. Jade est prise de grosses coliques qui la font énormément souffrir et tout les soirs à tour de rôle, en la prend contre nous en la berçant. On y passe des heures voir même des débuts de nuits. On est épuisés physiquement, moralement. Comme depuis sa naissance, elle fini dans notre lit. C'est la seule façon pour que tout le monde puisse se reposer et dormir. Et puis vient la visite des deux mois. Cette fois c'est fini on arrête les compléments. Elle a bien repris. Sa courbe est jolie. L'examen se poursuit, on parle au docteur de ses pleurs et coliques quand d'un coup il s'arrête net en nous disant sur un ton très sérieux :

"Ce n'est pas des coliques qu'à votre fille."

Ouf ! Nous sommes soulagés quand il reprend...

"Elle souffre d'une hernie de l'ovaire..."

Nous sommes d'abord plongés dans l'incompréhension face à ce mot nouveau. Puis le ciel nous tombe sur la tête quand il nous explique alors que seule une opération sous anesthésie générale peut régler ce soucis.
On doit trouver un chirurgien très rapidement avant que son ovaire ne s'abîme et devienne inapte pour plus tard, nécrosé et bon à retirer.
Nous appelons donc l'hôpital le plus proche avec le numéro donné par le pédiatre dès notre retour à la maison Jade souffre, elle pleure beaucoup et devient inconsolable. Elle a eu en prime ses premiers vaccins. Nous sommes un lundi. En entendant ses pleurs au loin, la secrétaire nous dit de passer si jamais elle devient vraiment inconsolable malgré le doliprane. On fini donc par prendre la route, direction les urgences pediatrique. On passe en priorité. Le chirurgien l'osculte mais ne juge pas nécessaire de l'opérer en urgence et nous donne rendez-vous le jeudi pour l'opération le vendredi matin. On rentre donc à la maison avec Jade toujours souffrante mais légèrement dans les vapes. Les jours passent, on enchaîne les doses de doliprane toutes les six heures en attendant le jour J.

Le jeudi arrive lentement mais sûrement. On passe devant le chirurgien vers dix sept heures. Jade souffre bien d'une hernie de l'ovaire. En réalité, du à sa légère prématurité, la poche de son ovaire gauche ne s'est pas correctement refermé ce qui a laissé son ovaire échapper. Cela créer une bosse légèrement visible mais surtout au touché d'où le fait que nous parents, nous sommes aperçu de rien jusqu'à lors.
Le chirurgien nous explique le déroulement de l'opération. Une opération banale, très courante chez les filles prématurées et donc bénigne. Cela dura en tout et pour tout une vingtaine de minute. En revanche et cela n'est pas anodin, elle se pratique sous anesthésie générale. Cela reste donc une opération assez lourde sur un nourrisson de quelques semaines. Neuf pour Jade au moment de l'opération. C'est ce qui nous fait le plus peur. Malgré la positivité du chirurgien.
Nous sommes donc ensuite envoyés vers le service pediatrique pour découvrir la chambre. Jade passe tout un tas de test. Dont sa première prise de sang. Elle hurle, se débat. Mon cœur de maman saigne. Les infirmières finissent par l'emmener de l'autre côté. Elle revient avec un catather à la main déjà prêt pour le lendemain. Malheureusement Wesley ne pourra pas rester dormir avec nous. Il n'y a qu'un seul lit et seul un des deux parents est prit en charge. Mais il reste avec nous jusqu'à vingt heures, heure légale des visites.
Jade refuse de dormir seule dans ce grand lit à barreaux. Je fini par la garder tout contre moi. Nous sommes bien, elle est apaisé. Une infirmière passe me dire de la nourrir pour la dernière fois à cinq heure du matin afin qu'elle soit à jeun quatre heure avant l'opération pour un nourrisson.
Cinq heures arrive. Je réveil doucement Jade en lui donnant la dernière tétée avant l'opération. L'infirmière passe me dire d'arrêter de la nourrir. Je la laisse finir et on se rendort l'une contre l'autre. La nuit aura été interminable pour moi.
Wesley arrive vers sept heures du matin. L'opération est prévue pour huit heure. On la baigne à la "Bétadine"  et retournons en chambre. L'attente fut interminable une fois de plus. En effet, un prématuré vient de naître et doit se faire opérer à cœur ouvert à peine né. Il passe donc prioritaire ce qui est logique en soit. Mais mes heures passent et Jade a faim. Elle ne cesse de hurler. C'est un véritable supplice pour nous qui sommes impuissants. Onze heure, toujours pas de nouvelles. Elle vient de finir par s'endormir de fatigue. Puis vient midi. Le brancardier vient la chercher. Il lui met un petit bonnet en lui disant :

"Aller vient avec papi. Je te met ce petit bonnet car il fait très frais en salle d'opération. Mais papi est la pour toi, pour t'accompagner..."

Un monsieur assez âgé mais rempli d'amour pour les bébés. Un métier qui lui plaisait et qui lui collé à la peau. Nous étions rassurés. Il nous dit qu'on peut l'accompagner jusqu'à la porte mais qu'après nous devrons remonter en chambre, que nous seront prévenus de la fin de l'opération quand elle ira en salle de réveil ou elle y restera deux heures et que c'est lui qui ensuite la ramènera. On l'accompagne dans ce couloir froid et vide. Tout nous paraît si calme. Jade me donne la main à travers les barreaux. Moi je m'empêche de pleurer. Je me dois de rester forte pour elle. Puis vient le moment de la quitter. Je lui lâche la main et elle se met à hurler. On l'entend descendre l'ascenseur en hurlant. Mon cœur de maman saigne à nouveau. Nous repartons dans la chambre et je fini par m'effondrer. Tout s'écroule autour de moi encore une fois. Cette grossesse que j'avais longtemps rêvé, cet accouchement et maintenant mes débuts de maman. Plus rien allait pour moi. Je me sentais nulle, incapable et fautive.

Les heures nous ont alors une fois de plus sembler interminables. Elles ont été les plus longues de toute notre vie. C'était si dur d'attendre sans elle, de ne pas savoir le déroulement de l'opération qui ne devait durer que vingt minutes.
On a fini par aller voir les infirmière pour demander des nouvelles qui nous ont dit que Jade était en salle de réveil depuis vingt minutes. Et à peine arrivée en chambre, elle revenait déjà ! Un vraie guerrière notre princesse. Elle était encore remplie de tuyaux. On devait lui donner un biberon d'eau sucré. Biberon qu'elle n'a jamais voulu. Non, à peine posé sur moi parce que je n'avais pas osé la prendre vu ces nombreux fils, elle a cherché à téter. Les infirmières étaient contre mais elles ont fini par me dire de la laisser téter en lui faisant faire des pauses afin d'éviter des vomissements. Et tout s'est très bien passé.

La nuit nous sommes restées sous surveillance. Toujours contre moi. Une vieille infirmière est venue dans la nuit prendre sa température et me dire que l'avoir contre moi c'était mal. Sauf qu'elle ne voulait pas dormir seule dans ce grand lit ce qui est normal après ce qu'elle avait vécue. Après avoir contrôlé ses selles, le lendemain matin nous avons pu sortir et reprendre notre vie normale.

Écorchée ViveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant