STÉRÉOTYPE [FR]

Chapitre 2 : Premier regard

"Bien. Nous allons continuer notre tour de chaise."

...

Organisatrice : Monsieur, c'est à vous.

??? : ...?

Organisatrice : Oui, c'est à vous que je parle. Voulez-vous vous présenter ?

??? : Hfm, j'imagine que je n'ai pas le choix... Bonjour, moi c'est Kader...

Tous : Bonjour Kader.

Kader : J'ai 38 ans, je suis marié et j'ai deux enfants. Et je travaille comme architecte dans une entreprise d'architecture, à trente minutes d'ici.

Organisatrice : Enchantée, Kader.

Kader : Et si je suis ici c'est pour parler du stéréotype de mes origines... Comme vous le voyez à ma tête, je suis arabe. Enfin, d'origine Algérienne, pour être plus précis.

Organisatrice : Nous vous écoutons...

Kader : J'imagine.

...

Avant tout, je tiens à préciser que je suis tout aussi Français que vous. Je suis né en France, j'ai étudié en France et je vis en France.

Ma famille est arrivé en France au début des années 80, peu avant ma naissance en fait. Je suis l'aîné d'une fratrie de six enfants. Et nous vivions tous, avec nos parents, dans une de ces rues que vous appelez désormais"le ghetto". M'enfin, un mot mal choisit, je trouve...

Bref, comme je le disais, j'ai vécu dans ces quartiers où il y avait le plus de mauvaises fréquentations. Là où il y a les dealers de drogues, délinquants, ainsi de suite...

Et là-bas, nous étions plusieurs venant du même coin.

Enfin bref... Donc j'ai grandi dans un milieu qu'on juge beaucoup, désormais. Comme on voit d'un milieu pour les "racailles". Et dans les années 90, j'étais l'un d'entre eux.

J'étais un adolescent qui suivait les autres adolescents du quartier. Je passais mon temps à sécher les cours, à acheter et vendre de la drogue, à vandaliser... Ma mère ignorait tout cela car elle s'occupait de mes petits frères et sœurs... Quant-à-mon père, il n'était pas très présent à la maison.

Du coup, ma bande et moi on était vu comme de vrais teigneux chez la police...

Mais le pire, c'était quand j'étais à l'école.

J'avais tout mes professeurs sur le dos, sous prétexte que j'étais arabe. Certes, je leur donnais raison en faisant mes conneries, mais aucun d'entre eux a essayé la méthode diplomatie.

Déjà tout petit, on me mettait au fond de la classe et on me parlait comme si je ne comprenais pas la langue. Même à la cantine, quand ils me regardaient tous bizarrement quand je prenais un plat sans porc ou un des menus typique du moyen-orient.

Et bien sûr, ça ne s'est pas arrangé en grandissant. Que ce soit des personnes que je connaissais ou des nouvelles personnes, les premiers regards sur ces stéréotypes à la con restaient les mêmes. Personne n'a essayé de comprendre "pourquoi je faisais ça".

Mais le pire du pire, alors que je pensais avoir été libéré, ça a recommencé dernièrement.

En devenant adulte, j'ai apprit à rester sur le droit chemin. J'ai travaillé, aidé ma famille, gagnait bien ma vie, mon casier judiciaire est redevenu vierge.... Et je me suis marié avec celle qui est devenu la mère de mes deux fils. Une femme géniale qui travaille en tant que professeur d'Anglais dans un collège.