CLXXXIV. Thanksgiving

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Le lendemain, jour de Thanksgiving, je m'en vais pour la caserne, ma fille à l'arrière de ma voiture. Quand j'y arrive, je retrouve tous mes collègues attroupés. Ils se décalent pour laisser apparaître Camille.

- Joyeuse Thanksgiving! Sourit elle.

Elle se lève, pose un baiser sur la tête de Leslie et en glisse un sur ma joue.

- Tu ne pouvais pas t'empêcher d'en faire tout un cinéma, pas vrai?

Elle sourit en s'accrochant à mon cou.

- Mais tu aimes bien ça, non?

Elle me claque une bise sur la joue puis prend sa fille dans ses bras. En relevant la tête, je croise le regard amusé de Dawson.

- Camille, c'était quoi, hier soir? Demande Stella.

L'intéressée sourit en baissant la tête. Puis elle croise mes yeux avec un triste sourire.

- J'ai juste dit ce que j'avais à dire.

Elle baisse les yeux. Matt prend Leslie dans ses bras et je me tend une main vers Camille. Elle l'attrape et me laisse y poser un baiser. J'enroule mon bras autour de ses épaules et nous allons vers mon bureau. Dès que la porte est fermée, nous en profitons pour nous engueuler.

- Tu sais très bien que je ne peux pas t'apporter ce que tu veux! Je... C'est... Je suis incapable de vivre avec la même personne. Je suis incapable de t'aimer assez pour ne vivre qu'avec toi alors que tu es l'amour de ma vie, le seul dont je suis amoureuse, dont j'ai été amoureuse et dont je serai amoureuse.

- Oui, j'ai entendu ton grand discours. Mais je suis convaincue que ce n'est pas vrai.

- Tu ne peux pas me croire quand je te dis quelque chose?

- Laisse moi finir de parler. Je sais que ce n'est pas vrai parce que c'est exactement ce que j'ai toujours dit. Je te mérite comme tu me mérites. Et je t'aime. Je t'aime plus que je ne pensais pouvoir aimer, je t'aime à m'en rendre malade.

Au milieu de nos larmes qu'elle tente de cacher derrière ses yeux fermés, je m'approche d'elle, glisse un pouce sur sa joue et l'embrasse doucement. L'intercom sonne et ma main tombe.

- Ça veut dire que tu dois y aller... Murmure-t-elle.

Avant que je ne puisse protester, elle me repousse. Je la suis vers la salle commune et elle m'oblige à partir avec un mince sourire. En s'asseyant à côté de Leslie, elle m'envoie un dernier regard puis se met à lui parler en français et à la regarder aller d'un côté à l'autre du canapé aussi vite qu'elle le peut à quatre pattes.

Nous revenons et elle garde L. sur ses genoux tout en faisant semblant de rire avec mes collègues.

- Mes parents et mes grands-parents débarquent demain Peter! Oui, j'en fais tout une histoire parce que ça compte pour moi!

- Carla, mon ange,...

- Quoi?

- Tout va bien se passer! Je sais, ta famille n'aimait pas ton ex, ce pour quoi on ne peut pas les blâmer, et ils ont probablement tout un tas d'a priori. Mais, regarde moi, je suis beau, gentil, pompier et je sais cuisiner, qu'est-ce qu'il pourrait mal se passer?

Elle lui saute dans les bras sous mon regard et celui de Camille. Ils restent l'un contre l'autre de longues minutes avant d'échanger un baiser, tout aussi long. Je détourne mon regard pour éviter de tout casser autour de moi et vais m'enfermer dans mon bureau. Ma tête posée entre mes mains, mes pleurs tombent. Je fonds en larmes.

- Kelly, tu sais, Carla et Peter voudraient qu'on soit avec eux pour Thanksgiving. Mais, leur appartement est trop petit, j'en sais quelque chose, donc j'ai pensé qu'ils pourraient venir chez nous.

- Chez nous? Tu te fous de moi? Tu n'arrêtes pas de me dire que tu m'aimes mais que tu n'y arrives pas, même si c'est tout ce dont tu as envie, tu répètes ça depuis... Depuis toujours, tu es la seule à m'avoir déjà rendu aussi fou et tu dis que, pour toi, c'est pareil, mais tu refuses de te battre pour nous. Et tu oses encore dire que c'est "chez nous"? Tu t'es cassée chez ton ex! Tu comptes aussi amener ton nouveau mec?

- Amène toi une nouvelle Barbie, si tu es si jaloux.

- Je le ferais volontiers si, au lieu de rester allongée toute la journée avec ce connard, tu t'occupais de ta fille!

- Kelly, s'il te plaît! Hurle-t-elle, en larmes. Je t'aime mais je ne veux pas t'aimer comme ça! Je ne veux plus de tout ça.

Elle claque la porte, baisse les stores et s'effondre sur mon lit. Je la rejoins et lui caresse la joue. Elle se redresse pour enfouir sa tête dans mon épaule. Avec un rapide baiser dans son cou, je la fait tomber en arrière et elle éclate de rire.

- Tu m'obsède, tu sais? Tout la journée, je ne pense à rien d'autre qu'à te voir, à t'embrasser, à t'avoir près de moi. Murmure-t-elle, allongée sur mon lit, les bras pendus à mon cou.

Je plonge vers elle pour l'embrasser.

- J'ai envie de faire ça depuis que tu es partie.

- C'est d'accord pour demain? Je veux juste que tu te comportes bien, c'est vraiment très important pour Carla.

- Si ça veut dire te revoir chez moi, je n'ai aucune raison de ne pas sourire.

Je remonte son teeshirt et baisse son pantalon pendant qu'elle glisse ses mains douces sous mon polo. Je défais ma ceinture quand l'intercom sonne à nouveau.

- Je déteste ce truc.

- En fait, ça nous a empêché de faire une grosse connerie.

Nous nous relevons en vitesse et elle s'en va.

- Allez, lieutenant! Sourit Cruz. Attendez, je rêve? Alors, avec Camille...

En voyant ses gestes, je me regarde dans le rétroviseur. Puis, derrière, je vois le reflet de L. et sa mère, faisons au revoir de la main.

- Je te déteste! Lancé je par la fenêtre.

Comme toute réponse, j'entends leurs rires. Une fois que nous revenons, nous nous installons enfin à table. Camille prend soin de s'asseoir aussi loin que possible de moi, ma fille sur ses genoux.

- Comment est-ce qu'on nomme la dinde cette année, chef? Demande Hermann.

- Leslie? Propose Matt après plus autres propositions.

- Attends, tu veux nommer une dinde que tu vas manger juste après comme ma fille? S'exclame Camille.

- Pourquoi pas Camille alors? Se moque Hermann.

- Plutôt Papi, oui!

- Moi, je trouve que Leslie convient bien. Interviens Stella. Après tout, elle nous a tous occupés durant tout l'année.

- Je ne comprends vraiment rien à vos traditions. Commente Camille.

- Tout le monde l'a déjà compris, chérie. Laissé je échapper.

Tous les regards se tournent vers moi. Et Leslie applaudit en criant.

- Pomp'er! Dada aim' mama!

- Merci pour ces paroles très sages Leslie. Sourit le chef.

•••

Demain, c'est la rentrée... Stay safe, stay home, love yooouu!

L'amour du feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant