L'âme d'un démon

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Il est parti, il a prit son avion et il m'a laissé seule dans cette putain de baraque à la con. Il est actuellement 2h du matin, j'ai tellement pleuré que mes yeux me brûlent et sont à sec. Je me suis enfilé une bouteille de vin blanc et je viens d'en ouvrir une nouvelle. J'ai essayé de dormir, mais pas moyen, je me sens beaucoup trop mal. Je ne sais même plus quoi penser, je sais plus où j'en suis ou ce que je dois faire vis à vis d'Ace. Je l'aime tellement, je suis prête à tout pour lui, mais j'ai pas envie de le pleurer. J'ai déjà perdu mon frère à cause de toutes ces putain de conneries, je veux pas perdre mon mari.
Je décide de sortir sur la terrasse pour essayer de me vider l'esprit. L'air marin parvient jusqu'à moi et joue avec mes cheveux un instant. Il fait super doux et pourtant je meurs de chaud, j'ai beaucoup trop chaud, sûrement à cause de l'énervement, de la peur et du stress. Je vais me mettre au bord de la piscine et la fixe un instant avant de me laisser tomber dans celle-ci. Je reste immergé un moment avant de revenir à la surface pour prendre une grande inspiration. L'air frais extérieur vient caresser mon visage d'une manière délicatement comme l'aurait fait une caresse d'Ace. Il ne manque que lui. Je ferme les yeux en réalisant qu'il est à des milliers de kilomètres de moi à l'instant présent. On ne sait jamais retrouvé aussi loin l'un de l'autre, ça me perturbe, je sais même pas comment il va, ni s'il est bien arrivé. Je me demande à quoi il pense la toute suite, s'il pense à moi ou à son avenir dans sa foutus ville. J'ai tellement peur, on vient à peine de se marier et j'ai déjà peur qu'il me quitte. J'ai pas envie de vivre comme ça. De toute façon, pendant son vol il a peut-être décidé de divorcer, qui sait. Ça me brise le cœur rien que dit penser, je me voix pas sans lui.
Je commence à nager à peu pour arrêter d'y penser. C'est juste une dispute, rien de plus. Comment on pu tomber aussi bas ? On était sensé vivre une semaine inoubliable à deux pour fêter nos fiançailles et au final c'est devenu un véritable cauchemar dont on voudra même pas se souvenir. Je ne reviendrai jamais ici, ce pays me dégoûte maintenant. Y'a plus rien de positif, plus rien de romantique. J'ai limite envie de rentrer toute suite, mais ces quelques jours seuls ne peuvent me faire que du bien. Je ne veux pas revoir ces maudits building, il me donne le cafard. Je veux vivre dans une ville plus libre, plus verte. Je veux une ville loin des emmerdes, de la pollution et de tout ces fils de putes qui nous entoure. Je veux une ville loin de tout, je veux recommencer une nouvelle vie, tout reprendre à zéro et vivre tranquillement sans risquer ma vie et avoir peur de mourir. Le problème c'est que si je veux cette vie je dois l'envisager sans mon homme puisqu'il ne me suivra jamais. Il a dit lui-même, il n'abandonnera pas sa ville pour "mes beaux yeux". Quel enfoiré, moi j'aurais tout abandonné pour ces beaux yeux, visiblement on a pas la même vision des choses. Bon après moi j'ai rien a abandonner, donc c'est différent, je vois pas ce qu'il voit lui.
Quand le froid commence à me prendre je ressors de l'eau et m'étale de tout mon long à côté. Je fixe les étoiles et me remémore ma soirée d'hier au près d'Ace. Pourquoi nos soirées ne peuvent-elles pas toutes ressembler à celle-là ? Sans la dispute bien sûr. On est vraiment destiné à une vie pleine de doute. Quelle merde. Je veux qu'il soit près de moi et qu'il me prenne dans ces bras. Vous pensez qu'il fait quoi là ? Est-ce qu'il pense à moi ? Ou est-ce qu'il est trop concentré sur Ciro pour se souvenir qu'il a une femme ? Franchement j'ai un doute, il a pas hésité une seconde à me laisser ici toute seule, il n'a même pas chercher à discuter. Comme quoi il en avait strictement rien à foutre de moi à ce moment là.
Je me lève lassement pour retourner à l'intérieur et m'affaler dans le canapé. Je continue de regarder la vue en désespérant toujours plus. C'est nul d'être seule ici. J'ai l'impression qu'il fait froid, que la maison est deux fois plus grande qu'elle ne l'est en réalité et que Ace se trouve à des années lumières de moi. Je me sens plus mal que jamais. Je remonte mes jambes contre moi en sanglotant à nouveau, je veux rentrer, mais je peux pas, je dois être forte et montrer à Ace que je peux très bien vivre sans lui même si c'est compliqué. Il me manque ce salaud. Vous pensez que je devrais l'appeler ? J'en ai envie mais est-ce qu'il décrocherait ? Là encore j'ai un doute.

Je regarde le soleil se lever doucement éclairant petit à petit chaque pièce de la maison. J'ai pas réussi à dormir une seule pauvre minutes. Je n'ai fais que penser à Ace et à ce qu'il pouvait faire. Je me suis dis que si Ciro n'avait pas survécu je n'aurais même pas été la pour le soutenir. J'ai même lâché une petite prière pour lui, ça me ferais chier qu'il ne s'en sorte pas. J'espère que tout le monde va bien.
Je me lève pour monter prendre ma douche puis je redescends pour manger un bout histoire de reprendre un peu de force pour affronter le reste de la journée qui risque d'être longue exactement comme la nuit qui vient de s'écouler. Je sens que la fin de semaine n'est pas près de se présenter et pourtant elle va forcément arriver. Je me demande comment va se passer mon retour, j'ai hâte mais en même temps pas tellement, ça me stress, aller savoir pourquoi. Qu'elle idiote je peux être.
Je fouille dans mon sac et attrape un paquet de cigarettes qui y traîne depuis bien trop longtemps. Je vais ensuite dehors pour m'avachire sur l'une des chaises longues et m'en allume une. Je laisse la fumer se balader dans ma bouche avant de la laisser s'échapper doucement. Elle se mêle volontier à l'air frais du matin et dance en disparaissant  petit à petit. Ça faisait vraiment longtemps que je n'y avais pas toucher. Le goût de la nicotine ne m'avait pas tant manqué, ça me remémore mes débuts dans cette vie, cette vie bien trop compliqué à mon avis. Des regrets ? Non j'irais pas jusque là, mais plus de réflexion ne m'aurais peut-être pas fais de mal. Qui sait quelle vie j'aurais pus mener.