Chapitre 1: La grotte.

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Dans la nuit orageuse, le temps lui était compté. Il le savait, à la lueur de sa bougie, tandis qu'il fixait le mur de pierre orné de dessins mystiques, il n'avait plus longtemps avant qu'on le retrouve et qu'on le fasse pendre. Il ne se pensait coupable de rien, même si ce n'était pas le cas aux yeux de l'état. Il avait agis comme il lui avait semblé bon de le faire, il avait écouté sa morale, inculquée par sa mère depuis son plus jeune âge. Il ne s'était pas laissé laver le cerveau par ses idéaux étranges, il ne croyait pas en cet espèce d'homme surpuissant et maître du destin des autres. Il avait décidé de vivre comme bon lui semble, de choisir son futur, de faire à sa guise.

Jusqu'à très peu, il avait réussi à agir dans l'ombre, sans se faire repérer par les autres, tout comme ses parents avant lui, il avait mené sa révolution de son côté, sans se soucier des conséquences. Mais maintenant, après avoir fait une ultime erreur, il faisait parti des hommes les plus recherchés de la vallée. Son portrait était attaché au bois de chacune des auberges de la région, et son prénom résonnait, il avait trahi.

Ses mains tremblaient l'une contre l'autre, jamais il n'aurait pensé se retrouver si tôt dans ce genre de situation. Bien sûr, il connaissait le risque, il avait vu l'un de ses oncles se faire pendre pour trahison. On l'avait obligé à regarder, en lui répétant que les rebelles étaient punis, qu'il fallait suivre la voie commune sans poser de question, il avait 8 ans. Cette image l'avait marqué à jamais, il en avait rêvé durant toute sa puberté, il n'avait donc jamais douté de ce qu'il se passerait si on venait à l'attraper. Pourtant, il avait continué à se battre contre ce système qu'il jugeait injuste et extrême. Personne n'avait le droit de vie ou de mort sur un autre être humain. Pas même cet espèce de surhomme vénéré, ni même ses soldats imbattables selon les dires.
D'ailleurs, il se souvenait très précisément les durs entraînements qu'il avait passé pour entrer dans la fameuse armée, comme tous les autres garçons valides de plus de 15 ans.

Quand il fermait les yeux, il pouvait se remémorer à la perfection la façon avec laquelle on l'avait brusquement tiré de son lit au beau milieu de la nuit, des cris de sa mère et de la baffe qu'elle s'était prise par l'un des capitaines. Il n'avait rien pu prendre avec lui, pas même un baluchon, c'était ainsi. Il se souvient du dernier baiser de sa mère sur son front et de la petite tape de son père sur l'épaule ; « Tu peux le faire, Fiston ». Beaucoup n'y arrivait pas, ils mourraient avant leurs 18 ans. Selon l'état, ils n'étaient que des incapables, qui n'auraient pas servi au surhomme. Malgré cela, il avait continuer de haïr ce système du plus profond de son cœur, surtout lorsqu'il sentait la faim lui assener le ventre affalé entre des dizaines d'adolescents dans une tente au beau milieu de la forêt, tandis que les capitaines mangeaient pour douze, assis à la table du surhomme, dans son palais en haut de la vallée. Il n'avait pas encore 18 ans quand il reçu la médaille qui lui permettait de rester dans l'armée ou de retourner libre dans son village, même si ce deuxième choix était très mal perçu. Sous les conseils de son père, il décida de rester avec ceux qu'il considérait comme aliénés, se condamnant à ne plus jamais revoir les yeux verts de sa mère. Le garçon à ses côtés n'eut pas cette chance, à la place de la médaille accrochée à la poitrine, il reçut 2 balles, comme de nombreux autres. Il n'était pas assez doués selon les plus hauts placés.

Peut-être, qu'en vérité, ils étaient trop intelligents pour ce régime. Les intellectuelles font toujours peur aux régimes aussi extrémistes, voilà pourquoi il s'était fait passé pour plus bête, avant de craquer. Il avait caché ses capacités, ne montrant jamais à personne qu'il prenait plaisir à apprendre et surtout qu'il savait lire. Si on l'avait aperçu avec ne serait-ce un prospectus dans les mains, il aurait été exécuté avant même de finir sa ligne. Seul le surhomme et ses soldats pouvaient prétendre lire. D'ailleurs, cela n'avait plus étonné personne quand les livres avaient été brûlés par millier sur la grande place. Fort heureusement, de nombreuses cachettes possédaient encore de grands classiques. Il les avait lu si rapidement, qu'il n'eût rapidement plus rien à découvrir, et pour seul choix de les relire à l'infini. Il en connaissait certain par cœur, qu'il pouvait les réécrire aux mots prêts.

Aleksi Osmund; Le protégé des Dieux. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant