L'angoisse monta rapidement dans le cœur d'Eijirou. Pas un seul siège n'était vide, et chaque spectateur applaudissait furieusement, criant leur enthousiasme. Le jury était composé de danseurs mondialement connus, dont Fatgum, un chorégraphe qu'Eijirou admirait énormément, un des hommes lui ayant donné l'envie de faire de la danse son métier. Tentant de se calmer, il évita de jeter un œil vers le public et se contenta de se placer à l'endroit marqué par le tape électrique – tape qu'avaient gentiment placé les régisseurs lors de la répétition technique qui avait eu lieu la veille.
Les projecteurs s'abaissèrent doucement tandis que Bakugou vint s'installer en face d'Eijirou, les yeux fermés. Lorsqu'il les ouvrit enfin, le danseur put voir qu'il ne s'agissait plus de son coéquipier, mais du dieu de l'été dont il avait dû se séparer encore et encore ces derniers jours.
Aux première notes de la mélodie, les lumières s'élevèrent de nouveau et les deux garçons se mirent en mouvement d'une telle synchronicité que cela fit taire les derniers applaudissements.
Ensemble, ils progressèrent sur la piste, se souriant doucement, ne se quittant pas une fois des yeux. La chorégraphie n'était pas très différente de leur première répétition, si ce n'était pour les pas plus précis et plus esthétiques. L'amour que se portaient les deux personnages était flagrant, évident, et leur danse sonnait comme une promesse, un amour éternel qui jamais ne tarirait.
Leurs mouvements ne faisaient qu'un, si bien que les nombreuses erreurs de Bakugou semblaient complètement invisibles.
Ensemble, ils évoluaient, tournoyaient, s'aimaient à l'aide de pas doux et passionnels à la fois. Nulle besoin de mots, de gestes déplacés ou de portés des plus extravagants pour représenter l'histoire qu'ils s'étaient conté. La musique, emplie d'une douceur infinie, semblait comme les protéger de cette mélancolie qui s'éprenait peu à peu d'eux, mais les mouvements prirent le dessus et rattrapèrent vite les paroles pleines de nostalgie.
Lentement, leurs pas commencèrent à se dissocier, tandis qu'approchait le solo instrumental de la musique. Ils continuaient d'avancer ensemble, et le foulard que portait Eijirou à sa ceinture virevoltait autour d'eux, semblant toujours les réunir.
Le chanteur prononça sa dernière phrase, et, alors que le solo se lança, Eijirou lâcha la main du dieu de l'été, pour la première fois depuis le début de la chorégraphie. Les projecteurs éclairant la salle changèrent doucement, marquant une nette séparation entre les deux hommes, et tandis que Bakugou faisait de son mieux pour le rejoindre, il était comme bloqué par cette frontière invisible. Dans un élan de désespoir, il attrapa le foulard du danseur, seul vêtement aux couleurs de l'été qu'il portait. Mais Eijirou était déjà bien loin, et il ne se retourna pas, déjà lancé dans l'automne, dansant parmi cette solitude nouvelle.
Alors, n'ayant rien de plus que son cœur brisé, Bakugou s'effondra au sol dans un mouvement qui se voulait dansé – mais sur lequel ne transparaissait que le malheur de se retrouver séparé du personnage représentant son amant – serrant contre lui le foulard du danseur.
A cet instant, des feuilles d'automnes tombèrent doucement sur la piste de danse, et une couverture couleur cuivre vint recouvrir l'acteur, tandis que, comme pour faire disparaître le souvenir de l'été, les projecteurs inondèrent les lieux d'une teinte automnale. Désormais seul sur les lieux, Eijirou retourna doucement vers l'endroit où le dieu de l'été et lui s'étaient précédemment aimés, et s'agenouilla à son tour pour toucher les feuilles d'automnes qui cachaient la couverture du bout des doigts. La nostalgie et la tristesse pouvaient se lire sur son visage, et, alors que la musique allongeait sa dernière note, il saisit une feuille d'automne, la portant à ses lèvres.
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Danse avec les Stars [Kiribaku]
RomanceEijirou s'attendait à beaucoup de choses, en se réveillant ce matin-là. Il s'attendait à tout, sauf au fait que son groupe de danse soit sélectionné pour participer à l'émission réputée pour servir de tremplin à tout danseur qui y faisait une appari...