Jonah
J'ai à peine le temps de souffler que la suivante est déjà là, vêtue de cuissardes noires en faux cuir, d'une jupe qui pourrait lui servir de brassière, ses cheveux de jais sont décolorés par d'épaisses mèches rouges. Non seulement elle a cette couleur infâme dans sa chevelure, mais en plus je sors d'une bonne baise, donc je vais faire en sorte de la renvoyer d'où elle vient.
Elle avance d'un pas sûre, pose sa main sur mon torse, un frisson de dégoût parcourt mon corps. J'attrape son poignet, elle tente de se dégager alors je resserre ma prise.
— Tiens-toi tranquille ! dis-je en la fusillant du regard.
— Lâche-moi connard !
Son insulte glisse sur moi sans m'atteindre, j'ai entendu bien pire. Sa voix est pâteuse, ses yeux explosés, elle plane complètement. Je tourne son bras, et c'est sans surprise que je découvre des marques de piqûres. Je suis étonné qu'Angéla n'ait rien vu, s'il y a bien une chose qu'elle ne tolère pas dans son bordel, ce sont les droguées.
Je la repousse sans ménagement, son dos cogne contre le mur. Elle ne réagit même pas à la douleur.
— Sors ! dis-je sur un ton autoritaire.
Je lui indique la porte du doigt, je ne veux pas la toucher. Elle me fusille du regard, elle vient ici juste pour obtenir assez de fric pour avoir sa dose quotidienne et je refuse de participer à ça de quelque façon que ce soit.
— Pourquoi ?
— Tu es une camée.
— Va te faire foutre, bafouille-t-elle.
— Dégage avant que ça ne se termine mal.
— Oh ! Mais c'est qu'il montre les dents.
Elle se décolle du mur et s'approche d'un pas incertain. La drogue doit commencer à faire effet, elle a dû se shooter juste avant de monter. Au lieu de s'arrêter devant moi, elle prend la direction de la table installée contre la cloison, je sens ma patience atteindre ses limites. Je suis sur le point de l'attraper, malgré la répugnance que je peux ressentir à son égard, quand elle s'assoit sur la chaise. Elle jette un œil mauvais vers moi, puis sans que je m'y attende, elle cogne son visage contre le bois. Elle s'apprête à recommencer, je la stoppe avant en lui tirant les cheveux en arrière. Son nez pisse le sang, elle est sonnée pourtant, un sourire machiavélique orne ses lèvres.
— Tu m'as frappé !! hurle-t-elle.
La salope !
— À l'aide !
— Fermes -là ! grogné-je.
— Angéla ! Il m'a tabassé.
Je ne peux m'empêcher de rire, cette fille est complètement malade. Non seulement personne ne peut l'entendre, mais si en plus elle croit que la reine mère va lui venir en aide, elle se met le doigt dans l'œil. Je la lâche avant qu'elle ne foute du sang sur moi. On ne sait pas ce qu'il contient et je n'ai aucune envie d'être contaminé par une saloperie.
Je la laisse agoniser, tandis que je fouille dans la poche de ma veste pour en sortir mon téléphone.
— J'espère que c'est important ! répond la voix autoritaire d'Angéla.
— Viens récupérer ta pute, c'est une camée. Elle est défoncée et s'est fracassée le nez sur la table.
Elle raccroche sans prendre la peine d'en rajouter. Et je n'ai pas longtemps à attendre avant de la voir débarquer avec un de ses mecs qui la fout dehors sans ménagement. La fille n'essaie même pas de se débattre. Angéla me dévisage alors que je passe mon t-shirt et enfile ma veste, la soirée est terminée pour moi et j'en suis plus que ravi.
— Je te fais un rapport sur la première vite fait et je rentre.
— C'est inutile, je l'ai embauchée, minaude-t-elle.
J'arrête mon geste et la toise, je lui ferais bien ravaler son sourire de diablesse. Elle ne décide jamais sans que je lui dise ce que vaut la fille, alors je n'explique pas son choix.
— Elle ne fera pas l'affaire.
— Oh que si! Cette petite brune est tout ce que les clients désirent.
Ma mâchoire se crispe sans que je comprenne pourquoi. Habituellement, j'en ai rien à foutre et ça devrait-être aussi le cas maintenant, sauf que ça ne l'est pas.
— Elle est maladroite et ne sait pas comment s'y prendre, argumenté-je.
— Deux semaines ici et elle sera prête pour les sorties mondaines.
— Si tu le dis, réponds-je las.
Je range mon portable dans mon blouson et passe près d'Angéla sans un regard pour elle. J'avance dans le couloir quand elle m'interpelle.
— Jonah.
— Quoi ? dis-je en soupirant.
— C'est quoi ça ?
Je me tourne vers elle et je fixe la poubelle qu'elle tient entre les mains.
Le préservatif...
Je relève lentement les yeux vers les siens qui se sont assombris.
— Maladroite et ne sait pas comment s'y prendre, hein ? ironise-t-elle.
— Elle m'a branlé, rien de plus.
— Oh vraiment ? Et en remerciement, tu l'as mordu ?
— T'as tout compris.
— Je t'interdis de l'approcher ! hurle-t-elle.
— Je n'approche pas tes putes ni aucune autre femme d'ailleurs ! Et tu sais pourquoi ? réponds-je sur le même ton.
J'avance d'un air menaçant, tandis qu'elle recule et se retrouve bloquée contre le mur. Je jubile quand je la vois effrayer ainsi, elle sait que je peux perdre le contrôle à tout moment.
— Parce que je suis tellement dégoûté du sexe, de toutes ces chattes dans lesquelles j'ai pu m'enfoncer, que je n'y prends plus aucun plaisir. Alors, tes mises en garde, tu peux te les fourrer où je pense !
Mon poing vient frapper la cloison près de sa tête, ses yeux s'écarquillent de stupéfaction. Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas emporté ainsi et je sais déjà que je vais le regretter. Je grimace, non pas de douleur, mais en pensant à ce qu'il va m'attendre demain.
Je recule et j'hésite à lui cracher au visage, mais je me retiens, je ne veux pas aggraver mon cas. Je fais volte-face et quitte cet endroit répugnant.
Une fois dehors, l'air frais me saisit et ça me fait du bien. Je prends une grande inspiration et m'éloigne du bâtiment pour rejoindre ma voiture. La pression redescend au fur et à mesure que je marche et je me convaincs que si je fais tout ça, c'est pour lui, uniquement pour lui.
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Résister
RomanceLe jour, il est un homme d'affaire aguerri. Aucun écart, aucun imprévu n'est possible dans son planning établi à la minute près. Cette rigidité le maintient sur le droit chemin. En revanche, la nuit, il est une tout autre personne. Dès lors qu'il fr...