Jonah
Mes bras entourent son corps frêle, mes paumes reposent sur son dos, je ne bouge plus et reste le plus statique possible. Ses épaules se contractent à chaque fois que ses sanglots empirent, je suis démuni devant sa souffrance. Je n'avais pas prévu de prendre Evie dans mes bras, mes mains ont agi avant mon cerveau, comme si c'était normal, un instinct de la réconforter.
J'essaie au mieux de faire abstraction de ses mains posées sur mon torse et de sa tête enfouie au creux de mon cou. Mon cœur ne demande qu'à sortir de ma poitrine tellement ses battements sont rapides et violents. Je voudrais l'éloigner de moi, mais je n'y arrive pas, alors je serre les dents et j'attends qu'elle se calme.
Evie se détache lentement, son regard s'ancre au mien et un frisson parcourt chaque pore de ma peau. Je baisse les yeux sur sa bouche et me surprends à vouloir y goûter. Une de mes mains quitte son dos pour rejoindre sa joue humide. J'essuie les larmes puis glisse mon pouce sur ses lèvres entrouvertes. Je déglutis difficilement, alors qu'elle ne bouge pas et j'ai ce sentiment qu'elle attend quelque chose de moi que je ne suis pas en mesure de lui donner, même si à cet instant j'en meurs d'envie.
Je la repousse doucement évitant de commettre une erreur que je risquerais de regretter par la suite. Et puis, je dois mettre les choses aux clairs avec elle sur cette lettre venant du cabinet de son père que j'ai reçu et aussi sur ce qu'il s'est passé hier. Je dois savoir ce qu'elle me reproche, mais surtout ce qu'elle cache vraiment en étant venue chez moi.
Evie me regarde m'éloigner et m'installer sur le transat sans vraiment comprendre ce qu'il vient de se passer. Elle reste là à m'observer, d'un geste de la tête je l'invite à me rejoindre, ce qu'elle fait avec hésitation. Une fois assise en face de moi, je prends soin de faire attention à ce que ses genoux ne touchent pas les miens. Je suis déjà bien assez perturbé et pas certain de savoir gérer ce qu'il m'arrive. En effet, en dépit du fait, que je ne supporte pas le contact physique et que je n'ai pas cédé à ce qu'Evie attendait de moi, mon deuxième cerveau, le moins rationnel, s'est tout de même réveillé devant ses yeux suppliants. Je mets tout ça dans un coin de ma tête, pour l'heure, j'ai besoin de savoir ce qui est arrivé à la femme devant moi.
— J'attends, repris-je durement.
Evie se raidit au son de ma voix un peu trop autoritaire, mais c'est un moyen pour moi de lui faire face sans perdre les pédales. Je fronce les sourcils devant son silence et ma patience atteint ses limites, mes humeurs changeantes m'épuisent et passer du connard au mec sensible n'est pas dans mes habitudes. Elle prend une grande inspiration, passe une paume sur ses yeux qui menacent à nouveau de faire glisser les larmes, puis se lance enfin.
— Il est venu chez moi, hier soir. Je ne sais pas comment il a fait le rapprochement entre toi et moi, mais il connaît mon passé et...
Elle s'arrête à nouveau, je ne sais pas de qui elle parle et pourtant, mes poings se serrent sur mes genoux. Je dois garder le contrôle jusqu'à ce qu'elle ait terminé son récit.
— Il a essayé de profiter de moi. Il m'a traité de pute, il a voulu...
Si je tenais ce connard entre mes mains, il serait dans un lit d'hôpital maintenu en vie grâce à de foutues machines, et si amoché que même sa propre mère ne le reconnaitrait pas.
Je prends sur moi pour ne pas exploser, la rage qui coule dans mes veines est puissante, encore plus que le jour où je l'ai trouvée attachée à cette poutre, le corps lacéré.
— Qui ? demandé-je sèchement.
— Alec, dit-elle d'une voix presque inaudible.
— Est-ce que c'est le mec qui t'accompagnait au restaurant ?
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Résister
RomanceLe jour, il est un homme d'affaire aguerri. Aucun écart, aucun imprévu n'est possible dans son planning établi à la minute près. Cette rigidité le maintient sur le droit chemin. En revanche, la nuit, il est une tout autre personne. Dès lors qu'il fr...