25 septembre 1914

24 7 0
                                    

Bonjour Maman.
Je ne sais pas quoi te dire. Chaque journée est plus longue que la précédente. Mes jambes ne tiennent plus. Cet après-midi, je me suis écroulé dans la boue. Il pleuvait, alors j'en avais partout sur le visage. Mais pas assez pour ne pas voir le boch qui braquait le canon de son arme devant mes yeux.
Tom l'a tué. Parce qu'il ne m'a pas lâché des yeux. Quand le coup est parti, j'ai cru que j'étais mort. Les gens disent qu'on voit sa vie défiler, ou qu'on se rappelle des bons moments, quand ça nous arrive. Moi, je n'ai rien vu. Rien du tout.
Je me suis trompé. Je suis tellement désolé, Maman... Je ne veux plus être ici. Je ne suis pas ce que j'imaginais. Tu sais, c'est pour Lise que je me suis engagé, au début. C'est bête, hein ? Je pensais qu'en devenant quelqu'un, elle serait fière de moi. Elle doit avoir un autre amoureux, maintenant. Un garçon qui va en classe avec elle, qui apprend des leçons en ne maniant qu'un stylo, et qui n'a que de l'encre sur les mains.
Je veux rentrer à la maison. Je veux que ça s'arrête.

Tu me manques, Maman.

Eugène.

Ma première cigaretteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant