15 février 1915

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Bonjour, Maman.
Joyeux anniversaire. Tu as du te faire du soucis. Ne t'en fais pas, je vais bien. Si je ne t'ai pas écrit avant, c'est parce que je ne peux plus écrire. J'ai perdu mon bras droit, alors que je voulais ramasser l'étendard que j'avais laissé tomber. Le chef m'a dit que tout ce que je pouvais faire, c'était tuer du boch avec un revolver. Demain matin, il m'apprendra à tirer de la main gauche.
Je pense à Lise. Je me dis que, peut-être qu'elle voudra se marier avec moi, plus tard. Quand je serais revenu. Je pense à toi, aussi. Tous les soirs. Et chaque matin, je contemple le ciel gris en espérant pouvoir penser à toi encore une fois. Maman, tu penses que Lisa voudra bien de moi même si j'ai perdu mon bras ?

Je t'embrasse,

Eugène.

Ma première cigaretteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant