Ornella - Nefasta T1

Chapitre 3

Dans les rues de la Nouvelle Orléans, vampires, loups-garous et sorcières commençaient à faire leur apparition. D'ici quelques jours, ce serait Halloween. Dans cette ville, plus que nulle autre, les festivités étaient donc de mise.

Ornella avait toujours aimé cette ambiance mystique entourant la ville. Les croyances y étaient légion et il n'était pas rare de voir des diseuses de bonne aventure installer leur stand dans la rue pour y poser leur boule de cristal ou leur jeu de tarot. Sue avait déjà tenté de l'entraîner une fois à l'un d'eux pour se faire lire les lignes de la main, mais elle avait refusé. Elle ne voyait pas l'intérêt de faire perdre de l'argent à son amie.

Il y avait également tout un tas de commerces prétendant vendre le b.a.-ba de la sorcellerie. Magie noire, magie blanche, vaudou, il y en avait pour tous les goûts. Et nombreux étaient ceux qui se laissaient tenter par des grimoires soi-disant très anciens ou des ingrédients franchement dégoûtants à défaut d'avoir des vertus magiques.

Personnellement, Ornella ne croyait pas à toutes ces choses. Cependant, elle ne voyait pas où était le mal, tant que cela restait bon enfant. Et puis, il fallait bien reconnaître que cet environnement unique donnait un charme à la ville.

Après avoir croisé la route d'une bande de vampires franchement pathétiques et avinés, elle franchit la porte de Chez Michel. Elle repéra immédiatement Sue et alla la rejoindre, après avoir salué le patron du bar.

Elle prit place en face de sa collègue et remarqua immédiatement son air enragé. Depuis qu'elle la connaissait, Ornella ne l'avait jamais vue autant en colère. Leur patron avait vraiment dû faire fort ! Pourtant, son palmarès était déjà assez impressionnant.

La semaine dernière, elles s'étaient d'ailleurs retrouvées à cette même table, après une énième vacherie de la part de Joe. Sue avait alors déclaré :

— Je te jure, crevette, le jour où je trouve un autre job, je vais pas le rater ce type ! Je vais lui balancer ses quatre vérités. Il ne va pas être déçu du voyage, c'est moi qui te le dis !

Ornella lui avait répondu :

— Quant à moi, tu peux être sûre que le jour où je peux quitter cette boîte pourrie, je me déguise pour masquer mon visage, je m'arrange pour le croiser au détour d'une ruelle et je lui montre ce dont une fille est capable.

Sa remarque avait bien fait rire Sue qui avait déjà assisté à quelques-uns de ses combats et savait donc de quoi elle était capable.

En posant sa veste sur le dossier de sa chaise, Ornella demanda :

— Alors, qu'a fait notre cher Joe pour te mettre en pétard ?

— Je te jure crevette, je bous littéralement. Cet enfoiré a vraiment eu de la chance d'être en réunion à l'extérieur cet après-midi, parce que je peux t'assurer qu'on m'aurait entendue dans les couloirs !

— Raconte.

— Est-ce que tu vois qui est Elen ?

— Je n'en suis pas certaine. Je ne sais pas si je l'ai déjà vue.

En tant qu'assistantes de direction, il était rare que Sue et elle aient l'occasion de parler avec les autres filles de la boîte. Elle ne connaissait donc pas très bien ses collègues.

— Eh bien, tu ne risques pas de la revoir de sitôt !

— Pourquoi ?

— Elle travaille, enfin, elle travaillait, au 2e étage. Aujourd'hui, je suis allée la voir car j'avais besoin d'un justificatif. Quand je suis arrivée dans son bureau, je l'ai trouvée en pleurs.