Sacha n'aimait pas particulièrement les gens. À bien y réfléchir, Sacha n'aimait pas particulierement grand chose. La seule présence qu'elle tolérait à ses côté était celle de son chat, aussi noir qu'elle prétendait que son âme soit.
Dans sa vie, Sacha était consciente de la chance qu'elle n'avait pas. Elle aurait pu naître n'importe où dans l'Univers, ailleurs que sur cette planète minable, au milieu d'une civilisation tolérante et ouverte, où la vie ne serait pas un perpétuel combat pour ne serait ce qu'exister dans son concept même. Mais non, il avait fallu qu'elle naisse sur Terre.
Petite, Sacha aurait plus que tout aimé être spéciale. Comme toute gamine dirait-on. Sauf qu'aujourd'hui encore, c'était son souhait le plus cher. Avoir une paricularité qui la ferait sortir de l'ordinaire, une petite anomalie, un petit talent, qui la ferait voyager dans une dimension incroyable sans même qu'elle ait besoin de rêver. Ce devait être de là que venait son affection toute particulière pour le surnaturel, le mysticisme, mais par dessus tout: l'astronomie.
"Aucun rapport" penseriez-vous, "En quoi l'espace aurait-il quelquechose à voir avec le fait d'êtrr spécial ?". Pourtant Sacha s'aimait à parcourir les énormes livres d'astronomie de sa bibliothèque et de celles des alentours, elle s'aimait à regarder pendant de longues minutes à travers son téléscope, imaginant la conversation des étoiles, si tant est qu'elle n'était pas déjà en train d'observer l'âme de ces dernières. L'Univers offrait tellement de possibilités, de vies inconnues, d'écosystèmes, de diversités, de.... Spécialités.
Sacha savait qu'il existait d'autres formes de vie dans l'Espace, certaines proches, certaines à des années lumières de la Voie Lactée. Elle n'en était pas persuadée comme une simple intuition, non, elle le savait tout simplement, car elle les avait découvertes. Pas assez pour savoir de quoi il s'agissait exactement, mais c'était déjà ça.
Sur Terre en revanche, il n'y avait aucun moyen d'être spécial. Pour les humains tout du moins. On vous répondra que si, que certaines personnes sont devenus des légendes, ont marqué l'Histoire, en stoppant une guerre que leur propre espèce avait déclenchée, ou encore en révolutionnant les technologies de glandage moderne. Mais ce n'était bien sûr pas ce qui interressait Sacha. Elle, la seule chose pour laquelle elle avait jamais été considérée comme spéciale, c'était la fortune de ses parents. Tout le monde l'admirait, l'approchait, s'interressait à elle, juste parce qu'elle venait à l'école avec un chauffeur privé, malgré ses protestations envers ses parents. Dès lors qu'elle fut en mesure de gérer sa propre vie, elle opta pour un mode beaucoup plus simple, beaucoup plus discret, et là, comme par magie, plus personne ne posait son regard sur elle. Décidément, l'humanité l'écoeurait. Et pourtant, elle en faisait partie. "Triste paradoxe" pensait-elle souvent.
C'est d'ailleurs pour cette raison que ça ne la dérangeait pas plus que ça que la populace l'ignore royalement, pour une fille souhaitant absolument avoir une particularité, elle n'aimait pas qu'on la regarde.
D'autant plus que Sacha se voilait bien la face. De particularité comme elle l'entendait, elle en possédait bien une: ses putains de cheveux qui changeaient de couleurs selon ses humeurs. La plupart du temps gris, en somme. Bien sûr, elle ne les avait pas comme ça depuis sa naissance, mais ne serait-ce qu'évoqué la raison de leur existence dans ses pensées la faisait souffrir. Toutefois, c'était une raison de plus pour ne pas sortir de chez elle.
Alors depuis quelques années, la jeune femme restait cloitrée chez elle, à observer l'Univers vivre, fluctuer, changer, donnant de ce fait l'impression à Sacha qu'elle n'observait jamais la même entité. Evidemment, rien de bien extraordinaire ne se passait devant ses yeux. Tout était bien trop vaste pour qu'elle ne puisse capter la moindre petite particule. Si d'un côté elle n'en était pas surprise, elle n'arrivait pourtant décidément pas à effacer cet once d'espoir qui lui fair croire qu'un jour, peut-être, quelquechose allait se produire. Et parfois pourtant, par le biais d'une petite météorite par ci, une légère communication extra-terrestre par là, l'espace répondait aux suppliques de la jeune femme.Comme aujourd'hui.
Alors qu'elle était, comme à son habitude, assise à son bureau, une sempiternelle tasse de café à la main et son chat copieusement enroulé autour de ses épaules, Sacha fut soudainement attirée par le bruit d'une petite alarme venant de ses appareils. Arrivée devant ces derniers, la jeune femme s'aperçut que quelques voyants placés ça et là des écrans et radios l'alertait qu'une anomalie avait eu lieu non loin de la Terre. Evidemment, Sacha n'y avait pas prêté plus attention que ça: si certes elle était toujours satisfaite de voir un évènement spatial se produire, elle savait pertinemment qu'elle était dans l'incapacité d'agir. Une fusée ou un vaisseau spatial, ça ne se trouve pas au supermarché du coin. Par consequent, elle se contentait juste de prendre des notes pour ensuite étudier le phénomène. C'est d'ailleurs ce qu'elle s'apprêtait à faire à ce moment-là, lorsqu'elle remarqua une particularité qui n'était jamais arrivée auparavant: ses appareils, qui retraçait la temporalité des évènements, affichait sur les écrans que celui-ci s'était terminé... Sur la Terre.
Le coeur de Sacha fit un bond, et ses cheveux se teintèrent d'un jaune pétant. Peu habituée à ces poussées de bonheur de la part de son organe sentimental, Sacha eut un moment de battement. Un papillonage de paupières plus tard, la jeune femme s'assura qu'elle n'avait pas rêvé. Mais non, le phénomène cosmique était de toute évidence sur Terre, mais en plus de cela, tout près de chez elle, paumé dans la campagne entre Angers et Nantes. Quelle était les probabilités que cela arrive ? "Peu importe" se dit Sacha avant de se ruer vers ses affaires. Elle but son café à la vitesse de la lumière - sans prêter importance à la brûlure que cela provoquait à sa gorge -, attrapa ses appareils de mesures au vol, et sortit de la maison en quatrième vitesse, sous les yeux éberlués de son chat.Sacha n'aimait pas particulièrement les gens. Pourtant dans peu de temps, elle allait bien devoir remettre cette conviction en question.
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Il est bon le pain (Titre provisoire)
UmorismoSi vous voulez tout savoir, la couverture aussi est provisoire (du moins j'espere) D'ailleurs, cette histoire n'a absolument rien à voir avec un quelconque pain. Ça raconte les aventures de 5 pequenauds, dont 4 viennent de l'espace, tombés sur Terre...