Chapitre 2

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- Suis-moi Michelle, c'est pars là !

Je montai les quelques dernières marches qui se dressaient devant moi et atteignis enfin une grande pièce vide et entièrement blanche. La lumière m'apparu immédiatement bien trop éblouissante. Je tentai de cacher mes yeux avec mon bras afin de mieux percevoir l'endroit où je me trouvais, mais il n'y avait rien à observer ici, si ce n'est un étendu de blanc infini.

- Où sommes-nous ?

- Au Paradis Michelle.

- Au Paradis ? Est-ce que je suis morte ? Je ne veux pas aller là bas s'il te plaît, j'aimerai retourner auprès de ma famille.

- Ta famille est morte Michelle, mais tu es sur le point de les retrouver. N'est-ce pas une merveilleuse nouvelle ?

Je tressaillis à l'entente de ces mots. Tout autour de moi semblait en effet appartenir à un autre monde. Je ressentais une sensation de légèreté pourtant mélangée à une envie profonde de partir d'ici. S'il pouvait paraître à première vue que ce lieu soit pur et bon, je me sentais étouffée et complètement perdue et bouleversée. Que s'était-il passé ? Pourquoi ne me souvenais-je de rien ? Devais-je être rassurée par ce qu'il m'attendait ou devais-je au contraire en avoir peur, me méfier d'un éventuel danger ? Je me suis alors mise à trembler, et mes yeux s'embuèrent de larmes. J'étais soudainement prise de panique. Mon corps se laissa tomber au sol et mes yeux se fermèrent, espérant ne plus jamais à revoir cette lumière aveuglante. La voix qui m'accompagnait s'éloigna de mes oreilles et un bruit sourd et particulièrement désagréable prit sa place. Ce son était si intense et strident qu'il me fit me recroqueviller sur moi-même.

- Arrêtez, laissez-moi tranquille. Je chuchotai d'un ton tremblant.

Cependant le bruit ne cessa pas et continuait de se rapprocher.

- Laissez-moi, je vous en pris.

C'est alors qu'il disparu, qu'il s'enfuit brusquement, qu'il obéit à mon ordre. Pensant enfin être en paix, je relevai la tête et je pu constater qu'une voiture retournée était apparue devant moi. Intriguée, je me relevai et m'approchai d'elle. Mais dès que  je faisais un pas, j'avais plutôt l'impression de reculer.

- Non, laissez-moi avancer ! Je veux comprendre, je veux me souvenir !

S'en suivit un puissant coup de tonnerre et la pluie se mit à s'abattre autour de moi. Je l'entendais raisonner jusqu'à mes tympans et s'infiltrer à l'intérieur de mon corps, s'écoulant dans chacune de mes veines, glissant sur chaque centimètre de mes muscles. Cela provoqua en moi une sorte de tsunami dans lequel je m'apprêtais à me noyer. L'eau de pluie pénétra dans ma gorge et se fraya un chemin jusqu'à mes poumons. Ceux-ci se remplirent petit à petit, raccourcissant le temps qui me séparait de la mort. La véritable mort. Pas la mort physique, mais bien la mort de l'âme. Je la sentais prendre possession de moi, elle était imminente. À bout de force et d'espoir, je laissai donc mon âme agoniser.

- Emportez-moi, ne me faites plus souffrir, je suis prête à vous rejoindre.

Mes paupières s'alourdir et les battements de mon cœur désormais trop lents, s'éteignirent finalement.

- Michelle. Michelle ! Réveille-toi s'il te plaît !

Je sentis une sensation de chaleur sur ma joue et j'ouvris les yeux.

- Qu'est-ce que c'était ? Pourquoi fait-il si chaud ? Je suis en enfer c'est ça ?

- Arrête te bêtises, tu es dans le monde des vivants ma belle, tu as fais une crise. Je t'avoue aussi que j'ai dû te mettre une claque, non pas par plaisir, mais par nécessité, afin de te réveiller.

Je regardai autour de moi. Je me trouvais dans une pièce vide certes, mais les murs étaient bleu ciel. Il y avait aussi deux fenêtres et des lattes de bois servaient de parquet.

- Où sommes-nous ?

- Dans ton nouvel appartement à Paris. Tu en es la propriétaire depuis trois jours, et aujourd'hui on doit parler de la décoration.

- J'ai mal aux oreilles.

- Tu saignes, tu as sans doute encore fait ce mauvais cauchemar. J'ai bien peur que tu ne doives voir quelqu'un Michelle. Je sais que tu es contre cette idée, mais si tu te mets à faire des crises en plein jour, c'est peut être plus grave que ce que l'on pensait.

- C'était différent cette fois, je les ai vu.

- Qui donc ?

- Mes parents et ma sœur.

- Raconte-moi.

- Ils étaient à moitié défigurés, à l'intérieur de cette voiture et recouverts de bouts de verre. Enfin, je pense que c'étaient eux. Ils se trouvaient à une dizaine de mètres de moi et je n'ai pas pu distinguer leur visage.

Je me tus un intant, puis repris en encrant mes yeux dans les siens:

- J'ai peur Candice. Est-ce que je me souviendrais un jour ?

Elle s'approcha de moi et me prit dans ses bras.

- Bien sûr que tu recouvriras la mémoire. Je crois en toi, et le simple fait que tes rêves évoluent sont la preuve parfaite de ce que j'avance. Ça prendra un certain temps je suppose, mais ça viendra. Il faut que tu restes patiente et même si c'est difficile, les filles et moi sommes là pour toi. On t'aidera à te souvenir, je te le promets.

Je mis fin à cette étreinte chaleureuse:

- Alors comment se fait-il que tu sois la seule à être présente aujourd'hui, ainsi que tous les autres jours ?

Elles ne répondit rien et me regarda tristement.

- Tu disais que nous étions des amis unis, alors où sont-ils ?

- Je te jure qu'ils t'aiment de tout leur cœur Michelle, il leur faut juste un peu de temps.

- Du temps pour quoi au juste ? Tu crois que j'en ai eu moi pour réapprendre à vivre ? Non, je n'ai pas eu ce droit et pourtant je suis là, je me suis battue car je pensais que ça en valait la peine, mais pour l'instant tout ce que je ressens est une profonde solitude.

Je pu percevoir un sentiment de déception apparaître sur le visage de Candice et je compris immédiatement que je l'avais blessé en prononçant ces mots.

- Candice, c'est pas ce que je voulais dire, je ne parlais pas de toi...

- Je sais. Je comprends Michelle, mais j'ai besoin de prendre un peu l'air, je repasse te voir plus tard.

Elle attrapa son manteau, affichant la même expression désemparée et s'en alla en m'offrant un faible sourire au passage.

J'ai vraiment été idiote. Si seulement c'était moi qui avait périt dans cet accident et non ma famille, ils méritaient certainement plus que moi de survivre. Ils auraient probablement su se reconstruire eux, tandis que moi, je me pousse volontairement dans le puit sans fond de la stupidité.

the sound of the rainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant