the sound of the rain

Chapitre 5

- Tu te sens prête ?

- Pas vraiment.

Candice se rapprocha de moi et posa ses mains sur mes épaules. Elle me fixa un instant et sourit:

- Détend-toi, tout va bien se passer. Ce n'est pas comme si tu le voyais pour la première fois.

- Justement, c'est exactement cela que je ressens. Je suis certaine que je ne suis pas prête. Je ne me souviens de rien à propos de lui, ce qui signifie que tous mes sentiments envers lui ont disparu.

- Tu finiras par recouvrer la mémoire Michelle, et je suis sûre que Maxime t'aidera beaucoup. Et puis tes sentiments ne se sont pas évaporés tous seuls, ils sont simplement éteints depuis un moment, ils finirons par se raviver. Maintenant regarde-toi.

Je me tournai vers le miroir et observai ma silhouette quelques secondes:

- Oui je suppose que c'est une belle tenue. Est-ce que je m'habillais ainsi avant ?

Elle acquiesça et l'interphone résonna dans l'appartement.

- J'y vais. Annonça t-elle.

J'attendis quelques secondes dans la chambre à admirer les vêtements que je portais. Du moins, j'essayais tant bien que mal de me rappeler le look que j'arborais avant l'accident. Comment est-ce que j'ai fais pour tout oublier ? Ma vie semblait pourtant agréable, pourquoi mon cerveau s'entêtait t-il à mettre tout mes souvenirs de côté ?

- Michelle ?

J'aperçu Maxime dans l'entrebâillement de la porte. Jusqu'à présent, je ne l'avais vu qu'à travers des photographies ou des récits, mais le voir en vrai avait quelque chose d'impressionnant.

- Salut, entre je t'en pris.

Il esquissa un sourire et s'avança vers moi timidement.

- Je suis désolé de ne pas être venu te voir ces derniers jours, je n'ai pas d'excuses, je suis un idiot. Ce n'est pas justifiable, j'en ai conscience, mais lorsque je t'ai vu dans ce lit d'hôpital, inconsciente, j'étais effondré. Ma réaction fut celle de partir, de choisir la facilité et c'était purement égoïste. Mais, les sentiments que j'éprouve pour toi sont inestimables et je me suis rendu compte que je ne pouvais pas tout laisser tomber, ça serait lâche et stupide, parce que ça voudrait dire que je perdrai la personne la plus précieuse à mes yeux.

Malgré ses actes précédents et son discours romanesque, je pouvais lire la sincérité au fond de ses yeux verts. Je compris alors comment j'avais pu tomber amoureuse de lui. Lorsque Candice et mes amis me parlaient du garçon qui avait animé ma vie et qui m'avait rendu plus heureuse, je pensais qu'ils exagéraient. En réalité, il y avait quelque chose dans son regard qui me faisait me sentir bien, et qui me redonnait espoir.

- Je vais retrouver la mémoire et t'aimer à nouveau.

J'avais prononcé ces mots instinctivement, mais en constatant son sourire quand il m'entendit les prononcer, je ne les regrettais pas.

En l'espace de quelques secondes, je le vis s'avancer et me prendre dans ses bras. J'avais comme une impression de déjà vu, en tout cas, j'éprouvais un sentiment de réconfort que j'avais certainement ressentis autrefois. Jusqu'à aujourd'hui, je n'avais jamais été plus proche de me souvenir, à part en rêves, et je ne voulais pas perdre cette sensation.

- Je crois que tu vas beaucoup m'aider.

- J'espère, dans tous les cas je resterai à tes côtés.

—

Quelques jours passèrent, notamment souvent aux côtés de Maxime qui s'était montré très présent et patient. Les premiers moments vécus avec lui m'avaient paru encourageants et j'avais sentie que j'étais sur la voie du rétablissement. La seconde semaine avait été plus longue. J'aimais le fait que nous passions du temps ensemble, et je sentais réellement un lien entre nous, mais nos activités se résumaient à se promener dans la ville, à discuter et à regarder des vidéos de nous deux en train de voyager ou de s'amuser. Et quelque part, au milieu de ces moments beaux et simples, j'ai fini par me sentir à nouveau seule et perdue. Même s'il donnait tous ses efforts pour m'aider, et qu'il me consacrait pratiquement tout son temps, je voyais bien qu'il y avait un gêne entre nous. Et plus les jours passèrent, plus le gêne s'accentuait. Nous commencions à manquer de conversations, de solutions et d'optimisme. Le problème venait bien plus de moi que de lui. Comment pouvais-je lui en vouloir ? C'est moi qui n'avait rien à dire. Mes premiers souvenirs remontaient à il y a un mois, ce qui ne me laissait pas la chance d'avoir de nombreux sujets sur lesquels débattre.

La situation n'évoluant pas, j'avais pris la décision de reprendre un rendez-vous avec ma psychologue. J'avais passé près d'une heure à lui raconter comment s'étaient déroulés mes derniers jours et mes impressions sur Maxime, sur la relation qu'on entretenait et sur ce qu'elle m'avait apporté.

- Je crois que ce n'est pas votre cerveau qui vous empêche d'avancer vers le rétablissement, mais plutôt votre esprit.

- Comment ça ?

- En vous écoutant, j'ai remarqué que vous avez construit votre récit d'une façon bien précise et qui peut s'avérer révélatrice.

- Je vous écoute.

- Vous avez passé les cinquante dernières minutes à m'explication la situation entre Maxime et vous. Mais au tout début, vous avez rapidement parlé de la discussion que vous aviez eu avec ce garçon, Vincent. Vous avez souligné le fait que vous aviez d'abord pensé en le rencontrant la première fois depuis votre accident que vous auriez pu avoir été amoureuse de lui dans le passé.

- Oui ?

- Et bien je pense que vous êtes passée à autre chose trop précipitamment. On dit souvent que la première impression ne trompe pas, et si c'est le cas dans cette situation, il ne serait pas bon de négliger immédiatement ce premier ressenti.

- Que voulez-vous dire ?

- Il se pourrait que votre esprit sache déjà une vérité que votre cerveau ignore encore. Je précise un peu ma pensée; selon moi, il est possible que vous ayez des sentiments pour Vincent, et ce depuis bien avant l'accident peut être, et ça pourrait aussi être une des raisons qui vous empêche de vous rappeler votre vie d'avant. S'il vous est déjà arrivé de nier vos sentiments autrefois, il n'est pas impossible que cela perdure maintenant, même s'il ne vous reste plus aucun souvenir du passé. Dans ce cas, votre cerveau ressent ce déni, et si vous parvenez à le résoudre, peut être que tout cet acharnement vous permettra de retrouver la mémoire.

- Vous insinuez que je n'aimais pas Maxime avec qui j'avais une relation stable, mais un autre pour lequel je n'ai jamais admis mes sentiments ?

- Non, vous pouvez très bien aimer les deux hommes à la fois, et si c'est en effet le cas, il faudra peut être envisager de faire retravailler votre mémoire auprès de Vincent. Si Maxime ne suffit pas à vous aider, il faudra à un moment ou à un autre, penser à parler à d'autres personnes plus susceptibles de vous guérir.

- Mes amis sont là pour ça.

- Bien sur, et c'est pour cela que vous ne devez pas laisser Vincent de côté. Car il a été votre ami lui aussi. Entourez-vous du plus grand nombre de proches possible Michelle. Ce sont eux qui vous sauveront.