the sound of the rain

Chapitre 6

Je ne croyais aucunement les mots de ma psychologue. J'avais beau avoir perdu la mémoire, il me semblait impossible d'avoir un jour été capable d'éprouver des sentiments pour deux hommes en même temps. Si cela avait été le cas, mes amis l'auraient sans aucun doute aperçu et ils m'auraient prévenue. Cependant, ce rendez-vous m'avait en quelque sorte redonné de la force et de l'aplomb pour affronter ce qui allait suivre. J'étais certaine que mes sentiments pour Maxime n'avaient pas complètement disparus, ça ne pouvait être possible. Et si toutefois ils s'évertuaient à rester enfouis au fond de moi, il fallait que j'en construise de nouveaux. Je devais y mettre toute ma volonté et me laisser la chance de réapprendre à aimer.

Alors que la nuit commençait à tomber, je m'élançai jusqu'à l'appartement de Maxime, prête à renaitre, prête à m'ouvrir aux possibilités que m'offraient l'avenir. Je sonnai donc à l'interphone et finis par entendre sa voix à l'autre bout de l'appareil.

- C'est Michelle. Lui dis-je.

Il ouvrit la porte et je montai jusqu'à chez lui en commençant à ressentir une bouffée d'angoisse et de stresse. Je remarquai instantanément sa porte entrebâillée au fond du couloir et je m'y dirigeai lentement, comme pour retarder le moment que je redoutais.

- Entre.

Je dépassai alors l'entrebâillement de sa porte et découvris son salon. Je ressentis immédiatement une sensation de déjà vu qui me fit esquisser un sourire.

- Qu'est ce qui se passe ? Me demanda t-il un peu inquiet.

- J'ai l'impression de connaitre.

- C'est normal, c'est parce que tu es déjà venue et ta mémoire, même si elle persiste à enterrer ces souvenirs, elle ne peut entièrement effacer le passé.

Il referma la porte et me tendit un verre d'eau que je m'empressai de boire.

- Merci.

Il sourit à son tours. Je voyais bien dans son regard que quelque chose brillait, j'arrivais à percevoir tout l'amour qu'il avait envie de m'envoyer et j'avais simplement envie de le recevoir et de lui rendre la pareille. Je savais que quelque part en moi, mes sentiments ne demandaient qu'à être libérés.

Je m'avançai vers lui avec une sorte d'automatisme et rapprochai mon visage du sien. À ce moment là, je souhaitais juste l'embrasser, me sentir vivante et raviver en moi quelque chose qui s'était éteint. J'attendis encore quelques secondes, nos visages s'effleurants et nos souffles se croisant, avant d'enfin déposer mes lèvres contre les siennes et de profiter de cet instant. Ce baiser qu'il me rendit à son tours me fit en effet ressentir des choses incroyables. J'avais la sensation de m'envoler, de sortir de mon corps, de planer au-dessus. C'était comme si une fenêtre venait de s'ouvrir et qui m'autoriserait à suivre un chemin emplit de bonheur et d'amour. Je sentais que je venais de réouvrir quelque chose en moi. Pourtant, j'arrivais quand même à m'émouvoir d'un sentiment de déception. Malgré le réconfort et la chaleur que m'avait apporté cet acte, je persistais à penser négatif. Pourquoi fallait-il que je sois aussi impatiente et pourquoi n'étais-je pas assez forte pour seulement profiter de l'instant présent ? Étais-je une éternelle pessimiste ?

- Michelle, tu pleures.

Je regardai mon interlocuteur avec incompréhension. Je venais de redescendre sur terre.

- Je suis désolée.

Il me regarda avec compassion et me donna un mouchoir. Je m'assis sur son canapé encore un peu étourdie et essuyai mes larmes doucement. Je gardai la tête baissée, car malgré son ton réconfortant et son acharnement à me supporter et à m'attendre, j'arrivais à sentir qu'il vivait mal la chose. Il respirait irrégulièrement, probablement dû à un mélange de gêne, de tristesse et de découragement.

- C'était merveilleux Maxime, je me suis sentie tellement bien. Je suis trop exigeante, j'ai beaucoup de mal à supporter l'ignorance et le vide. Mais je te jure que tu as réussis à combler l'un des deux. Je sais que ça finira par marcher, que je pourrais t'aimer à nouveau et que tout pourra recommencer à zéro.

- Mais ?

Je relevai les yeux et observai son air fatigué et déçu.

- Mais je crois que ce n'est pas encore le moment. Je ne veux pas te faire souffrir en te laissant espérer que la situation est normale et que tout va bien entre nous deux. Comme pour toute chose, il nous faudra du temps pour nous reconstruire. Je pense que nous avons besoin de faire le point et de prendre du recul sur la situation.

- Tu préfères qu'on s'éloigne ?

Je ne répondis rien et gardai un air aussi neutre que possible. Mais je ressentis une sensation atroce. C'était comme un nœud au niveau de mon estomac, qui se resserrait progressivement et qui venait de refermer la fenêtre que j'étais parvenue à ouvrir grâce à lui. À ce moment, je regrettai immédiatement mes paroles. Avais-je fais un mauvais choix ou était-il nécessaire de la prendre pour mieux me rétablir ?

- C'est une décision égoïste, j'en ai conscience, mais je ne sais plus du tout quoi faire, j'ai besoin de réfléchir.

Il hocha la tête:

- Non Michelle je comprends. Je t'attendrai, sache-le.