Chapitre 4

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Le soir même, je reçu un coup de fil de Candice. J'ai été surprise de l'entendre, mais son initiative me fit sincèrement plaisir. Elle m'avait annoncé qu'un ami à elle organisait une fête et qu'elle souhaitait m'y voir. Selon elle, voir des gens me ferait un très grand bien. C'était pratiquement sans hésitation que j'ai décidé de suivre son conseil et de me préparer pour y aller. J'ai ensuite commandé un taxi et je me suis rendue à l'adresse qu'elle m'avait donné. J'étais plutôt excitée, ce qui est justifiable étant donné que c'était ma première soirée, ou tout du moins la première dont j'allais me souvenir. À ma grande joie, c'est Candice qui m'a ouvert. Elle me paru contente, mais aussi assez angoissée.

- Entre, suis-moi.

Je lui souris et elle me conduisit jusqu'à un grand salon. Il y avait un petit nombre d'invités, mais que je cru reconnaitre. C'étaient les personnes qui figuraient sur les photographies que je venais de découvrir quelques heures plus tôt.

- Michelle est arrivée. Annonça Candice avec entrain.

Les discussions se coupèrent brusquement et les visages se tournèrent vers nous. Je me suis senti immédiatement comme une étrangère et la situation me sembla vite inconfortable. Je n'étais clairement pas à ma place ici.

- Quoi ?

J'entendis un verre se briser par terre et quelqu'un s'en aller de la pièce pour se rendre dans une autre.

- Bonsoir. Je dis simplement.

Après quelques secondes de silence, l'un des garçon se leva du canapé et s'approcha de moi:

- Tu nous as manqué. Dit-il en me prenant dans ses bras.

Ce geste m'étonna d'abord, mais quelque chose me poussa à resserrer son étreinte.

- Tu es Ryan c'est ça ?

Il me regarda avec un faible sourire:

- Oui c'est moi.

- Est-ce que nous étions de très bons amis ? Je crois que c'était le cas.

- On était meilleurs amis Michelle.

Il continua da m'observer avec un air triste et il caressa gentiment mon bras:

- C'est vraiment étrange de te revoir parmi nous.

Deux autres garçons s'avancèrent et vinrent me faire tours à tours un câlin. Ils se présentèrent à moi comme étant Simon et Adrien. On discuta un moment, jusqu'à ce que Candice fit son apparition avec deux filles.

- Callie et Mable.

Les deux amies me regardèrent un instant avec un semblant de nostalgie et de regrets dans leurs yeux.

- On est désolés de ne pas t'avoir rendu visite Michelle. Je sais que nos excuses ne valent rien, mais sache qu'on a pas cessé de penser à toi et que tu nous as terriblement manqué. M'affirma Mable en me tenant la main.

J'ai ensuite passé un agréable moment avec mes amis, à écouter leurs récits émouvants sur notre passé. On m'avait aussi annoncé que deux personnes n'avaient pas pu venir ce soir: Mathis et Maxime. Apparement ils font partie de mes meilleurs amis et après avoir demandé à Candice, j'ai été particulièrement proche de l'un d'entre eux. Je me suis alors souvenue du livre de Baudelaire que j'avais précédemment découvert et du nom qui figurait sur sa première page.

- Vincent n'est pas là ?

C'est à nouveau qu'un silence s'installa autour de moi. Est-ce que je venais de dire une bêtise ?

- Il est partit dans sa chambre tout à l'heure. Me répondit Adrien.

C'était donc lui qui s'était enfuit dès mon arrivée. Voilà quelque chose qui m'intriguait davantage.

Je me levai du fauteuil dans lequel je m'étais installée et me dirigeai vers la chambre en question, mais quelqu'un me retenu par l'épaule.

- Ryan ? Qu'est-ce qu'il y a ? Il ne veut pas me voir c'est cela ?

Il ne répondit pas immédiatement, mais il finit par me lâcher et n'ajouta rien.

Je lui souris et ouvris la porte. Vincent était assit sur un lit, dos à moi. Je refermai la porte derrière moi et m'approchai de lui.

- Salut.

Il sursauta légèrement et me regarda pendant un moment sans rien dire.

- Est-ce que c'est de la drogue ? Je demandai en désignant ce qui était posé près de lui.

- Qu'est-ce que tu fais ici sérieusement ?

Son ton réprobateur et son air exaspéré ne me découragèrent pas.

- Candice m'a invité.

- Ce n'est pas de ça que je parle. Comment tu peux réapparaitre comme ça et sembler aussi gentille et heureuse après ce qu'il t'est arrivé ? Tu aurais pu refaire ta vie ailleurs, nous oublier définitivement, ça nous aurait tous arrangé. Maintenant on doit agir comme si de rien était avec toi et même si les autres préfèrent jouer un double jeu en prétextant être tes amis, moi je ne me laisserai pas tomber dans leur connerie. Je ne suis pas hypocrite et encore moins stupide. Je n'ai aucunement envie que tu entres une nouvelle fois dans ma vie, j'ai trop donné, je ne joue plus.

Je ne rétorquai pas et me contentai seulement de l'observer. Il s'était levé pour me parler et il se trouvait maintenant juste devant moi, à me fixer aussi sans transmettre aucune émotion. L'atmosphère lourde et tendue entre nous me paraissait familière et son visage ne m'était pas inconnu. Contrairement aux autres que j'avais pu voir ce soir, celui-ci me faisait un effet différent. J'avais beau détailler chacun de ses traits, ma mémoire ne me permit pas de répondre à toutes mes questions. Je devais donc obtenir mes réponses d'une autre manière.

- J'étais amoureuse de toi n'est-ce pas ?

Son expression de colère et de reproches se transforma en de la surprise:

- Quoi ?

- J'en suis sûre. Je devais t'aimer.

Il resta muet quelques temps, mais j'enchainai avant qu'il ne puisse répondre:

- Je ne me souviens plus de rien, depuis des semaines maintenant, mais je veux retrouver mes souvenirs. Même s'il a pu se passer d'horribles choses dans le passé, que j'ai souffert ou bien que j'ai fais souffrir des gens, je veux le savoir. Et si ça doit passer par un stade d'hypocrisie comme tu dis où la majorité de mes conversations seront constituées de silences oppressants, alors tant pis, je ferai avec. Je ne t'oblige pas à me fréquenter si cela t'est trop insupportable, je m'en fiche. J'ai besoin d'être entourée aujourd'hui plus que jamais, c'est ça qui m'aidera j'en suis persuadée. Tu ne sais pas ce que c'est que de vivre avec une absence totale de souvenirs. C'est absolument terrifiant et tu te sens constamment accompagné d'un désir d'en finir. Je me demande tous les jours qu'est-ce que je fais ici, et pourquoi je n'ai pas eu la chance de mourir avec ma famille, parce que je te jure que la solitude est un sentiment beaucoup plus dévastateur que la mort.

J'avais prononcé ces mots d'une traite, sans me rendre compte que je pleurais. Je ressentais enfin quelque chose de nouveau, comme une sensation de puissance sûrement due au fait que je venais enfin de m'exprimer sur ce qui me consumait réellement à l'intérieur.

- Je suis désolée. Je te laisse avec ta drogue. Ai-je dis en m'avançant vers la sortie.

- Michelle ?

Je me retournai vers mon interlocuteur:

- C'est moi qui était amoureux de toi.

the sound of the rainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant