Ils se toisèrent de nouveau avec le même air agacé de se retrouver confronté à un adversaire aussi têtu. C'était comme s'ils venaient de trouver une version opposé à leur personne.
- Papa, tu peux le punir ? répliqua Quatre. Il n'arrête pas de me crier dessus ! Alors que je suis la fille du roi, une princesse royale...
Je me retins de sourire, je n'avais jamais vu Quatre être aussi bavarde. A Royal, elle répondait toujours avec le minimum de mots comme si elle avait la flemme de parler.
- Être la fille du roi de ton monde ne t'autorise pas à être stupide, mange tes fruits, rétorqua froidement Sept. Et je suis ton futur empereur...
- Papa ! protesta Quatre hors d'elle.
- Tu veux que je punisse ton sauveur, se moqua son père en riant.
Quatre ouvrit la bouche pour parler mais elle ne trouva aucun argument, ce qui l'agaça encore plus. Elle se tourna vers son père qui sourit avant de l'embrasser sur le front.
- Merci d'avoir sauvé notre fille, déclara Nataniel en souriant à Sept.
- Je t'en prie, murmura-t-il en se tournant vers son père. Tu ne dis rien ?
- J'ai été agréablement surpris lorsque je t'ai vu intervenir, je suis très content...que tu l'ai fait...
Sept haussa simplement les épaules, Nataniel qui l'observait depuis un moment, se tourna vers son meilleur ami. Ce dernier sourit simplement. Quatre se mit finalement à manger ses fruits, ce qui attira de nouveau l'attention de Sept.
- Veux-tu finir ta salade dans l'écurie, dans le box d'Aurore ? Je te laisserais lui donner à manger, proposa le petit garçon en se levant.
Quatre sauta de joie en descendant des bras de son père, elle prit son repas et suivit l'enfant avec un air jovial sous les regards ébahis de leurs parents. De nouveau, je fus surpris de la voir aussi expressive.
Quatre arborait toujours un air blasé comme si le monde qui l'entourait l'ennuyait terriblement. Il était rare qu'elle sourit ou même qu'elle rit.
- Je suis choqué, soupira Eller avant de rire. Ce n'est pas mon fils que je voie là...
- Pourquoi donc ? demanda Sephora.
- Sept est un peu spécial comme son papa, expliqua-t-elle, il a une façon de voir les choses encore plus à part !
- Tout le monde dit qu'il est incapable de ressentir des émotions, ajouta Narcisse. Il a juste une façon bien à lui de voir les choses et il déteste qu'on lui désobéisse...
- Ils ont peur d'un enfant ?
- Il a incendié les appartements de Benjamin ce matin car il n'aimait pas la couleur de la nouvelle peinture. C'est pour ça que j'ai été en retard !
- Tu es sérieux ?
- Oui. Il a déjà failli tuer plus de la moitié de notre famille à son anniversaire de l'année dernière et en général, il n'accorde absolument aucune importance à la vie, qu'elle soit humaine ou autre, même sa vie ne l'intéresse pas. Un le surveille pour l'empêcher de se donner la mort...
- Quoi ? s'exclamèrent Sephora et son mari en même temps.
Je n'étais pas aussi surpris qu'eux. Chaque fois que je voyais Sept, il avait des idées bizarres. Soit trop dangereuses pour lui soit pour les autres.
- Dès qu'il s'ennuie, il fait des tentatives de suicides déguisées. Il y a trois mois, j'ai failli me vider de mon énergie car il s'était enchaîné au fond de l'océan en pleine tempête...il a dit que c'était une expérience...
- Eros...est-ce que c'est à cause de notre départ ? demanda Nataniel. Je sais que tu m'avais dit que Sept était trop jeune pour se souvenir mais déjà bébé, il semblait très attaché à ma fille...
- Je ne sais pas mais il a un vide...il ne comprend pas d'où ça vient, c'est pour ça qu'il devient aussi tourmenté !
- On devrait le laisser à Royal, répliqua Eller, il irait peut-être mieux...
- Bae, non ! ordonna son mari. Le fait qu'il est intervenu pour sauver Quatre ne change rien, il restera ici, je ne veux pas qu'il soit à Royal !
- Tu ne m'as jamais dit pourquoi, répliqua son meilleur ami.
- C'est mieux ainsi, dit simplement Narcisse en se levant.
- En quoi c'est mieux ? s'énerva sa femme. En ton absence, il s'est mis au milieu de la rue dès que je l'ai laissé quelques secondes seul, une voiture lui fonçait dessus, il n'a pas bougé !
- Bae, j'ai dit non !
L'Impératrice le fusilla du regard, Narcisse soupira bruyamment. Elle bredouilla tandis que ses yeux se remplissaient de larmes :
- Tu attends qu'il meure pour de vrai ou quoi ? Son école m'appelle tous les jours, Fedy a plusieurs fractures à force de toujours tenter de le sauver...Eros, tu l'as trouvé allongé dans les appartements de Benjamin alors qu'il y avait le feu ! Tu ne comprends pas qu'il est comme toi ! Il ne lâchera pas l'affaire comme tu ne le ferais pas ! Laisse-le retrouver ses cousins et cousines...
Je crus que Narcisse allait de nouveau refuser mais il tendit la main vers elle, elle se réfugia dans ses bras. Elle avait peur, elle craignait pour la vie de leur fils.
- On va faire un essai. Venez, allons les chercher !
Il y avait beaucoup de chevaux dans l'écurie mais nous trouvâmes les deux enfants dans le box du cheval blanc. Sept se tenait près de la porte et observait Quatre.
- Dis-moi Didi, pourquoi l'as-tu appelé Aurore ? murmura-t-elle en caressant le pelage de l'animal.
- Je m'appelle Sept, pas Didi gamine !
- Je préfère Didi, c'est comme ton prénom...
- Comment sais-tu mon prénom ? demanda Sept d'un air intrigué.
Quatre fit un sourire malicieux qui me fit penser au roi quand il était sur le point de manipuler quelqu'un. Sept croisa les bras en marmonnant :
- Aurore est née à ce moment-là.
- Pourquoi as-tu sauvé ma fille Sept ? demanda Nataniel en se baissant à la hauteur du petit garçon.
- La lumière, répondit-il en mettant ses mains dans les poches.
- La lumière ?
- Il y a une lumière en elle, elle brille.
Il tourna les talons et s'en alla sans rien ajouter de plus. Eros éclata de rire avant de le suivre, Nataniel fronça les sourcils alors que Sephora reprenait sa fille dans mes bras.
- Il est tard, elle doit se reposer, décida Sept. Maman lui a fait préparer une suite...
- Est-ce qu'on va rester encore un peu ici papa ? demanda Quatre en posant sa tête sur l'épaule de sa mère.
- Oui, on va rester un peu.
- Je suis contente ! Didi est méchant mais j'aime beaucoup Aurore...
- Steph ? m'interpella Sept en tendant les bras vers moi.
- Oui ?
- Je sens de la douleur en toi...tu as perdu quelqu'un ? me demanda-t-il.
Je me raidis. Il voyait mes liens. Cet enfant était vraiment trop intelligent, il voyait un lien que je n'avais moi-même pas vu mais seulement senti.
Il me caressa la joue comme s'il me consolait puis tendit les bras vers sa mère. Il se blottit contre elle et murmura en tendant sa main vers moi :
- Retrouves-la...
Aussitôt après, je disparus...
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KEMET [T3]
RomanceLe monde a subi une métamorphose. Les Clans, tels des phénix renaissants, s'engagent dans une danse complexe du pouvoir. Tous aspirent à régner, mais l'Empire, jadis inébranlable, semble avoir disparu dans les ombres. Sans couronne, le trône demeure...