Chapitre 2

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          Deux semaines que mes sœurs et moi tournons en rond dans l'immense villa de presque cinq cent mètres carrés. Nos professeurs ne viennent plus nous donner nos leçons journalières, notre père est partit en guerre et les gardes rôdent sans arrêt dans la propriété.

Je passe mes journées entre la salle de sport, pour mes entraînements et ma chambre où je continue de m'instruire, même si mon père n'en voit pas l'intérêt. Le savoir est une arme, me répétait ma mère et j'ai envie d'y croire encore un peu. Pourtant, si l'on écoute mon père, on ne mène pas une guerre à coup de livres. Quand on naît fille du mafieux le plus craint des états unis, la seule arme capable de nous protéger est un flingue.

Et ça, je sais le manier depuis enfant. Il en va de même pour mes petites sœurs.

Je suis entrain de frapper dans un sac de frappe quand Joe entre dans la salle de sport. Je ne la regarde pas et continue de boxer, mais du coin de l'œil, je vois qu'elle veut me parler.

Mes poings dans mes gants commencent à souffrir de ce que je leur inflige, mais je n'arrête pas pour autant. Le sport est devenu mon exutoire depuis deux semaines. Ma rage est là, enfouie en moi et je tente de la faire sortir avant que j'explose, mais rien n'y fait.

Je deviens folle.

Mes pensées ne cessent de me torturer, mon mal de grandir et ma peine se mêle à ma colère.

Dans un grognement d'animal enragé, je frappe de plus en plus fort. La sueur coule sur mes tempes, dans mon dos et dans mon cou. Ma respiration devient erratique et mon palpitant s'emballe. Voilà le moment que j'attendais. Celui où mon corps épuisé fait taire mon cerveau tourmenté. Il n'existe plus rien que la douleur de mes phalanges.

Cet entraînement va me vider, je le sais, mais il n'empêchera en rien une nuit trop agitée pour trouver le sommeil. Je ne tiendrai pas longtemps à cette allure. Si ma tête ne lâche pas avant, ce sera mon corps et je n'attends que ce moment où je serai trop faible pour me relever.

Arresto ! (1) exige ma sœur.

Et je fais ce qu'elle me demande parce que sa présence dans cette pièce ne veut dire qu'une chose : le père est de retour.

— Com...combien d'temps ? je demande en tentant de reprendre ma respiration.

— Une heure et il demande à ce que tu te rende dans son bureau.

Un simple hochement de tête lui répond, mais je vois bien qu'elle veut autre chose. Seul le regard que je lui lance l'incite à parler. Je ne suis pas du genre à user de ma salive pour rien, même avec mes sœurs. Pendant qu'elles pensent que j'ai un cœur de pierre, que je suis incapable de la moindre émotion, chaque jour je me bats pour qu'elle n'ai pas la même vie que l'avenir me réserve.

— Si ça concerne mamma (2), tu me le diras ?

Je retire mes gants de boxe et déroule les bandes qui entouraient mes mains. Sans prêter attention à l'état de mes mains, je réfléchis à ce que Joe me demande. Mentir est une chose que je déteste, voilà peut être la raison du fait que je ne sois pas très loquace. Si je dis quelque chose, je mets un point d'honneur à le faire. Mais quand il s'agit de mes sœurs, de les protéger, je peux changer du tout au tout. Pourtant, je ne leur mens jamais. Je fais en sorte qu'elles ne posent pas trop de questions.

!

Sans un regard pour elle, ma petite sœur, je la dépasse et sors de la salle de sport. Je ne sais pas ce qu'il me veut, mais il attendra que je sois lavée. Sur le chemin de ma chambre, je bois une bonne rasade d'eau.

The heart Weapon SOUS CONTRAT D'EDITION AVEC ALTER REALOù les histoires vivent. Découvrez maintenant