Note 4

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Asile psychiatrique, cellule 815

-Mademoiselle Giron, selon vous, la jalousie est un phénomène intéressant, pourriez-vous me préciser la pensée qui vous fait dire cela? demanda le docteur Razel

-Moi, j'ai dit ça?

-La séance dernière avant votre crise, vous m'aviez dit, je cite "la jalousie attire tellement d'émotions intéressantes".

-On commence par la crainte, le désespoir, la tristesse... mais la partie la plus intéressante reste la colère. Elle entraîne la démence. Selon la puissance de la colère, cela peut nous amener a faire des choses... amusantes...

-Comment cela?

-Vous pouvez me laisser raconter la suite de mon histoire ?

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Je me suis un peu renseignée. La fille avec LUI s'appelle Jenn Morin. Je la déteste sans même la connaître. Léa ne me parle plus. Elle s'est rapprochée d'un groupe de fille qu'on avait l'habitude de critiquer en coin. Son regard méprisant ne me fait pas plus mal que ça, mais c'est normal. Tout ce qui pourrait ma faire mal, serait que Jenn fasse de LUI son petit copain. Je crois que je ne pourrais pas le supporter. Une fois, j'ai surpris Maman en train de se disputer avec Papa. Il l'a insultée puis est parti. Maman s'est écroulée par terre, suffocante, une main sur la poitrine. De grosses gouttes on perlées sur le plancher. Je me suis approchée, elle m'a regardée puis m'a sourit. Elle s'est levée, s'est regardée dans le miroir et en effaçant ses larmes, a murmuré:

-Il reviendra...Ne t'inquiète pas...Il reviendra...pas vrai?

Je n'ai jamais su si elle s'adressait a moi ou si elle se parlait toute seule. Tout ce que je sais, c'est qu'un mois plus tard, Papa est mort et Maman riait toute seule dans la chambre. Elle s'adressait alors a moi comme si j'était un ange, et disait:

-Je n'ai plus besoin de lui, t'avoir près de moi fera l'affaire.

Madame Roplée me crie dessus car je suis arrivée en retard, mais qu'est-ce que je pourrait ressentir? IL est en train de rire avec son pote Nicolas mais Jenn s'agrippe a sa manche pour détourner son regard sur elle. S'il y a un temps, l'envie de pleurer me venait dans ces moments là, l'envie de pleurer s'est vue remplacer par l'envie de frapper. Je serre les poings. La prof me hurle d'aller chez le principal.

C'est comme si je ne pouvais plus me contrôler. J'attrape la table la plus proche et la lance de toutes mes forces sur la porte qui craque et perd un bout de bois, mais ne se brise pas.

La suite de la journée s'est passée chez le principal. J'invente une excuse bidon en regardant ma mère. Elle fait comme toutes les mères auraient fait, elle me prive de plein de choses, assure que cela ne se reproduira pas, cependant, pendant un moment d'inattention de la part du principal, elle me sourit et me lance un clin d'œil. Heureusement vient un moment ou nous devons sortir.

-Maman, pourquoi tu m'as fait un clin d'œil?

-Je sais ce que c'est, de voir son amoureux s'en aller loin de soi...

-Comment tu---

-Écoutes, si tu veux conserver les couleurs du monde, n'hésite pas a rajouter du rouge. J'aime tellement cette couleur, pas toi?

Sur ce, elle me devance puis pars. Je m'assoie sur une marche pour réfléchi a ses paroles. J'étai en train d'imaginer la scène quand j'ai entendu SA voix grave résonner dans les couloirs suivie de la voix perchée de Jenn.

-Franchement, elle s'est crue ou? commença la voix perchée.

-Personne ne sait ce qu-il lui a pris... continua cette voix grave qui me vrille l'estomac.

-Si tu veux mon avis, cette fille est imprévisible et capable de tout.

Mais personne ne le veut ton avis !!

-Je suis d'accord avec toi, Jenn, ce n'est pas toi qui ferait ça...

Il se rapproche dangereusement de Jenn. Non, pas ça...

-C'est pour ça que je...

Avant qu'il ne finisse sa phrase, je me lève de façon a renverser la poubelle. Ils me regardent l'air inquiet...

-Tu...était là ? demande Jenn

Pour une fois, je ne veux pas jouer la comédie et plaquer sur mon visage un masque. Je lui montre ce visage que j'ai toujours caché par crainte de la réaction des gens. Mais cette fois, je veux voir cette réaction. Je veux qu'elle comprenne ma souffrance, ma peine et ma colère dans un seul regard. Un regard qui crie, il crie car il a perdu les couleurs de son monde. Un regard qui n'hésitera pas a ajouter une touche de rouge sur la toile. Le regard inexpressif que je possède est pire qu'un regard noir. Il exprime bien plus qu'un simple visage colérique. Il exprime une situation. La situation dans laquelle on n'a plus rien a perdre et cela pousse les gens a... ajouter sur rouge au tableau... Ces yeux gris la clouent sur place, pourtant, je la fixe toujours.

-Arrête...s'il te plaît...

-...

Je m'en vais en la fixant le plus possible. Je sors de l'école l'esprit et le regard vide. Des larmes coulent sans tristesse, mon corps est souple d'inexpression. Je tombe... Je tombe sur le trottoir, une dame viens m'aider, mais mon visage inexpressif est plus inquiétant que des blessures graves. Après lui avoir murmuré que tout allait bien, elle s'est enfuie. Une vision apparaît. Il fait tout noir, l'ambiance est oppressante. Sur mes mains, de grosses tâches rouges apparaissent, ainsi que sur mes habits. Puis j'entend les pleurs d'une voix perchée. La voix de Jenn qui me supplie d'arrêter est plus douce que n'importe quelle mélodie.-Arrête,,,,

Crime passionnelWhere stories live. Discover now