J'ai eu trois jours de renvoi et je ne m'en suis pas plainte. Je restai au lit toute la journée en entendant les cris au loin de Jenn. Quand j'en ai parlé à ma mère, elle m'a souris et m'a offert des gants en tissus. Quand je lui ai demandé pourquoi, elle m'a ordonné de toujours les avoir sur moi, au cas ou il ferait froid. Bien que je pense que ce soit totalement ridicule, je les ai quand même mis dans la poche de ma veste. Puis je suis retournée à la FAC. Dés le matin, je suis partie L'espionner. IL parlait sur le banc de droite avec Nicolas, comme d'habitude. Je les ai entendu parler, depuis ma cachette.
-Qu'est-ce que tu pense de Lou ? demanda-IL
-Honnêtement, je ne sais pas. Elle a l'air gentille. Et seule, aussi.
-Propose-lui de venir avec nous en centre-ville cet après-midi.
-Bonne idée, mec ! OK je vais lui proposer.
J'ai dû filer car je ne voulais pas qu'ils me voient depuis cette cachette. Quand Nicolas est arrivé, j'ai joué la fille seule mais qui s'en sors.
-Salut Lou, ça va ?
-Ça se passe et toi ?
-Ça va. Dis, je me demandais un truc, ça te fais pas chier d'être seule ?
-Non, ça ne m'affecte pas plus que ça.
-Tant mieux. Tiens, j'ai une idée... viens en centre-ville avec nous après les cours !
-OK, on se retrouve ou ?
-Euh... A l'entrée. Ça te va ?
-OK, à tout-à-l'heure.
Et je suis partie. Si j'était restée ne serait-ce qu'une seconde de plus, je me serai effondrée. J'allait enfin pouvoir aller dans le centre-ville avec LUI. J'ai donc séché les cours, je suis rentrée chez moi pour pouvoir me changer. Pas un truc trop trop sérieux. Juste un pull moulant, un jean troué, des baskets rose clair et mon perfecto noir. Le tout avec une touche de mascara, du crayon, des créoles argent et une grande queue-de-cheval. Parfaite, je pouvais retourner en cours. J'ai attendu a deux rues de la FAC, puis a la sonnerie, je me suis plantée devant l'entrée. Nicolas m'a rapidement rejointe.
-Désolé, Mme. Racha ne nous as pas lachés avant...avant...
-Mon mascara a coulé ?
-Hein? Non, non c'est pas ça mais...ça te va super bien...
OK, ce mec est fou.
-Tu m'as fait peur... Il est ou, LUI ?
-Je ne sais pas. Viens on y va, il nous rejoindra.
Avant que je ne puisse réagir, il m'attrapa la main pour m'entraîner au plus loin de l'école. Arrivés au café, voyant que je regardai dehors pour voir s'IL arrivait, Nicolas a décidé de prendre la parole.
-Excuse-moi si tu t'attendais a ce qu'il vienne.
-Pourquoi tu dis ça ?
-Parce que c'est moi qui lui est demandé de ne pas venir, pour qu'on puisse être tous les deux.
-Mais...pourquoi tu as fait ça ?
-Parce que je voulais te le dire en privé...
-De quoi ?
Même si je le sentais arriver, je voulais en être sure avant de le frapper.
-Je crois que... je suis amoureux de toi...
Je suis partie comme une furie, emportant le couteau du resto avec moi. Nicolas s'est dépêché de payer puis de sortir.
-Lou!LOU!!! Attends moi!!
Je sentis sa main se refermer sur mon poignet. C'est comme si les cris de Jenn s'amplifiaient a mesure ou je stressai. Il me tira par l'arrière.
-Qu'est-ce que je t'ai fait, a part t'avouer mes sentiments ?!
Les cris devenaient de plus en plus forts
-LÂCHE-MOI!!!
-LOU !!!REGARDE MOI, QU'EST-CE QUE JE T'AI FAIT ?!!
Les cris étaient devenus insupportables
-LÂCHE-MOIIIIIIII!!!
La main qu'il avait attrapé, était celle qui tenait fermement le couteau volé. D'un grand geste circulaire et violent, je me dégageait de sa main et la blessai au passage. De surprise, il tomba a terre en serrant son poignet puis regarda sa main, ruisselante de sang. Il me regarda alors terrorisé. Devant lui, se tenait une jeune fille, les joues baignées de larmes et de mascara, cheveux attachés, les yeux remplis d'une grande folie, un couteau ensanglanté dans la main. Je haletait pour me débarrasser des cris de Jenn qui résonnaient dans ma tête. Puis regardant mon couteau, je le touchait pour récupérer du sang.
-Une belle couleur, hein?
-Comment ? demanda-t-il complètement perdu
-Hhhhhh. Hhhhhh.
Je ne put répondre que ça, étant donné le poids sur ma poitrine qui m'étouffait. je serrai le couteau aussi fort que je pouvais. Puis les cris devinrent plus assourdis. Je pus a nouveau respirer. Le couteau que j'avais dans les mains, je le rangai dans mon sac de cours.
-Je ne voulais pas te montrer ça... dis-je à Nicolas
-Comment une fille aussi gentille que toi, peut-elle être en réalité un démon ?
-Je ne voulais pas te le montrer...mais si tu raconte ça a qui-que ce soit, je n'hésiterai pas à m'en servir...
Il se leva puis se mit à courir. Je le rattrapai, lui attrapa le poignet et lui murmura:
-Merci, grâce a toi, j'ai eu un déclic. J'ai compris ce que je devais faire. Je sais ce que je dois faire.
-Et...et c'est quoi?
-Ajouter du rouge au tableau...
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Asile psychiatrique, cellule n°815
- C'est a ce moment là que vous aviez décidé d'"ajouter du rouge" au tableau. Au fait, quel tableau ? demande le docteur Razel.
-Celui qu'on veut créer avec ses couleurs préférées. Celles qu'on n'aime pas, on ne les met pas. Celles qu'on aime, on les mets un peu partout. et au final, ça nous donne un concept de couleurs très joli.
-C'est-à-dire ?
-Une image de notre avenir...

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Crime passionnel
HorrorToute ma vie j'ai grandi dans un monde sans couleurs. Jusqu'à ce que je tombe sur LUI. Les couleurs me sont alors apparues plus belles les unes que les autres. Ma couleur préférée est le rouge. Mais pour obtenir ce que je souhaite, je dois appliquer...