16 - Déchirement

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L É O N I E


Nous arrivons à l'arrêt de bus. Jeanne et moi sommes encore excitées par le concert. Caleb nous suit, tout en nous écoutant parler.

— Tu viens dormir avec moi ? demandé-je, le sortant de ses pensées.

— Non, malheureusement, je ne peux pas. Le boulot... Je vais devoir vous laisser, dit-il, dépité.

Je le regarde, déçue, même si je ne le devrais pas. C'est déjà énorme qu'il m'ait fait cette surprise. Il m'embrasse et salue Jeanne, puis je le vois disparaître au coin de la rue. Toujours aussi rapide.

— Il est quand même bizarre ton mec, relève Jeanne.

— J'vois pas en quoi, riposté-je.

— Ben il part d'un coup, comme ça. Qu'est-ce qu'il peut bien avoir à faire d'autre que de venir dormir avec toi ? Il peut bien partir demain matin à son travail.

— Pas spécialement, il doit sûrement prendre l'avion et peut-être encore préparer ses affaires. Bref, je m'en fous. Il m'a fait une sacrée surprise.

— Ouais, comme tu veux.

J'appuie mon regard et elle comprend que le sujet est clos en levant les yeux au ciel. Elle m'agace quand elle fait ça, c'est sa réaction quand nous ne sommes pas d'accord. Nous entrons épuisées dans la chambre. Rapidement en tenue de nuit, je pense que nos têtes n'ont même pas touché l'oreiller que nous sommes déjà endormies.

*

Je me dirige vers l'hôtel tout en pensant encore à ce concert incroyable. Nous avons prévu de retourner en voir un autre, mais devons choisir le chanteur ou la chanteuse. La sonnerie de mon téléphone me sort de mes pensées. Le numéro affiché n'est pas suisse. Je ne réponds jamais aux appels inconnus. Souvent, ce sont des publicités et compagnie. Si c'est important, il suffit de laisser un SMS ou un message sur le répondeur.

Deux minutes plus tard, c'est avec surprise que je découvre un message dans ma boîte vocale. Je l'écoute et me stoppe nette. C'est l'ambassade Suisse d'Afrique du sud qui me demande de les rappeler d'urgence. Mon rythme cardiaque s'accélère. Les seules personnes que ça pourrait concerner sont les parents.

— Ambassade Suisse, bonjour, annonce une dame.

— Bonjour, Léonie Max. Vous m'avez laissé un message sur mon répondeur, l'informé-je.

— Un instant, s'il vous plaît, dit-elle de manière robotique.

Je patiente. Appuyée contre un mur, le regard dans le vide. Je le sens mal, vraiment très mal. J'ai l'impression d'attendre quinze minutes, alors que j'attends une petite à peine.

— Bonjour, mademoiselle Max. Je suis monsieur MacAdams. Je travaille avec la police locale et je dois vous annoncer une nouvelle très... Êtes-vous dans un endroit calme et pouvez-vous vous asseoir ?

— Heu ... Je ... Oui, bégayé-je.

Je décide de rester debout, ne voyant rien où m'asseoir.

— Je suis sincèrement désolé de devoir vous annoncer une nouvelle aussi douloureuse. Vos parents sont malheureusement décédés.

Je ne respire plus. Mes jambes me lâchent et je me retrouve à genoux sur le sol brûlant. Ça ne peut pas être vrai. Il me faut une preuve.

— Comment ? soufflé-je, tentant de retenir mes larmes, les lèvres tremblantes.

— Il y a une semaine, leur avion a eu un problème technique et il s'est écrasé, explique-t-il avec une tristesse sincère.

— Pourquoi vous me le dites seulement maintenant ? hurlé-je en pleure.

Mission échouée [Édité]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant