6 | 'LETTRE QUATRE'

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Cher Chouchou.

C'est très étrange d'écrire "cher chouchou" tu ne trouves pas ? Il y a beaucoup trop de « ch ».

J'ai lu ta lettre ce matin, et je t'écris cette lettre ce midi. J'étais très heureux de voir que tu m'avais déjà répondu, mais j'espère juste que tu ne te couches pas trop tard juste pour m'écrire une lettre.

Si tu tiens vraiment à le savoir, j'ai vraiment cru que tu étais William Byers.

Avant que tu n'exploses de rire en lisant ça, laisse moi t'expliquer pourquoi j'ai pensé une telle chose.

William a toujours été dans les mêmes écoles que moi, et tu as précisé qu'on avait passé toute notre scolarité ensemble.

J'ai aussi déduit que tu étais gay, et je ne connais que quatre gays dans ce lycée, qui le disent bien haut et fort. Eddie Kaspbrak, Richie Tozier, William Byers et Stanley Uris. Bill Denbrough est bisexuel, donc je ne l'ai pas compté dedans. Mais Stanley et Bill sont en relation, tout comme Eddie et Richie. Les liens se sont assez vite fait dans mon esprit, et j'ai commencé à paniquer, mon cœur à s'affoler.

Le Will Byers, s'intéresser à moi et m'écrire des lettres !

Ça aurait été un trop gros choc pour moi. Je me suis ensuite rendu compte que ce n'était pas possible. Will ... Il n'est probablement pas du genre à faire ce genre de choses. Mais encore une fois, je ne le connais pas.

Je n'ai pas vraiment l'allure d'un détective, tu peux donc te moquer de ma théorie si tu le souhaites.

Aussi, ce n'est pas étrange de ne jamais avoir eu de sentiments pour quelqu'un. Moi non plus, je n'ai jamais eu de sentiments pour personne. En même temps, c'est difficile de tomber amoureux quand on n'arrive pas à se faire des amis.

Même si dorénavant, tu es officiellement mon seul ami.

On pourrait croire que c'est assez triste, dit comme ça, mais j'ai toujours préféré être solitaire, et je te l'ai déjà écrit dans ma première lettre.

Quand tu m'as écrit que tu étais une fille, je dois t'avouer que j'ai paniqué. Des fois je sors de ces trucs, je suis une vraie calamité. À croire que c'est un truc de famille, mes sœurs font exactement les mêmes bourdes. Ça m'a bien fait peur. Si tu veux en savoir un peu plus sur moi, voilà une information pas si inutile tiens. J'ai deux sœurs. Une de 23 ans, qui s'appelle Nancy, et une de 7 ans, du nom de Holly. Quand je dis que les bourdes, c'est de famille, c'est que y'a des raisons.

Un jour, j'étais au magasin avec Nancy (ne crois pas que j'aime faire les boutiques, c'est elle qui m'a traînée là dedans), et elle observait une sorte de robe que la principale pourrait porter. Un bout de tissu répugnant pour le décrire plus simplement. Et Nancy s'est exclamée "mais qui pourrait acheter ce genre d'horreur !" ou un truc dans le genre, je ne me souviens plus si bien. Une dame d'environ cinquante ans est arrivée et a reposé la robe sur son cintre, signe qu'elle venait de l'essayer. C'était hilarant. Elle a fusillé ma grande sœur du regard, qui était cramoisie tellement elle était honteuse.

Cette anecdote était pour le coup, vraiment une information inutile. Je parle, je parle. Je parle bien trop.

J'écris en l'occurrence.

Mais tu as raison, j'adore écrire moi aussi. Nous avons donc deux points communs. J'aimerais bien que tu me parles plus de toi dans le futur, j'aimerais apprendre à te connaître. J'aimerais pouvoir imaginer un visage derrière tes mots, et j'aimerais découvrir plus de points communs que nous partageons.

Et pour le « x », ne t'en fais pas. Je ne l'ai pas mal pris. J'ai même rougi pour être honnête, mais tu dois l'avoir remarqué si tu me regardes lire tes lettres.

Ça va paraître étrange, et j'espère que ça ne va pas t'effrayer que je dise ça, mais je t'ai réellement imaginé m'embrasser la joue. Je n'avais pas ton visage en tête, mais crois moi, j'ai vraiment cru sentir tes lèvres sur ma joue.

Voilà, ça s'est dit, j'écris trop vite. Je ne peux pas raturer sinon ça fera moche, et j'ai pas d'autres feuilles pour recommencer ma lettre (voilà que je m'expose entièrement en plus de ça).

Je ne réfléchis même pas à ce que j'écris, j'en suis réellement navré, ça a du te mettre mal à l'aise. Et encore, je me suis arrêté là, j'aurais pu en dire bien plus.

Oh je-

Bon, je crois que j'en ai assez dit pour aujourd'hui, qu'en penses tu ? Allez, ça va suffire effectivement.

Avec toute mon amitié,
x,
Mike.

Will serra la lettre dans sa main en la finissant. Plus il lisait ces lettres, plus il se sentait tomber amoureux de ce garçon. Il était aux anges.

Il rangea la feuille dans sa pochette arrière, un grand sourire niais plaqué sur le visage. Il avait l'impression que des papillons dansaient la salsa dans le fond de son estomac.

"- Et ben alors ? C'était quoi ce papier ? lui demanda curieusement son meilleur ami, en lorgnant la pochette arrière de son sac à dos.

- Je te dirai probablement plus tard, répondit Will d'un ton joyeux."

Eddie parut intrigué, mais il ne chercha pas à creuser l'information. Le châtain finirait bien par tout lui dévoiler à un moment.

Ils commencèrent à marcher en direction de leur cours de français, et l'épaule de quelqu'un frotta celle du Byers, qui se retourna vivement pour regarder la personne qui l'avait effleuré, son cœur bondissant dans sa poitrine.

Mike Wheeler marchait rapidement dans la direction opposée, la tête baissée. Will l'observa intensivement, n'ayant l'impression de ne voir que lui.

Le bouclé s'arrêta et tourna la tête rapidement, sentant l'horrible sensation d'être fixé, et regarda le bout du couloir bondé de lycéens.

Au loin, il jura avoir cru voir Will Byers dévier le regard rapidement.

Une lettre dans ton casier [Byler]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant