Chapitre 4

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Essoufflée, j'arrivais à la porte du Labo de Karel et toquais frénétiquement. "Karel! C'est moi, ouvre! Je dois te parler!". Il n'y eu pas de réponse. La porte était fermée, ce qui était rare lorsque Karel y était car il invitait tous ceux qui étaient passionnes par la science a y entrer, comme s'il s'agissait d'un musée.

 Je posais mes doigts a la surface de la porte en bois dont la structure était habituellement légère. Je fus surprise de voir que ce n'était pas le cas. Bien que verrouillée je pouvais sentir qu'elle était lourde. Comme si....Comme si quelqu'un y était adossé. Je soupirais et plaçait ma tête contre la porte froide. "Pardon...Pardon Karel...Mon égoïsme a emporté sur tout le reste cette fois. J'ai beau les détester pour ce qu'ils nous ont fait mais je n'ai pas pensé à toi...Je n'ai pas réfléchis à la place qu'occupait encore l'académie céleste dans ton cœur...Je ne veux pas que tu me déteste....".

 A ce moment là, j'entendis la porte se déverrouiller et je reculait ma tête. La porte s'ouvrit et je vis Karel, la main sur la poignée, il fixait le sol."Tu ne les déteste pas" dit-il doucement. "Tu es juste en colère, mais il ne faut pas que tu laisses ce sentiment te dévorer l'intérieur. Et...je ne te déteste pas non plus" ajouta-t'il. Je baissais la tête en me frottant la nuque embarrassée. Comment faisait-il pour pouvoir lire en moi aussi facilement? Ses yeux bleus océan semblaient traverser mon corps et analyser chaque fibre de mon âme. 

"Tu n'es pas fâché?" dis-je, levant à peine le regard. Je le vit sourire puis rire "Comment je pourrais être en colère contre toi Hoang?", il ouvrit la porte un peu plus et m'invita à entrer, ce que je fis immédiatement. C'est ce que j'aimais particulièrement chez lui.Sa capacité à ne jamais  s'énerver et à toujours rester calme, peu importe la situation. Son sang-froid me permettait de toujours me concentrer et de réfléchir lorsque nous étions dans l'académie scientifique céleste. Cette période me manquait je dû l'avouer, nous étions si proches lui et moi. Mais depuis que nous avions été virés de l'académie tels des moins que rien, nous avions commencés à lentement nous éloigner l'un de l'autre. Nous nous appelions seulement de temps en temps pour parler d'un peu de rien, évitant toujours et soigneusement le sujet de la météorologie. 

Alors que je le suivait, il se retourna vers moi avec un petit sourire et me tendis la lettre, celle que  j'avais lu auparavant. Il me regarda et m'invita à la reprendre. Cette fois je me devais d'agir pour les autres et non plus pour moi même. Il ne s'agissait pas seulement de ma ville, mais de centaines voir millier d'autres! Combien de gens allaient devoir quitter leur foyer, leur souvenirs, leur vies? Combien de gens comme Carlytie allaient devoir laisser derrière eux la passion de leur commerce à la merci de cet ouragan? Je secouais la tête pour chasser ces pensées, je ne pouvais pas laisser mon passé avec le Cercle Céleste interférer avec ce que je devais faire. Tout ça, Karel le savais, aussi était-ce pour ça qu'il était revenu? Pour reformer ce duo brisé? 

Je pris la lettre mais également la main de Karel dans la mienne, ce qui fit s'agrandir son sourire. Une promesse silencieuse venait juste d'être faite, celle d'arrêter Gory tout les deux. Notre équipe fut à nouveau scellée comme à l'époque de nos recherches: Inarrêtable était notre nom. "Te rappelles-tu de la date et du lieu de rendez-vous pour l'ascension?" me questionna-t'il. Je hochais de la tête "Le 17 Maimactérion à 18 heures aux dalles ensanglantées, non? Tu sais ce que ça signifie?" demandais-je. Il fronça légèrement les sourcils et remontait ses lunettes, chose qu'il faisait souvent lorsque qu'il réfléchissait. J'était contente de voir qu'il n'avait pas perdu cette habitude.

"Et bien, Maimactérion est le mois de novembre en grec, donc le 17 Maimactérion est le 17 novembre" dit-il."C'est donc demain" commentai-je. Il hocha de la tête se questionnant toujours à propos du lieu. 'Les dalles ensanglantées' où est-ce que cela pouvait se trouver? "Peut-être que si le lieu de rendez-vous est précisé sur l'enveloppe à l'endroit de l'adresse de retour? Le Cercle Céleste ne peut pas envoyer de lettre à la surface terrestre depuis le ciel. Cette lettre doit forcément provenir d'une adresse terrestre." Il me fit non de la tête, "J'y ai pensé mais il n'y a que l'adresse du destinataire sur l'enveloppe, rien d'autre."

 Pas d'adresse de retour? "Comment as tu pu la recevoir dans ta boîte au lettre alors?" demandais-je curieuse."Je ne l'ai pas trouvé dans la boîte aux lettres, je l'ai reçu d'un postier. Un postier peu commun" me répondit-il. "Peu commun? Comment ça?" m'étonnais-je. "Un uniforme blanc avec une casquette rectangulaire...Et des rayures rouges sur les rebords. J'ai eu un peu de mal à reconnaître que c'était un postier, étant donné que tous ceux de la région ont un uniforme bleu marine." Cela était en effet étrange pensais-je. 

"As-tu demandé où se trouvait la poste d'où il venait?". Il sortit une carte de son sac et la déroula entièrement, "Je n'ai pas eu besoin, il m'as dit de le retrouver à cette poste si jamais j'avais des questions. Il m'as indiqué que si je voyais une allée rouge j'avais à continuer tout droit pour trouver la poste". Je me rapprochais de lui et regardais la carte ouverte sur la table. C'était un plan d'un des nombreux villages qui composait Oukara, et c'était particulièrement le notre.

 Sur le plan je pus voir quelques commerces tel que la poissonnerie Musha, la boutique de vêtements Fashion's Time, ainsi que d'autres. Mes yeux s'arrêtèrent un instant sur le plan de la librairie de Carlytie, ce qui me provoqua un léger pincement au cœur. Karel attira mon attention sur un endroit entouré en bleu. Apparemment c'était le fameux postier qui avait indiqué cet endroit. Il était tout entouré de forêt. Mes yeux clignèrent plusieurs fois avant de me rendre compte de la position exacte du cercle.

  Il était placé à l'entrée de la forêt anthracite, celle qui était proche de ma maison. Mais il n'y avait rien à l'entrée de cette forêt et je le savais plus que quiconque. Cette forêt est réputée pour ses mythes d'enfants perdus et d'âmes égarées, et la couleur sombre de ces bois n'aidait certainement pas à la rendre plus aimable, du moins à première vue. Mais il n'en était rien. J'allais très souvent dans cette forêt lorsque j'avais besoin de faire le tri dans mes pensées, j'en connaissait les moindres endroits. Elle n'avait rien d'effrayant, et au contraire lorsque l'aube paraissait, elle regorgeait de vie et de couleurs. Mais comme avec la pluie, l'esprit humain ne se limite qu'à ce qu'il voit au premier abord, sans chercher les richesses enfouies des éléments.

 Je posais sur Karel un regard interrogateur, lui même savait qu'il n'y avait rien là-bas. "C'est étrange", dit-il haussant un sourcil "Cette poste ne peut être tombée du ciel quand mêm-". Il se tut de lui même, réalisant se qu'il venait juste de dire. La réponse semblait évidente maintenant. Il me sourit, rangeant la carte dans sa sacoche. En moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire, il avait déjà mis sa veste teintée de vert citron et son habituelle écharpe blanche et m'entraîna avec lui hors du labo. Il agrippa mon poignet et se mit à courir à toute allure.

 Bien que Karel était souvent enfermé dans son labo à travailler, il courrait assez vite pour quelqu'un qui disait ne pas avoir le temps de faire du sport! Je n'étais pas dans le même cas que lui et je le suivais avec peine. "Karel! R-Ralentis! Il n'y a pas le feu!" soufflais-je hors d'haleine. "Pas le temps de prendre notre temps Hoang!" me rétorqua t-il avec un sourire rayonnant, pas du tout essoufflé. 

Je sentais qu'il tirait légèrement sur mon poignet pour m'aider à maintenir le rythme. Bien que mes pauvres poumons hurlaient pour de l'air, la pression de sa main sur mon poignet ainsi que son sourire chaleureux m'empêchait de m'arrêter. Une étrange sensation emplit mon cœur à ce moment là. 'Mon cœur serait-il en train de demander une pause lui aussi?' me questionnais-je dans mes pensées.

 Nous arrivâmes à une vingtaines de pas de l'entrée de la forêt anthracite et nous vîmes sur le sol un long chemin de pierres peintes en rouges. "Les dalles ensanglantées" murmura Karel. Je levais la tête et je fis surprise que plus loin n'était pas le début de la forêt mais un bureau de poste à la devanture rouge. Un jeune homme vêtu d'un uniforme de postier rouge et blanc me fit un signe amical de la main accompagné d'un large sourire. 

"Vous en avez mis du temps!"

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 30, 2019 ⏰

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