Jour 8 : Téléfilm de Noël

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Ohayo ! Ici Dracaufeu1609 ! Voilà encore un thème un peu étrange, mais j'ai tout de suite pensé à des trucs assez idiots mais personnels, alors déso XD ! En espérant que ça vous plaira.

Maison de Fukuzawa Yukichi et Mori Ôgai, 23h

Pour une fois dans la maison de Mori et Fukuzawa, et pour le plus grand bonheur de Mme Yamada leur voisine, c'était une soirée calme et silencieuse. Pour savoir d'où venait cette paix soudaine, il fallait bien sûr s'intéresser à ce qui se passait à l'intérieur de chez eux.

Dans le salon, un silence quasi-parfait régnait, à l'exception du murmure de la télé. La lumière tamisée de la pièce contribuait d'ailleurs en rendant l'ambiance plus sereine et reposante. Et là, assis sur leur canapé bien moelleux et confortable, étaient assis les deux hommes, deux tasses de chocolat chaud posées sur la table basse devant eux et leurs regards fixés sur l'écran du poste.

Alors qu'une agréable sensation de bien-être le gagnait tout entier, le mafieux sourit et cala un peu plus son corps contre son amant, alors qu'il reposait déjà entre ses jambes à demi repliées. Celui-ci resserra légèrement sa prise autour de ses épaules en guise de réponse, savourant la chaleur de son corps qui contrastait agréablement avec la fraîcheur de la nuit, et appuya sa tête au creux de son épaule. Ils reportèrent ensuite leur attention vers leur programme télévisé : un téléfilm de Noël dont aucun des deux ne saurait donner le nom.

N'allez pas croire qu'ils avaient choisi ce programme par passion inconditionnelle pour cette fête ou pour une quelconque raison valable. En réalité, ils avaient choisi par élimination.
En effet, ils étaient tous les deux rentrés du travail assez tard, et complètement vannés. Ils avaient mangés en vitesse, Éris était partie se coucher et était venu le moment de choisir le programme télé de la soirée. Comme souvent, ils étaient tombés en désaccord : l'ancien médecin voulait regarder une série policière sanglante alors que l'ancien garde du corps penchait pour un documentaire sur les chats. Comme ils se doutaient bien qu'ils ne pourraient pas trouver calmement un terrain d'entente et qu'ils n'avaient ni l'énergie ni l'envie de se disputer, ils décidèrent de regarder la première chose sur laquelle ils tomberaient au hasard.

C'est donc de façon totalement fortuite qu'ils avaient opté pour regarder ce film, qui faisait partie des programmes tournés à la hâte pour les ressortir pendant les fêtes sur les chaines gratuites. Ça racontait apparemment l'histoire d'une jeune fille esseulée qui rencontre le futur homme de sa vie dans un magasin avant de se faire psychanalyser par le Père-Noël : rien de bien original, en somme. En plus de ça, le jeu d'acteur n'était pas terrible. Mais bon, dans les bras de son conjoint avec un bon chocolat chaud, Mori avait fini par se dire que ce n'était pas si terrible, en fin de compte.

C'est vrai que, plus il y réfléchissait, plus il se disait que ce mois de Décembre n'avait rien à voir avec tous les précédents qu'il avait pu vivre. Pour lui, la période de Noël n'avait jamais été particulièrement réjouissante : le froid était plus que contraignant à tout point de vue, ses subordonnés travaillaient moins efficacement, le plus souvent ramollis par l'ambiance festive, et lui-même n'aimait pas cette saison. La température l'obligeait à porter plusieurs couches de vêtements et la plomberie de la Mori Corporation gelait souvent à cause du froid, ce qui provoquait des fuites d'eau. Non, vraiment, il n'avait jamais compris l'engouement des gens pour les fêtes de fin d'année. Du moins, jusqu'à récemment.

C'est vrai qu'avec le recul, son désintéressement total pour cette fête venait sûrement du fait qu'il avait toujours été seul. Enfin, il n'était pas exactement seul : il avait Éris, et ce depuis très longtemps. Elle avait toujours fait parti de lui, et ils partageaient tout, comme une seule et même entité. Mais par conséquent, elle ne pouvait lui apporter ce que lui même ne connaissait pas : la chaleur d'un vrai foyer.

Mais tous ces hivers passés dans le froid et la solitude, à prier pour trouver la paix sans même s'en rendre compte, tout cela était derrière lui maintenant : maintenant, il avait Fukuzawa.

Alors que le parrain sentait que son esprit s'égarait sur tous les moments de joies qu'il avait vécu récemment avec le patron de l'Agence, il fit un effort pour reporter son attention sur le film, même s'il se doutait que le scénario n'était sûrement pas complexe au point de nécessiter toute son attention.

Au bout d'un moment, il sentit le gris se détendre contre lui et sa tête s'enfoncer un peu plus dans son épaule, alors que sa respiration se faisait plus profonde et régulière. En bougeant à peine la tête, le brun vit que celui-ci somnolait. C'est vrai que depuis quelques temps, il avait pris l'habitude d'utiliser son cadet comme oreiller pour une raison inconnue, sûrement à cause de leur écart de taille, ce qui ne le dérangeait pas plus que ça, en fin de compte. C'était plutôt rassurant de sentir le corps imposant et rassurant de sa moitié contre lui, surtout la nuit.

Ledit oreiller prit garde de ne pas bouger pour ne pas le déranger et se concentra à nouveau sur le film qui touchait à sa fin. L'héroïne, qui s'appelait sûrement Brenda ou Kelly, récitait un discours totalement niais sous la neige devant la porte de la maison de son futur mari, qui lui s'appelait sûrement Brandon ou Kevin. Alors qu'elle lui annonçait, ou plutôt hurlait ses sentiments d'une voix aiguë, un torrent improbable de larmes s'écoulait de ses yeux, tellement que l'ancien médecin s'étonnait qu'elle ne soit pas totalement déshydratée. Puis au bout de quelques minutes de discours larmoyant où le spectateur ne savait pas trop s'il devait rire ou pleurer, Kevin/Brandon finit par décider apparemment qu'il lui pardonnait d'avoir douté de ses sentiments et finit par prendre Kelly/Brenda dans ses bras avant de l'embrasser longuement sous la neige.

Bien que la scène soit gnangnan au possible, Mori fut presque touché par ce moment. En réalité, les films romantiques trouvaient plus d'écho en lui depuis sa mise en couple, c'était une des nouveautés. Et NON, il n'avait pas pleuré devant "Titanic" : il avait juste eu une poussière dans l'œil.

Néanmoins, il contemplait tout de même la scène d'un œil critique. C'est vrai, après tout, Fukuzawa et lui n'avaient rien à voir avec ce genre de couples clichés : ils n'étaient pas aussi guimauves, à toujours s'embrasser ou à se tenir la main dans d'interminables balades dans des parcs au milieu des petits animaux, ou encore à s'inquiéter dès que l'un des deux ne rentrait pas, ou... Attendez une minute... C'est alors que le parrain de la Mafia portuaire se rendit compte d'une chose terrible : ils étaient devenus un couple mignon.

Ne pouvant garder son lourd constat pour lui tout seul, il demanda d'une voix anxieuse :

-Yukichi ?

-Hmm ? , lui répondit-il dans un murmure, sans lever la tête.

-Tu n'as jamais l'impression que notre couple va finir par devenir aussi cliché qu'un téléfilm de Noël ?

L'autre émis un son indescriptible comme pour manifester l'incompréhension de sa question étrange, et remua légèrement la tête avant de répondre d'une voix ensommeillée :

-Qu'est-ce que tu racontes ? Je ne pense pas qu'on soit spécialement clichés, et puis je suppose que tous les couples deviennent plus tendres avec le temps...

Mori fut légèrement troublé par ces paroles. Après tout, il avait peut être raison... Il n'était pas habitué à ce genre de choses, et c'était très nouveau pour eux deux, en fait. Mais son partenaire semblait affronter cette nouveauté beaucoup plus sereinement que lui, sans se poser questions, ou du moins sans le montrer.

L'affection n'était pas forcément cliché, il fallait croire... Il lui restait encore pas mal de choses et de nuances à comprendre.

Au bout d'un moment, le gris ajouta dans un souffle, sur un ton ironique :

-Et puis avec toi, rien n'est jamais aussi romantique, je te rassure.

Alors que le plus jeune prenait un air faussement outré, l'autre rit doucement contre lui et enfouit de nouveau sa tête dans son cou avant de cesser de bouger, l'air endormi.

Le brun sourit, attendri de voir que son compagnon acceptait de se reposer sur lui parfois, et reporta son attention sur le film alors que défilait le générique de fin sur une musique joyeuse. Ce film n'avait pas été si nul que ça, en fin de compte. Il allait vraiment falloir qu'il cherche le titre.

"Waiting for Christmas" calendrier de l'avant FukumoriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant