Jour 11 : Rhume

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RHUME 

Salut les poussins ! C’est le retour de Tata Cycla aux commandes ! Avouez que je vous avais manqué !

Donc on garde ses bonnes habitudes : on s’assoit, on s’attache et on ne perd pas son tiquet en attendant le départ du train !

Pôle Express Destination Noël : Rhume !

Profitez-bien et couvrez-vous bien pour ne pas tomber malade ;)

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Il avait honte de cette situation. Cela n'aurait jamais dû arriver. Il avait l'air beau, tiens, enroulé comme un morceau de saumon au milieu d'un maki sushi, tout ça parce que le karma avait décidé de lui faire une blague de très mauvais goût. Lui, un homme puissant, se tenant à la tête du monde de la nuit - et un médecin de génie, n'oublions pas de le préciser -, vaincu par un vulgaire rhume. Le monde ne tournait plus rond…

Et non, jamais il n'avouerait que la sortie au marché de Noël ait pu en être la cause. Tout ça car il avait attendu dans le froid et sans écharpe (ayant oublié la sienne chez lui) la fin de la rédaction d'un constat. Une sombre histoire de cordes et de caddie étant rentré dans une autre voiture, il ne s'en souvenait plus très bien. 

Il toussa deux fois.

Bon sang, sa tête tournait. Il voyait flou et avait froid, terriblement froid…

Le rajout d'une énième couverture ne lui fit aucun effet. Décidément, la vision de sa personne arborant un visage rouge, la couette remontée jusqu'au nez et ses membres tremblants, doublée de la présence du bol de tisane sur la table de chevet, devait être hilarante.

Il maudissait le monde entier. Surtout Elise (pour une fois) qui n’était pas atteinte elle-aussi. Fait d’ailleurs surprenant. Quoique, si Elise était la personnification de la part forte de son être, et qu’elle lui renvoyait toutes les faiblesses et maladies qu’elle pouvait attrapper… Hypothèse fort peu attrayante, mais à creuser. 

Il toussa encore une fois.

Il avait l’impression d’être Akutagawa. Maintenant il comprenait pourquoi son subordonné n’avait plus de voix et pétait souvent un cable en hiver. Voir sa maladie empirer et subir tandis que d’autres, Rintarou compris, il ne le cachait pas, se moquaient au détour de chaque couloir… Oui, c’était juste pénible.

Il avait chaud et froid. Était pris de malaise. Il tenta de porter une main à son front. En vain. Le membre tremblant retomba sous la couette à peine eut-il plié son coude. 

Rintarou n’était jamais tombé malade avant. Ou bien il avait dû occulter de sa mémoire tous ses souvenirs d’états grippaux. Habituellement, c’était lui qui se tenait aux côtés du malade, prévenant sa guérison…

Il adorerait avoir l’occasion de le faire avec Yûkichi. Mais bon, le “Loup argenté” possédait une véritable santé de fer. Il n’était même pas sûr qu’un mois entier en sibérie orientale vêtu d’un simple yukata lui provoquerait la moindre fièvre.

C’était rageant. Surtout les réactions de son entourage plus ou moins proche. Elise avait pigné pendant deux heures le matin-même en se plaignant de ne pas pouvoir sortir, tant et si bien qu’il avait dû demander à Fukuzawa d’appeler en renfort Hirotsu et Kouyou, ses deux employés les plus dignes de confiance, pour qu’il puisse leur déléguer du travail et qu’ils embarquent Elise pour la journée.

Sauf que.

Hirotsu avait accouru avec Gin, étant de patrouille avec elle lors de l'appel. La jeune femme n’avait pas fait de commentaires, mais le simple fait qu’elle connaisse désormais son adresse, gardée secrète aux yeux de tous à l’exception de rares élus (Kouyou, Hirotsu, Katai, Natsume et les hauts responsables au Département des Superpouvoirs), l’irritait. Mais ça allait, Gin était une jeune fille prometteuse et sérieuse. Non, le problème était venu de Kouyou, qui, revenant de ses courses de Noël, avait cru bon d’amener les personnes avec lesquelles elle les faisait. A savoir son petit-frère de coeur et l’amant de ce-dernier. Oui, la limace et le maquereau. Certes, elle avait bien tenté de s’en débarrasser, mais elle connaissait Dazai. Il s’était douté de quelque chose dès qu’on lui avait téléphoné, et il n’était pas homme à se laisser semer aussi facilement. Elle l’avait donc emmené comme supplément inclus dans le pack “Ôzaki Family”. Et dire que la parrain avait été furieux serait un euphémisme. Il aurait hurlé si sa gorge ne le faisait pas tant souffrir. Heureusement, les indésirables squatteurs n’avaient été accueillis que par Elise, et Kouyou, ayant pu voir le malade, lui avait promis que les deux jeunes se chargeraient de baby-sitter la fillette pour la journée. 

Mais il était sorti de cette expérience encore plus fatigué. 

Il toussa une… deux… trois… quatre fois cette fois-ci ! Il battait son record !

Il n’en pouvait plus. Il maudissait le monde. Il savait qu'il tomberait fatalement malade une fois dans sa vie. Et il fallait que ça lui arrive en cette période… Foi de Parrain de Mafia, plus jamais il ne sortirait sans écharpe !

Rouvrant ses yeux fermés au prix de lourds efforts, il promena son regard sur la pièce. Il n’en pouvait plus. Il n’arrivait même pas à dormir, et lire quoique ce soit le rendrait sûrement malade. Il ne pouvait même pas regarder un téléfilm ou une série bien sanglante pour se rafraîchir les idées. 

Et à ce moment précis, une main se posa sur ses yeux, les fermant doucement. Une paume fraîche, presque glacial pour lui en cet instant. Mais si réconfortante. Une main qui lui caressait doucement les cheveux pour le détendre. Une main appartenant à un corps grand, fort et bien chaud, au teint basané. Et un visage entouré d’une cascade de cheveux gris qu’il distinguait au travers ses paupières closes. Des yeux gris aciers et une bouche qui seraient en mesure de lui murmurer aussi bien des sarcasmes et des piques tels que “je t’avais dit de manger des oranges pour faire le plein de vitamines C”, que les douces paroles aimantes dont il le berçait.

“Tu n’es pas seul, je suis là. Je suis là Rintarou. Alors tu peux dormir. Tu peux te reposer, je ne te quitte pas.”

Rintarou soupira enfin d’aise. Son compagnon disait la vérité, il le savait. Alors, tout doucement, il se laissa dériver vers l’inconscience. Vers un monde où Morphée l’attendait à bras ouverts, heureux de le retrouver.

Et malgré sa température et sa perte progressive de contrôle et d’ancrage dans la réalité, une vérité subsistait : la main de Yûkichi était infiniment chaude et réconfortante.

FIN RHUME

"Waiting for Christmas" calendrier de l'avant FukumoriOù les histoires vivent. Découvrez maintenant