Ce qui ne se produisit jamais

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Soudainement il se produit une chose étrange. C'est comme si je pouvais voir Trevor assis à ma place en train de parler à Andrew le jour où il s'est donné la mort. Comme si je pouvais voir ce qu'il ce serait passé si Ally n'avait pas été présente.

— Vas-y Trevor, je t'en prie installe-toi.

    Celui-ci prend place.

— Alors qu'est-ce qui t'amène ici.

— Je ne sais pas... En fait si, mais c'est compliqué.

— Alors on peut commencé doucement, dis-moi, est-ce que tu viens ici parce que tu as des problèmes ?

— En quelque sorte... Dit-il en enroulant la manche de son pull autour de ses doigts, le regard baissé et fuyant.

— Et ces problèmes, ça fait longtemps qu'ils durent ? Où qu'ils ont commencés ?

— Un peu plus d'un an.

— Un an... Ça fait beaucoup. Est-ce qu'une personne en particulier te cause du tort ?

— Et bien à vrai dire, tout le monde.

— Mes tes amis, qu'est-ce qu'ils en pensent ?

— Mes amis ? Quel amis ? Je ne vois personne.

— Trevor, je te vois parler avec eux dans les couloirs.

— On ne parle pas, c'est plus compliqué que ça...

— Pourtant tu échanges beaucoup avec Bellamy Baker, tous les matins avant de venir en cours je vous vois parler dans les couloirs, non ?

— Bellamy Baker... Il me déteste.

    Andrew lève les yeux au ciel cherchant sans doute ses mots et il frotte sa barbe. Quant à Trevor, les larmes commencent déjà à déborder de son regard à l'approche de ce que va lui dire son frère, son directeur...

—  Alors, dis-moi, qu'est-ce que tu aimerais pour toi ? Qu'est-ce que tu penses avoir besoin ? Ce que tu voudrais changer. 

— Ce que je voudrais... ? Si je pouvais changer, je changerai tout. Et ce dont j'ai besoin... C'est que ça s'arrête.

— Que quoi s'arrête ? Demande Andrew en poussant la boite de mouchoir vers Trevor, pour que celui-ci puisse épongé les larmes sur ses joues.

    Il saisit aussitôt une feuille et tamponne ses yeux.

— Et bien tout. Les cours. Les gens. La vie...

— Tu veux que la vie s'arrête ?! Tu dis avoir besoin que la vie s'arrête ? Trevor, ce sont là des propos très grave, j'espère que tu en as conscience.

— Non ! Enfin si... J'en ai conscience. C'est pas ce que je voulais dire. Rétorque-t-il voyant l'état et le regard que lui jette son frère fasse à ces révélations glaçantes. Je veux dire que... Que j'ai besoin que ça s'arrête. Maintenant ! Je ne peux plus.

— Et qu'est-ce que c'est que ce : « ça » ?

— Et bien...

    Mon frère flanche en pleurs. Après tout, les enseignants ne sont pas toujours au courant de ce qu'il se passe vraiment entre les murs de leur école.

— C'est tout. Il jette un regard sur l'extérieur.

— Et dans ce « tout », tu veux également parler de la vie.

    Trevor reste un moment interdit. Puis poursuis tant bien que mal...

— Je ne sais pas... Je veux dire que... Tu ne t'es jamais dit que tu en avais assez de tout ? Que la vie n'en valait pas la peine ? Qu'à la force de voir tout ce noir il valait mieux en finir ?

— Non. Car je suis sûr qu'il y a un tas de choses qui mérites d'être vécus. Est-ce qu'il y a quelque chose en particulier que je pourrai faire ? Peu-être avec ces autres qui t'embêtent, par exemple.

— Tu ne peux rien faire, car si tu dis ou fais quelque chose...

— Les autres se moqueront de toi parce que tu es venu te plaindre et ça continuera encore.

— Exactement. Soupire-t-il à bout de force. Alors que dois-je faire ?

— Je pense que tu devrais ignoré, essayer de te faire des amis et d'ici quelques mois ce sera terminé.

— Tu veux dire, faire comme si de rien était ?!

— Oui c'est ça, et puis ça finira par s'arrêté.

— Tu as sans doute raison... 

    Malheureusement il n'a pas quelques mois. Trevor se lève, ne faisant qu'un bon de sa chaise, saisi son sac de cours qu'il avait déposé sur le fauteuil à côté de lui et se dirige en direction de la sortie.

— Trevor ! Attends, rassis-toi. Lance Andrew.

— Non, ça ne sert à rien, je pense que le message est très clair. On ne peut rien faire de toute façon. Alors je vais prendre sur moi, ne t'en fait pas.

— Mais attends on peut trouver une solution.

    C'est dommage, il était déjà parti. Trevor à attendu un moment dans le couloir pour voir si son frère ne le rattrapait pas. Il a fermé la porte juste derrière lui car Ally vient d'arriver. Il les entend rire depuis le couloir et s'exclamer de joie. Il n'y a plus rien à faire.

    Étrangement, je comprends que quoi que mon frère aurait fait, il était déjà trop tard pour lui. Mais Andrew, qu'en pense-t-il ?

— Trevor est venu te voir le jour où il s'est suicidé. Balancé-je à toute vitesse.

    Mon frère reste de glace face à ce que je lui dit.

— Oui... Enfin... Comment est-ce que tu sais ça ?

— Je le sais c'est tout. Mais ce que je sais aussi, c'est que tu l'as rejeté !

— Non ! S'exclame-t-il. Enfin... Je ne sais pas, c'est si compliqué, pourquoi est-ce que tu me dis tout ça ?

— Parce que tu aurais pu le sauver !

— Écoute Jasper, Trevor à fait ce qu'il a fait. Rien ni personne n'aurait pu l'en empêcher, le suicide est une chose des plus complexe. Il n'y a aucun moyen de savoir ce pourquoi il a fait. Personne ne pourra jamais le savoir.

— Et si je te disais le contraire.

— Comment ça ?

    Au même instant son ordinateur sonne. Je le regarde, lui faisant signe de regardais à son tour de quoi il s'agit. Lorsqu'il arrive sur son bureau il se rend compte qu'il vient de recevoir un mail de ma part, il l'ouvre et me regarde.

— Qu'est-ce que c'est que ça, Jasper.

— Ça... ? Et bien c'est ce que notre petit frère nous a laissé juste avant de mourir. Appuis sur play, écoute tous les enregistrements et tu comprendras.

    Je me lève et prends la direction de la sortie. Au même instant j'entends la voix de Trevor qui résonne dans tout le bureau.

Salut à tous, ici Trevor, Trevor Jencquel. Je ne sais pas si tu te souviens de moi ? Tout du moins, j'espère que tu ne m'a pas oublié ! Si c'est le cas, et bien laisse-moi te rappeler qui je suis. Enfin plutôt, qui j'étais...

Hé oui, c'est bien moi. En direct ! À présent, je vais te raconter toute l'histoire de ma vie. Et surtout... Ce pour quoi elle s'est arrêtée.

Ah oui ! Au fait, je suis toujours mort.

    Je me retourne brièvement pour voir la stupeur qui règne sur le visage d'Andrew, puis enfin, je quitte le lycée le coeur moins lourd. Tu peux à présent reposer en paix petit frère.

Dirty Little SecretsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant