8 - La soirée pyjama 4

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Pourquoi cette soirée ne pouvait-elle pas être normale ? Un Polaroïd accroché à son cou, debout sur les épaules de Billy et accroché des deux mains au rebord de la fenêtre, Steve avait l'impression d'être dans un mauvais film, un genre de comédie familiale à petit budget. Quoique celles à gros budgets soit en réalité souvent encore pires.  

Ils leurs fallait des photos, il leur fallait aussi ne pas être vu. D'où ce numéros d'équilibriste. Heureusement Steve ne pesait pas grand chose et Billy avait pris l'habitude de passer la majeur parti de ses journées à faire de la muscu, pour se libérer de l'hyperactivitée que provoquait parfois son traitement.

Il faisait froid dehors : l'automne cédait lentement sa place à l'hivers, et, sous les pieds de Billy, les feuilles qui bruissaient étaient les dernière à être tombées. Il frissonna et faillit lâcher Steve, qui avait déjà l'impression que le vent violent qui s'était levé faisait tout son possible pour le faire tomber. C'était vraiment ridicule ! Il n'osait pas imaginer la honte que ce serait si quelqu'un les surprenait : sur le point de tomber pour prendre des photos d'une bande de gamins. Ridicule, et un peu glauque. Si il était les voisins, il appellerait la police. 

Mais heureusement aucune lumière ne brillait aux façades voisines et, de toute manière, la nuit était trop sombre pour que quiconque les voit. Heureusement aussi, la chambre était tout de même assez illuminée pour que seul le reflet des enfants que Steve avait en face de lui soit visible de leur coté de la fenêtre. Il était néanmoins assez difficile pour lui qui les regardait pile dans les yeux, de se dire qu'ils ne le voyaient pas.  

Mais pendant ce temps, le jeu continuait. Certaines des bougies commençaient à fondre sur le sol, le visage maquillé d'une fillette était parfaitement visible sous la lumière violente de la lampe torche, et, au centre du cercle, un grand saladier rempli de bonbon était entouré de papiers vides. 

- Les sales gosses ! Ils ont caché les bonbons pour pas nous en donner !

- Écoute Harrington, t'as beau être ridiculement léger, je vais pas pourvoir tenir comme ça bien longtemps, alors dépêche toi de prendre ces foutus photos et redescend !

- Oui, oui. 

Mais pour pouvoir prendre les photos, Steve devait lâcher le rebord de la fenêtre, ce qui ne lui faisait pas trop envie. D'un mouvement brusque, il releva au maximum la tête et posa ses coudes sur ledit rebord, collant l'objectif de l'appareil contre le verre glacé. Billy, surpris, faillit le lâcher, et, raffermissant sa prise sur ses chevilles, le poussa vers le mur, de manière à se qu'il ne tombe pas en arrière. La tête de Steve alla donc cogner la fenêtre et plusieurs enfants se tournèrent vers lui, cherchant l'origine du coup et du juron qu'ils avaient cru entendre à sa suite. Ils finirent par se convaincre que leurs bougies avaient dû attirer un fantôme ou un démon, et se remirent à jouer comme si de rien n'était. Steve bénit leur manifeste folie et prit la première photo. 

Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que l'appareil fasse du bruit. Le claquement sec retentit entre les ombres et, encore une fois, dans la chambre chacun chercha l'origine du bruit. Steve grimaça, déjà sûr que leur stupide entreprise était foutue. Sans vraiment y croire, il se mit à gémir comme un fantôme, tout en prenant plusieurs photos à la suite, aussi vite que le lui permettait le Polaroïd. Et cela marcha. 

Sur le tapis de feuilles mortes, entre les pieds de Billy, les photos s'entassaient, presque indiscernable tant les teintes se confondaient. 

- C'est bon Harrington, ça suffit. 

- Ok, je descend. 

- Et comm-

Le souffle coupé, le californien sentit une masse lui tomber dessus, et s'écrasa sur le sol : en descendant de ses épaules, Steve lui était tombée dessus. 

Stranger LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant