Falling for you - Tome 1 [SOUS CONTRAT D'ÉDITION Hachette Romans]

• 1 •

(Faites pas attention à tous les commentaires durant le roman, car comme le début a changé, ils correspondent pas tous exactement à ce que vous pouvez lire 👀)

A L L I S O N

Aujourd'hui, c'est la rentrée. Soit le jour que je déteste le plus dans l'année, toujours source d'une profonde angoisse. Finit la douceur de l'été, retour au lycée, dans la foule d'adolescents inquisiteurs qui ne laisse jamais rien passer. Pour quelques heures, ça implique bien trop de choses. Sociabilité et apparence sont les maîtres mots de cet événement et les raisons pour lesquelles j'aimerais mieux ne pas m'y rendre.

Je fixe mon reflet une nouvelle fois dans le miroir derrière la porte de ma chambre et prends une profonde inspiration.

Ce n'est qu'un jour comme un autre, tenté-je vainement de me convaincre.

Mais mon anxieux de cerveau imagine tous les pires scénarios et m'empêche de relativiser. Ce traître rend même plus évidents à mes yeux les nouveaux boutons dus à mon stress qui se sont invités au-dessus de ma lèvre supérieure et mon menton. Pas un de l'été, et voilà que le seul moment où j'ai besoin d'être rassurée d'une quelconque manière par mon apparence, mon corps me joue des tours. Toutefois, le plus difficile reste la décision prise il y a déjà quelques jours : je porte la jupe rouge sang de mon uniforme, aux couleurs de mon école. Les plis sont nickels, la taille bien au-delà de la décence, mais ça n'empêche pas ma gorge de se serrer au fil des secondes où je reste fixée dessus. J'ai l'impression que ma cravate se referme autour de mon cou et l'air commence à manquer ; qu'au fil des secondes, mon corps se déforment avec le vêtement. Je remarque tous mes complexes, comme si une flèche clignotante les pointait sans scrupule. Je sais que je devrais simplement détourner les yeux, ne pas y penser, mais... plus facile à dire qu'à faire.

Une seconde de plus avec le reflet de mon corps arborant cette jupe me pousse à me changer, à littéralement une minute de mon départ programmé.

Je ne peux pas le faire, pas aujourd'hui.

Je retire le vêtement à la hâte, jurant d'avoir déjà enfilé mes chaussures. Les collants noirs suivent la jupe que je balance sur mon lit et je m'empresse d'attraper l'un des pantalons beige soigneusement pliés dans mon placard, que je m'étais juré de ne pas porter aujourd'hui. Mais la jupe est un pas de géant que je ne me sens pas de franchir ce matin, pas avec toute la pression qu'apporte déjà la rentrée. J'ai besoin de me sentir à l'aise, d'être rassurée, même un peu, par mon apparence.

Désormais changée, la boule dans ma gorge disparaît et un poids invisible se retire de ma poitrine. Je respire à nouveau.

Heureusement que dans mon lycée, la politique en matière d'uniforme est plutôt tolérante. Fille ou garçon, nous pouvons porter jupe ou pantalon, selon notre bon plaisir. Il n'y a pas de tenues attribuées à un genre en particulier pour éviter toute discrimination.

Un franc soupir m'échappe, avant que je ne me détourne de mon propre regard et quitte à la hâte ma chambre. Mon sac à dos en place, je file à mon arrêt de bus pour ne pas le rater.

Il ne manquerait plus que j'arrive en retard !

Accompagnée de la chanson Parents de YUNGBLUD dans les oreilles, je marche d'un pas soutenu, de peur que le bus passe avant son horaire. Le ciel est voilé par quelques nuages, l'air est frais, mais pour autant, aucune goutte de pluie ; je parviens même à percevoir un morceau de l'étendue bleue derrière son manteau bien terne. La météo aurait au moins pu faire l'effort d'offrir une de ces belles et incroyables journées ensoleillées de fin d'été. Au lieu de quoi, elle s'accorde fatalement à mon humeur.