Chapitre 5

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Je coupe l'eau de la douche. Mon corps, rougi par la chaleur, brûle d'impatience. Amener America dans ma suite était la première étape de mon plan. Maintenant, je dois l'impressionner et me démarquer du lot. Cela s'annonce plutôt facile ; je sais exactement comment plaire aux femmes, surtout celles dans son genre...

Ces dernières aiment détenir le pouvoir, contrôler la situation. Nous sommes pareils sur tant de points. La différence, c'est qu'elles n'ont jamais dû travailler pour gagner leur place. Elles ne connaissent pas la douleur d'arriver toujours second. Ceux qui naissent dans la soie ne se préoccupent que de leur petite personne. En haut de la hiérarchie, ils présument posséder tous les droits, comme si le monde leur appartenait... et je les jalouse presque autant que je les hais.

Un rire franchit ma gorge.

Quel hypocrite je suis.

À détester ce milieu et, en même temps, souhaiter ardemment l'intégrer.

Je passe une main sur le miroir afin d'essuyer la buée évanescente qui le voile. Après un rapide coup d'œil à mon reflet, j'asperge mon torse de parfum, puis enroule une serviette autour de ma taille. Je me demande si, de son côté, America a retiré sa robe ou si, au contraire, elle va m'ordonner de la lui enlever. Cette perspective me fait frissonner. Je n'apprécie guère obéir aux exigences de ces créatures narcissiques, mais ce soir, je céderai à chacune d'entre elles. Je lui offrirai ce challenge qu'elle paraît particulièrement adorer, sans la froisser. La rendre folle de moi, au point d'en redemander, jusqu'à éclipser de la compétition ses autres compagnons. Je veux être le seul qu'elle voie, le seul pour qui elle jouit à en avoir mal au crâne. Sinon, pourquoi accepterait-elle de m'aider en retour ? Pourquoi ne m'utiliserait-elle pas selon ses envies pour ensuite me jeter ?

J'ai appris de mes erreurs.

Un service pour un autre : voilà comment fonctionnent les gens dans le milieu du mannequinat. Ils recherchent la passion, un amant qui adhérera à leurs moindres caprices. Et moi, j'ai besoin que l'on me recommande à des personnes influentes. Mon corps contre leur pouvoir, une nuit en échange d'une faveur cruciale ; voilà comment j'atteindrai le sommet. Peu importe le chemin que j'emprunterai pour réussir, ce qui compte, c'est l'arrivée.

Je secoue la tête afin de chasser les quelques gouttes d'eau ruisselant de mes cheveux.

Tu peux le faire, Eli. Tu vas y arriver... tu parviendras à le surpasser.

Je prends une profonde inspiration avant de me diriger vers la porte et de l'ouvrir d'un coup sec. Pénétrant dans la pénombre, je m'attends à découvrir America sur le lit, là où je l'ai laissée en plan... mais elle ne s'y trouve pas. J'avance au cœur de la pièce, les paupières plissées.

Elle joue à cache-cache ?

— America ?

Aucune réponse.

— America ? répété-je, plus fort.

Toujours rien.

Je fronce les sourcils.

— Peu importe le jeu auquel tu joues, sache que ce n'est pas drôle.

Je crois percevoir un rire, faible comme le vent. Je m'approche de sa provenance, prêt à ce qu'elle sorte de nulle part pour m'effrayer ou s'adonner à je ne sais quel jeu sexuel supposément « érotique ». Cependant, le bruit provenait du couloir.

La panique s'empare peu à peu de moi et m'empêche de réfléchir correctement.

Elle ne m'a tout de même pas planté là ?

J'allume, scrutant chacune des pièces de ma suite avec la plus grande attention, à la recherche d'une robe rouge ou de longs cheveux bruns : que dalle.

Si, elle m'a vraiment planté là.

Je serre les poings si fort que mes jointures blanchissent.

America ne doit pas être partie depuis bien longtemps, peut-être ai-je encore le temps de la rattraper. Lui demander pourquoi elle m'a foutu un vent, la charmer. Bordel, la supplier de rester s'il le faut, n'importe quoi, mais je ne peux pas – ne dois pas – laisser cette chance me filer entre les doigts.

Mes jambes bougent d'elles-mêmes et foncent vers l'entrée. La main sur la poignée, je m'apprête à sortir lorsque je me fige dans mon élan en baissant les yeux vers mon accoutrement.

Putain, je ne peux même pas lui courir après !

Je jure en saisissant mon portable, puis remarque une petite note griffonnée sur une feuille blanche.

« J'ai reçu un appel urgent. Voici mon numéro (212-439-2424). J'adorerais dîner avec toi, demain. Dix-neuf heures, au Jean-Georges & Nougatine ? XOX, Mare. »

Espèce de petite...

America vient non seulement de me donner un nouvel ordre – pardon, un très bon conseil –, elle a également pris le dessus de notre relation. Certes, je suis habitué à ce genre de situation. Cette fois, en revanche, quelque chose me semble différent ; j'ai l'horrible sensation qu'elle s'amuse à mes dépens... et je déteste ça.

Je soupire en retournant dans la chambre, terriblement excité, avec ma main comme unique source de soulagement. Il semblerait que j'ai sous-estimé mon adversaire. Je devrai redoubler de vigilance.

Aucune chance qu'elle gagne la partie.


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The Ugliness of BeautyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant