Les indices

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Seconde s'était précipitée dans les bras d'Octavio ; cette étreinte inattendue manqua d'ailleurs de le déséquilibrer.
La petite fille fixait intensément son frère des yeux et accrochait ainsi son regard avec considération.

À ce moment précis, il n'y avait nul doute possible et nulle parole n'était nécessaire pour comprendre ce que ce regard voulait dire : il voulait tout dire.

«  Tu m'a tellement manqué ».

Après quelques instants, le jeune homme déposa Seconde à terre.

Ophélie, quant à elle, resta silencieuse face à ces retrouvailles frère-sœur. Elle se sentait heureuse pour eux : plus rien à présent ne séparait ces deux êtres liés par le sang.

Soudain, des pas commencèrent à raisonner au loin.

- Il vaudrait mieux sortir d'ici, annonça Octavio. Allons au Journal, nous y serons plus tranquilles.

- Je te suis.

Quelques minutes plus tard, le trio gagna le quartier général de l'hebdomadaire.

Ils montèrent ensemble au troisième étage : Octavio en tête du cortège, tenant fermement la petite main de sa sœur comme s'il craignait qu'elle ne disparaisse à tout instant ; Ophélie, à leur suite, tentant désespérément de replacer son turban sur sa tête, ne cessant constamment de gigoter.
Sûrement était-il imprégné de l'excitation de sa propriétaire, à ce moment précis.

Pendant qu'elle montait les escaliers menant aux appartements d'Octavio, Ophélie demeurait songeuse. De nombreuses pensées lui venaient à l'esprit, vis-à-vis de cette enfant dont elle espérait tant :

« Seconde m'épate, est-ce son pouvoir de visionnaire qui lui permet de prédire l'avenir ? »

« C'est injuste que Lady Septima ait décidé d'isoler de cette façon sa fille, juste parce qu'elle était différente... elle ne méritait pas de passer son enfance dans cet observatoire décharné. Personne ne le mérite, de toute façon » ...

« Seconde est une enfant tellement mystérieuse, imprévisiblement prévisible et réservée. Mais elle a toujours su manifester une certaine envie de m'aider dans mes objectifs... j'espère qu'une fois de plus - plus encore que jamais - elle l'acceptera de nouveau » ...

« Seconde est comme lueur d'espoir pour moi, une petite lueur dans ce monde devenu insipide depuis que Thorn n'est plus là. Sans elle, je n'aurais sûrement aucune chance de le retrouver.  J'ai tant besoin d'elle. Elle demeure mon seul espoir » ...

Au bout de 6 escaliers montés et de 135 marches grinçantes échelonnées, les jeunes gens atteignirent un petit couloir menant à une porte en acajou, sur laquelle était placardé :

« Appartements privés du rédacteur en chef - please, do not disturb »

Octavio dégaina un petit trousseau de clés de son uniforme, déverrouilla la serrure et ouvrit la porte.

- Please, s'enquit-il avec un signe enjoué de la main, après vous, je vous en prie !

Seconde et Ophélie entrèrent donc les premières et débouchèrent sur un petit salon.

Un grand tapis persan de couleur écarlate recouvrait le parquet. En son centre, une table basse était entourée de fauteuils,de multiples coussins et de poufs couleur safran. De fins rideaux de mousseline voilaient subtilement les fenêtre de l'espace, et de nombreux autres meubles en acajou décoraient élégamment cette petite pièce conviviale.

【 𝐋𝐀 𝐏𝐀𝐒𝐒𝐄-𝐌𝐈𝐑𝐎𝐈𝐑  】𝐒𝐄𝐐𝐔𝐄𝐋 𝐃𝐔 𝐓𝐎𝐌𝐄 𝟒  Où les histoires vivent. Découvrez maintenant