【 𝐋𝐀 𝐏𝐀𝐒𝐒𝐄-𝐌𝐈𝐑𝐎𝐈𝐑 】𝐒𝐄𝐐𝐔𝐄𝐋 𝐃𝐔 𝐓𝐎𝐌𝐄 𝟒

Mr Lewis

Grâce à l'aide inestimable de la petite Seconde, Ophélie possédait maintenant de nombreuses cartes en main pour espérer ramener Thorn sur Babel.

C'est ainsi qu'elle se mit en route, plus obstinée que jamais à sortir une bonne fois pour toute son mari de cet Envers.

Il était midi, heure de pointe.
Les tramoiseaux étaient bondés et il y avait foule dans les rues.

Le pas de plus en plus pressé, Ophélie se faufila entre les nombreux tac-si, les cyclistes et les piétons sûrement affamés et déjà saturés de leur matinée de travail.

La petite animiste marchait tellement vite qu' Octavio et Seconde, qui la suivaient pourtant de près, la perdirent de vue à plusieurs reprises dans la cohue.
Heureusement que l'écharpe était là, brassant éperdument l'air de ses franges laineuses pour tenter de leur faire signe au loin.

À une vitesse aussi pressée, les trois acolytes arrivèrent en moins de quinze minutes, top chrono, devant leur nouvelle destination : la vitrerie-miroiterie de Babel.

Ils entrèrent.

- Nous t'attendons ici, suggéra Octavio, tu sauras mieux que nous choisir le bon miroir.

Ophélie acquiesça sans vraiment prendre le temps de se retourner.
C'est ainsi qu'elle s'engouffra tout au fond de la boutique, et tout au fond de ses pensées...

« Tout ceci s'est déjà reproduit auparavant : à ce moment-là, c'était une sacrée erreur. À présent, c'est un devoir que je me dois d'accomplir »

« Quel éternel recommencement... vivement que tout revienne en ordre. Thorn, je ne t'oublie pas... bientôt nous serons de nouveau réunis »

« Etablir une connexion entre les deux mondes était faisable il y a un temps, faire entrer et sortir des personnes de l'Ancien monde l'étais également »

« Et pourquoi ne réussirais-je pas à réitérer cette « expérience », consciencieusement cette fois-ci ? »

« Oui, je le ferai. Et oui, je réussirai. Pour toi, Thorn ».

- Excuse me, miss !

Cette voix fluette si soudaine se répercuta dans le crâne d'Ophélie tel un signe de rappel à la réalité.
Celle-ci zieuta tout autour d'elle afin de donner un visage à cette voix : elle appartenait en fait à celle du vitrier en charge de la boutique, un monsieur d'âge  plutôt mûr.

Si brusquement ressortie de ses pensées, la vue de cet homme la surpris, tant bien qu'elle se cogna le front a un petit miroir en de retournant.

- Ouille... euh, oui ? Pardon ?

- Je vous demandais si vous aviez besoin d'un quelconque renseignement ? Mais vu votre démarche décidée, vous me paraissez déjà savoir ce que vous voulez, huhu ! s'enquit le vendeur.
Puis-je quand même me permettre de réitérer ma question : May I help you jeune lady ?

Ophélie s'avança et sortit de la pénombre de la pièce pour s'adresser à son interlocuteur plus convenablement. Les fins rayons du soleil transperçaient la baie vitrée de la pièce pour venir de réfracter sur le visage tanné d'Ophélie. Son teint paraissait soudain plus diaphane et plus lumineux.

- Excusez-moi, monsieur. Effectivement, euh, je suis à la rentrée d'un grand miroir, si possible un psyché.

Le petit homme sembla soudain interloqué, avait-il bien saisi les paroles d' Ophélie ?

- Pardonnez ma tête étonnée, mais votre tête me dit quelque chose... Mouis... Je crois soudain me souvenir de vous.

Il y a peu de temps, j'ai aperçu une petite demoiselle dans ma boutique, mais je ne l'ai jamais vue en ressortir. Ce qui m'a également turlupiné, c'est que cette personne portait un grosse écharpe comme celle que vous portez au cou, ce qui est peu commun sur une arche au climat aussi chaud qu'à Babel. À vrai dire, on attrape rarement d'angine dans le coin. Mais je me trompe peut-être de personne huhu !