4th

272 49 20
                                    

– Doux Jésus... J'ai fini.

Hwanwoong releva la tête d'un coup, lui qui commençait à légèrement s'ennuyer, semblait maintenant à un petit enfant dont on avait promis une glace à l'eau.

Il se releva précipitamment du canapé sur lequel il était assis et se dirigea à petit pas vers le peintre qui essuyait son front transpirant. Il ne faisait pas spécialement chaud dans le petit studio mais pendant qu'il peignait les traits durs de Hwanwoong, il n'avait fait que retenir sa respiration, comme si l'acrylique qu'il avait appliqué sur sa toile était un château de cartes fragile.

– Tu la trouves comment?

Ce n'était pas un chef-d'oeuvre, d'ailleurs le plus jeune ne pouvait tout simplement pas placer de mots sur la toile qui se trouvait en face de lui. On voyait en un seul regard que Youngjo s'était sûrement infligé plusieurs crampes au poignet pour réaliser celle-ci. La souplesse et la finesse du trait faisait le charme de ce dessin aux couleurs froides et chaudes, un mélange qui paraissait étrange mais qui, si il est bien manié faisait de lui une pièce incroyable et enchanteresse.

– C'est... Magnifique.

– Ouf... merci beaucoup.

– Mais...

– Hm?

– Je suis en département photographie donc je ne m'y connais pas vraiment en matière de peinture... Mais, malgré que la technique soit bien présente dans cette toile, je ne ressens rien en la regardant. Ce n'est peut-être qu'à cause de mon expression, mais... voilà.

– Je vois...

Hwanwoong avait raison. Youngjo était connu pour sa technique juste incroyable mais les gens ne ressentaient rien en regardant ses toiles. Quand il peignait, il se concentrait seulement et uniquement sur son pinceau, un vaisseau qui traversait l'espace si vite mais qui n'avait aucune destination.

– Merci pour ton commentaire.

– Mais ce n'est pas pour autant que la toile est pas belle hein! Elle est magnifique.

– Hm...

Hwanwoong se rongea les ongles de peur d'avoir blessé le peintre avec ses mots, ce n'est pas du tout ce qu'il voulait, au contraire. Le plus vieux se releva de son tabouret de fer et analysa longuement sa toile avant de retirer celle-ci du chevalet. Il fallait maintenant attendre qu'elle sèche.

– Tu la veux ?

– Hein ?

– La toile.

– Oh, hum... tu peux la garder.

– Ok.

Le noiraud alla déposer cette dernière dans un coin de la pièce, puis revenu vers Hwanwoong. Les deux jeunes hommes étaient maintenant face à face, le silence était bruyant, la chaleur était glacée, et leurs yeux s'accrochaient comme deux aimants amants (NDA : j'espère que je vous ai pas perdu...).

Ils reprirent bien vite leurs esprits, Hwanwoong devint rouge comme une tomate tout juste cueillie et Youngjo tourna rapidement les talons pour aller chercher quelque chose dans la poche de son long manteau. Il revint ensuite vers le plus petit et lui tendit plusieurs billets sous ses yeux perdus.


– Tiens.

– Mais tu es fou ma parole, pourquoi tu me tends ça ?

– Bah... tu as quand même épuisé de ton temps juste pour satisfaire un de mes désirs...

Le brun regarda longuement son interlocuteur, un gloussement, et puis deux, sortirent d'entre ses lèvres. Il finit bientôt par se tordre le ventre de rire alors que Youngjo ne comprenait et ne trouvait pas la raison de ce fou rire. Il avait toujours payé ses muses, c'était normal pour lui.


– T'es trop marrant... j'ai, épuisé de mon temps comme tu le dis, car j'en avais envie, pas pour recevoir quoique ce soit en retour. Aller, garde cet argent pour acheter des sucettes.

La bouche du plus grand s'étira en un faible "o" tandis que ses yeux voyageaient des billets d'un montant de treize mille wons (NDA : environ 10€.) aux yeux encore larmoyants de Hwanwoong qui se remettait toujours de ce fou rire.


Youngjo alla alors ranger les billets et revint vers le plus jeune qui commençait tout juste à ranger ses affaires. D'un coup, le peinture s'inclina à quatre-vingt-dix degrés, les bras le long du corps, ce qui fit sursauter le brun.


– M-Mais qu'est-ce que tu fous encore...?

– Peux-tu devenir ma muse ?

PORTRAIT - rawoongOù les histoires vivent. Découvrez maintenant