Chapitre 5: je pense que je vais arrêter de mettre des précisions dans le titre

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J'ouvre ma porte d'entrée et tombe nez à nez avec le même bazar que j'ai découvert il y a un peu moins d'une heure. Je me dirige directement vers la salle de bain pour prendre un disque de coton avec lequel je pourrai appliquer le produit désinfectant. Je prie intérieurement pour que Matteo n'ait pas fait de bêtise. Je parle de lui comme s'il avait 4 ans mais je pense sincèrement que son niveau de maturité se rapproche de cet âge là.

Une fois le matériel nécessaire en main, je continue ma route en direction de ma chambre.

J'ouvre la porte d'une main tremblante pour entrer dans une chambre vide. La fenêtre donnant sur mon balcon est ouverte et je peux distinguer une silhouette sur celui-ci.

Il se retourne brusquement et laisse tomber la cigarette qu'il était en train de porter à sa bouche de sa main intacte. Son bras gauche saigne toujours, certes moins, mais la quantité de sang coagulé sur son bras et par terre ne présage rien de bon. Et lui, dans cette situation, la première chose qui lui vient à l'esprit c'est de sortir sur le balcon pour fumer? Il a l'air bizarrement très serein, comme si rien ne s'était passé. Il est, d'une certaine manière, jamais gêné.

Je ne supporte pas de voir du sang et je me sens déjà mal.

J'ai peur de me rapprocher de lui, il a peut-être élaboré un plan lors de mon absence? Puis, après maintes hésitations, je me décide finalement d'aller le rejoindre sur le balcon pour en finir au plus vite. Il me regarde avec de gros yeux alors que j'enlève le bouchon du flacon de produit désinfectant.

"Tu fous quoi!?

- Bah il faut bien désinfecter, c'est dégueu, là.

- T'es mignonne ma p'tite mais c'est déjà du sang sec alors ça sert plus à rien."

Je ne lui réponds pas et mets du produit sur un disque de coton puis le pose sur sa plaie avant qu'il ne puisse réagir. Il grimace et je ne peux retenir un éclat de rire en voyant son expression faciale.

"Ta gueule, ça fait mal!"

Je ne réagis pas et continue de désinfecter la plaie. J'enroule ensuite le bandage blanc autour de son bras et il est presque instantanément tâché de sang. Je sens son regard accusateur sur moi lorsque j'appuie accidentellement trop fort sur sa blessure.

Puis, ayant fini mon travail, je me recule et remarque qu'il me fixe toujours, mais la colère a disparu de ses yeux. Au contraire, je peux y apercevoir une lueur de tristesse? De nostalgie? Ou peut-être de jalousie?

D'où vient-il? Que fait-il ici? Fait-il partie d'un gang? A-t-il une famille? Pourquoi me suivait-il? Toutes ces questions sans réponse pèsent de plus en plus lourd dans ma tête.

"Tu viens d'où? Que fais-tu ici? Tu fais partie d'un gang? Et ta famille? Pourquoi est-ce que tu me suivais? je l'interroge comme pour mettre mes pensées à l'oral.

- Crois-moi tu veux pas savoir.

- Si.

- Ok. Alors j'ai été viré de chez moi quand j'avais 14 ans. J'ai ensuite rejoint un gang en pensant qu'ils pouvaient m'aider...

- Pourquoi? je le coupe.

- Peu importe. Et après j'ai été inclu dans leurs trucs malsains...

- Quels "trucs malsains"?

- C'est le maître, il nous donne des tâches à accomplir et...

- Qui? Quelle sorte de tâches?

- Tu sais quoi, laisse tomber. Tu peux pas comprendre. T'es encore qu'une gamine qui ne connaît rien du monde extérieur, me crache-t-il."

Au même moment, mon portable se met à sonner, ce qui m'empêche de riposter. C'est ma mère. Je décroche.

"Allô !?
- Oui, ma chérie, c'est maman. Comment ça va, tu as réussi à trouver des pansements et du désinfectant?

- Oui, maman tout va bien. J'ai plus mal du tout.

- Tu veux dire que tu ne sens plus rien? Ton doigt est paralysé?

- Non, maman tout va pour le mieux. Je te laisse j'ai plein de devoirs à faire."

Je raccroche sans attendre la réponse et me retourne vers Matteo. Il a la tête baissée et je sais à quoi il pense. Il croit que j'ai ma petite vie de rêve avec des parents riches qui aiment leur fille, qui de son côté va au lycée tous les jours et qui n'a en tête que les nouveaux gossips de l'école, insouciante des problèmes de la vie et des autres. Et il a raison. Je ne me suis jamais posé de question sur la vie et les moyens des autres, ceux qui ne rentrent pas dans le tableau parfait et ambitieux dans lequel les professeurs, les parents et le gouvernement veulent nous inclure.

Un sentiment de culpabilité m'envahit soudainement, en même temps qu'une sorte de rage d'être aussi impuissante et ignorante. Attendez...
Je suis vraiment en train de ressentir de l'empathie envers quelqu'un qui, il y a à peine quelques minutes, essayait de cambrioler mon appart?! Toute cette histoire m'a réellement chamboulé l'esprit.

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Salut! Voici un nouveau chapitre, j'espère qu'il vous plaira !!

Ok.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant