Chapitre 3 : là on peut dire que c'est vraiment intéressant

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Je m'aventure lentement dans mon appartement le plus discrètement possible, même si je suis presque certaine que la personne en raison de ce chaos est déjà partie depuis très longtemps.

Celle-ci n'a pas fait les choses à moitié : tout a été retourné, détruit, l'écran de ma télévision est par terre, cassé, l'ordinateur portable que j'avais laissé sur la table du salon ce matin a disparu, les coussins du canapé sont déchirés. Ils y a une multitude d'objets par terre, inutilisables.

J'entends des bruits venant de ma chambre. On dirait que le cambrioleur n'a pas été assez efficace. Je me demande qui a décidé pour les horaires. Un vendredi soir à 18h, au moment où tout le monde se dépêche de rentrer chez soi pour profiter du week-end. Selon moi, c'est l'organisation idéale pour se faire prendre.

Je suis là plantée dans le salon, pendant qu'un inconnu est en train de fouiller ma chambre pour y prendre mes objets de valeur. Il faut que je me ressaisisse, et vite!

Sans réfléchir, j'ouvre un tiroir de la commode de ma cuisine et me saisis d'un couteau. Ça peut toujours servir. Je me dirige ensuite à vive allure vers ma chambre. Chaque pas pèse lourd, comme si mon inconscient voulait me dire de m'arrêter sur le champ. Je ne sais pas ce que je fais mais je continue à marcher pour enfin atteindre la porte de ma pièce préférée dans cet appartement.

À vrai dire, ma chambre me correspond parfaitement : un mur gris clair et les trois autres blancs, de la moquette toute douce, un tas de photos sur les murs... C'est mon petit cocon à moi et là, quelqu'un est entré à l'intérieur sans ma permission pour voler mes affaires!

Cette pensée me fait revenir à la réalité. Un intrus était en ce moment même dans ma chambre! Je dois reprendre mes esprits.

OK. Je vais la jouer cool et essayer de faire croire que je suis une femme "forte" (ce n'est pas vraiment le cas mais c'est l'impression qui compte).

Je peux distinguer la silhouette du cambrioleur grâce à la porte  entrouverte. Il porte une sorte de collant sur la tête qui m'empêche de distinguer son visage. Une question à laquelle je n'avais pas encore pensé me traverse l'esprit. Est-il armé ? Je l'observe de la tête aux pieds. Il ne semble pas avoir d'objet dangereux sur lui.

Soudain, ayant sans doute terminé son travail, l'homme se retourne et pousse un petit cri de surprise en me voyant le regarder.

Oubliez ce que j'ai dit à propos des femmes fortes et tout ça. À cet instant, je pense que je vais plutôt opter pour la panique. Je commence à reculer à pas lents, toujours en fixant l'inconnu.

En fait, je pense que j'ai une idée. Sans réellement prendre conscience de ce que je fais, j'attrape la clé de la porte de ma chambre qui traînait sur la table basse et la ferme avec.

OK. Récapitulons. Je viens d'enfermer un cambrioleur dans ma chambre. Je n'ai aucun plan à partir de là. Soudain, il commence à frapper à la porte comme si sa vie en dépendait (à vrai dire c'est un peu le cas).

"S'il te plaît! N'appelle pas la police! Tu sais pas qui je suis! Si tu portes plainte on peut te retrouver et on peut... heu... faire beaucoup de choses... et heu... ben... Tu sais pas à qui t'as affaire!"

Bizarrement pas assez pour m'intimider. Voyant qu'il n'est pas du tout confiant, je prends mon courage à deux mains et me remémore l'idée de femme "forte" pour laquelle je voulais me faire passer. Je vais tenter de faire preuve de sarcasme.

"Oulalaa mais j'ai tellement p-peur". Je bute quand même sur le dernier mot mais je pense qu'il a peur également et que mes erreurs de prononciation ne sont pas ses soucis les plus importants en ce moment.

"Et tu d-devrais car je suis heu... pas n'importe qui moi!"

Assez ridicule. Ça se voit que c'est la première fois qu'il fait ce genre de trucs. D'après sa voix, il a l'air assez jeune et ça me rassure.

L'inquiétude monte tout de même peu à peu en moi lorsque je me demande ce que je ferai après. Appeler la police? J'aurais de la peine pour lui. Mais sinon, quoi faire? Le laisser à l'intérieur? Heureusement (ou malheureusement, je me sais pas trop, là), mes parents ne reviennent que mercredi soir mais que faire pendant ce temps là?

L'inconnu dans ma chambre recommence à marteler ma porte de ses poings

"Je t'ordonne d'ouvrir cette porte et n'appelle pas les flics sinon tu vas voir ce que tu vas voir!

- Vous êtes armé? je lui demande

- Non... heu... je veux dire si... si je suis lourdement armé!

- OK. Je vais pas appeler la police et on va trouver un accord commun, compris? je demande, tentant d'être autoritaire."

Je n'attends pas la réponse  et déverrouille lentement la porte pour me glisser à l'intérieur et la referme aussitôt derrière moi.
Tout d'abord, pour avoir un maximum d'autorité, il faut que je le tutoie.

"Premièrement, enlève ce collant de ta tête, c'est ridicule, je lui ordonne"

Il s'exécute et retire sa cagoule improvisée. Ce que je vois me laisse bouche bée.

Ok.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant