Ok.

Chapitre 2 : ça commence à devenir un peu intéressant

Plus que 30 secondes avant la sonnerie ! Je tape un sprint en direction de la salle d'histoire géo. Encore 200m et j'y suis!
J'évite de justesse des dizaines d'élèves venant de la direction opposée.

Je continue ma course lorsque je me cogne assez violemment contre quelqu'un. Je lève les yeux pour découvrir la raison de mon arrêt soudain. C'est un élève de terminale aux yeux verts et aux cheveux bruns.
"Fais gaffe où tu mets les pieds! me lance-t-il."
Ça sonne. Je me retourne et marche donc vers la vie scolaire, sachant que je vais devoir aller chercher un mot de retard avant de pouvoir aller en cours.

Quand la distance de sécurité est rétablie entre nous, je jette un regard en arrière. L'objet de mon retard n'a pas bougé d'un poil.

Derrière moi, la porte du secrétariat du lycée s'ouvre sur la directrice.
"Matteo, c'est bien ça ? demande-t-elle, une once de dégoût dans la voix. Ton comportement a été inacceptable en cours de français, et d'après Mme Lefranc, il s'est reproduit à plusieurs reprises."
Je retiens un éclat de rire lorsque j'entends le nom de Mme Lefranc.

Bref, revenons à nos moutons. Sur le chemin vers la vie scolaire, je croise Enzo, un autre garçon débile de ma classe. Pourquoi n'est-il pas en cours? Je suis sûre qu'il sèche, comme d'hab.
"Pourquoi t'es là? je m'informe.
- Bah on a pas cours! Tu savais pas?"

Soulagée car je n'avais pas fait mes devoirs, je me dirige vers le portail pour enfin sortir de cette prison.

******

Et voilà, je suis encore en retard! J'ai SVT en première heure et c'est pas la première fois que j'arrive trop tard. Là je suis sûre d'avoir un mot dans le carnet.

J'arrive par miracle à passer le portail avant la sonnerie. Je passe au casier en 30 secondes et cours de toutes mes forces pour arriver à l'heure. M'apercevant que je vais dans la mauvaise direction pour aller en salle 58, je me retourne et constate avec un léger sursaut que quelqu'un se trouvait à moins d'un mètre derrière moi.
"Alors on est toujours en retard? se moque de moi l'élève de terminale que j'avais rencontré hier.
- Tu me suis? je lui demande.
La sonnerie retentit
- C'est trop dommage, je dois y aller, je lui dis ironiquement en m'en allant.
- Et fais attention où tu marches! me crie-t-il après.

Je l'ignore et continue ma course pour arriver toute rouge et essoufflée en cours d'SVT.
"Et bien ce n'est pas trop tôt, me reproche la prof. Je vous ai déjà noté absente, vous pouvez donc redescendre pour aller chercher un mot de la vie scolaire."
Je ne prends même pas la peine de formuler une quelconque réponse et redescends les 3 étages me séparant du rez de chaussée.

Comme si tout cela ne suffisait pas, je recroise "Matteo" (si mes souvenirs sont exacts) dans les escaliers. Je décide de faire comme si je ne l'avais pas vu mais cette stratégie ne fonctionne pas longtemps car quelques secondes plus tard, il se rémet à me suivre.
"Pourquoi est-ce que tu me suis? je lui demande sans me retourner
- Je te suis pas! il ment
- Alors pourquoi es-tu toujours derrière moi?
- C'est une coïncidence."

Génial. Donc en fait il est juste complètement stupide. Il croit vraiment que je crois qu'il croit que je le crois ?

     ******

Je toque à la porte du bureau des profs d'SVT.
"Entrez! retentit une voix de l'intérieur. Ah! Mlle Louise, dit ma prof d'un ton sadique. J'espère que cette retenue d'une heure vous apprendra la ponctualité! "
Je m'assois sur une chaise à côté d'une table bancale et sors une feuille pour faire l'oeuvre d'art classique de l'élève  qui consiste à colorier 1 carreau sur 2.

Contrairement à mes attentes, l'heure passe plutôt vite et je peux donc enfin rentrer chez moi. J'habite depuis 2 ans dans un appart au 8ème étage d'un immeuble assez récent dans le centre ville avec mes parents, mais puisqu'ils ne sont pas là cette semaine, j'ai tout pour moi!

Au moment où je traverse le couloir menant à ma porte d'entrée, un frisson me parcourt toute entière : la porte est ouverte. Et mes parents sont censés revenir dans 5 jours.

Je prends mon courage à deux mains et entre pour tomber nez à nez avec un bordel monstrueux.