Anam Cara

Chapitre 1

Ily Prigent

Mes parents, tout sourire, m'avaient guidés jusqu'au salon où je découvris avec stupéfaction une paire d'oreilles dépassées d'un couffin au coin de la cheminée. Je m'approchais à petits pas pour ne pas l'effrayer et aperçu la pointe de son nez suivre le mouvement. Tout prêt, je m'accroupis et plongea ma main dans son petit nid douillet pour rassurer le chiot d'une tendre caresse.

-Depuis le temps que tu nous bassiné avec ton border collie, le voilà. Fit ma mère les yeux rieurs.

-Comment comptes tu appeler ce petit gars ? Ajoute joyeusement mon père.

Je n'avais pas hésité longtemps, ma réponse était toute faite.

-Ce sera Jack !

Mon compagnon au joli pelage bleu merle frotta amoureusement sa petite tête contre ma main comme si il comprenait et qu'il apprécié son petit nom.

-Ça a l'air de lui plaire.

Nous rions de bon coeur avant de tous venir le chouchouter.

-Wouah tes parents ont fais fort pour tes dix-huit-ans ! S'écria Enora après avoir écouté le récit de mon anniversaire. 

-C'est vrai, je n'arrête pas de les remercier à tout bout de champ depuis et ils commencent à en avoir marre je crois. Ricanais-je en repensant à la mine exaspérée de mes parents. 

  Nous continuons à faire les éloges de Jack jusqu'à ce que j'aperçoive la mine de mes meilleures  amies se fermer. Sans un mot je suis du regard là où le leur se porte et c'est quand je le vis me fixer au loin que je regretta de l'avoir fait. Daniel, mon ex, m'observait de ses yeux pervers et cette vision me fit froid dans le dos, je me détourna presque immédiatement.

-Non mais il va détourner ses putains d'yeux ce psychopathe ? S'énerva Sterenn, la mâchoire serrée. 

Je pose ma main sur son épaule pour que mon amie se détende et  souris tristement face au comportement protecteur que celle-ci a à mon attention. Sterenn n'est pourtant pas le genre de fille à parler vulgairement mais il y a des moments ou son coté sage et studieux s'évanouit pour laisser place à une facette d'elle qui ne laisse aucune place à la pitié. 

-Aller rentrons. Décide finalement Enora. 

Je salue les deux filles avant de marcher jusqu'à l'arrêt de bus d'un pas indolent. Monter dans cette conserve à quatre roues ne m'enchantai pas pour le moins du monde pourtant elle était mon seul moyen de déplacement malheureusement. Entre les gens qui te collent un peu trop, ceux à l'odeur nauséabonde qui empestes ton espace vital et les idiots qui viennent t'accoster d'une façon complètement stupide, j'en avais ma claque. 

Lorsque le bus arriva j'y monta non sans un soupire et démarra ma musique pour me divertir un temps sois peu pour les vingt prochaines minutes. 

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La grande brune sortit du bus avec entrain et lorsqu'elle poussa la grande porte en bois de son entrée, une petite boule de poils lui sauta dessus en aboyant. 

-Tu vas le promener pendant que je fais à manger ? Lui lança sa mère depuis la pièce voisine.

Ily lui répondit distraitement en enfilant son harnais à Jack puis quitta la demeure familiale. L'adolescente tourna à l'angle de sa rue avant d'emprunter un sentier sinueux dont elle connaissait les moindres recoins, débouchant face à la baie de Saint-Brieuc qu'elle chérissait tant. La baie était son petit coin de paradis, son havre de paix. Elle aimait s'y rendre et tout particulièrement le soir lorsque le soleil se couché derrière les vagues. Ily détacha la laisse du jeune border qui eu plaisir à venir l'éclabousser dès qu'elle fut assise au bord de l'eau. Elle posa un œil admiratif devant la beauté du décor et s'amusa à laisser mourir les vaguelettes sur ses pieds. Après réflexion la brunette sortit son portable de sa poche et prit la scène idyllique en photo, se promettant de la mettre sur toile à son retour chez elle. 

Parce que si Ily était passionnée par une chose c'était bien la peinture et plus particulièrement celle des paysages. Peindre était son seul moyen d'évasion et lorsqu'elle avait redoublée son année de Terminale, venir retracer chaque recoins de cette baie à l'acrylique était devenue une habitude chaque matin de Juillet à Août. 

Alors que le ciel emporta ses nuances rouges et roses dans un gris sombre, Ily décida qu'il était temps de rentrer. 

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Je somnolais allongée sur mon lit king size, dans ma chambre, bercée par la mélodie de Lovely jouée à la harpe et un doux sentiment vint apaiser mon coeur balafré à l'écoute de ce majestueux instrument. Je repensais à Daniel, aux douleurs qu'il m'avait causé. Je repensais aussi au fait que si j'avais redoublé c'était entièrement sa faute. Découvrir qu'il me trompé de puis qu'on était ensemble, soit un an, m'avait anéanti. Mais encore, cela je le lui avais pardonné je ne sais comment. Mais quelque temps plus tard, il y eu cette parole de trop. Et ce geste de trop. Tout ce méandre douloureux avait mené à notre séparation et j'avais alors immédiatement plongé dans une sorte de dépression durant six longs mois. En avais même loupé les examens du Bac. J'étais resté cloîtré dans ma chambre plongée dans le noir tout ce temps et Sterenn et Enora m'avaient rendues visite chaque week-end. Mes meilleures amies avaient même omis de passer leur diplôme pour rester avec moi et me soutenir. Causant notre redoublement à toutes les trois. 

Ces deux là qu'est-ce ce que je les adore. A nous trois nous formons un trio indétrônable ça c'est sûr. Elles s'entendaient à merveille mais étaient pourtant si différentes. Sterenn était le stéréotype même de la bonne élève sans soucis. Les garçons ça ne l'intéressé pas et elle ne jurait que par les mathématiques tandis que Enora, c'était tout le contraire. Éternelle amoureuse insatisfaite et fleure bleue à souhait, le shopping passait bien avant les devoirs malgré ses très bonnes notes. Heureusement qu'elles égayées mon quotidien sans quoi il serait bien morose et monotone. 

Ce sont sur ces pensées que je sombra dans les bras de Morphée, un sentiment de vide persistant dans l'âme.