Chapitre numéro 16: Dépendante.

28 2 0
                                    

Mon étreinte s'était desserrée afin que nous puissions nous asseoir. Plus je restais debout plus j'avais du mal à respirer. Ethan m'expliquait qu'il n'allait pas rester des heures, qu'aujourd'hui, il y avait des devoirs surveillés très importants et qu'il ne pouvait pas se permettre de les rater, ce que je comprenais tout à fait. Il me disait aussi qu'à la fin des cours, il reviendrait avec Izzie, que le principal leur avait donné l'autorisation de quitter les cours plus tôt pour venir me voir et que le tout le lycée était désolé pour moi. Chose que je me doutais bien fort, ce monde était un monde de faible, d'hypocrite et seules quelques personnes avaient en elles les bonnes vertus comme la sincérité ou la gentillesse. Il se leva sans plus rien ajouter et me fis un bisou sur le front avant de s'en aller. Je restais assise au bord du lit, balançant mes jambes d'avant en arrière telle une enfant en bas âge. Je regardais mes pieds se faufiler sous mon lit avant d'entendre le grincement de la porte. Je relevais instantanément la tête, quelques mèches brunes et rebelles tombèrent entre mes yeux. Mon regard perdu se transforma immédiatement en un regard emplit de haine. Je ne comprenais pas pourquoi ils étaient venus.


''Bonjour Kate, déclinais une jolie dame, plutôt grande tirant sur la cinquantaine.

- Bonjour, répondis-je poliment à bout de nerfs.

- Tu aurais pu nous appeler pour nous dire que tu étais souffrante, renchérissait-elle.

- Si je vous appelais à chaque fois que je mettais les pieds dans ces locaux se c'est pas un hôtel que vous devriez louer mais plutôt une maison qu'il faudrait vous acheter. Que faites-vous là ? Je vous avais clairement dit que les ponts étaient coupés la dernière fois. Je pensais avoir été claire.

- Et nous nous t'aimons, ne nous rejette pas comme tu le fais à chaque fois ! Ce n'est pas parce que pour nous ta santé passe avant toute chose que...

- Juste, taisez-vous, vous me donnez mal à la tête à force de ne pas me comprendre. Je ne veux pas que ma vie ne se résume qu'aux lits d'hôpitaux. Je veux une vie correcte et normale ! Je veux passer mes journées à étudier, lire et rire. Je veux être à la recherche du bonheur et tout ça certainement pas ici !, lui coupais-je.

- La santé avant tout Katlyn, disait un petit homme rondouillard qui répondait au nom de père.

- À quoi rime de se ménager si ce n'est pas pour se faire plaisir plus tard ? Utilisé cette ''Bonne Santé'' pour rester là à rien faire ? Je n'y crois pas, vous n'avez pas changé d'un pouce, et ce, depuis tant d'années. Vous me faites froid dans le dos, vous m'écœurez tiens, voilà, c'est cela, vous me donnez mal au cœur !

- Accepte nos paroles, comprend notre douleur, pardonne-nous, s'écriait-il à travers la pièce.

- Comment le pourrais-je ? Vous avez partagé, vous avez aidé à faire de ma vie l'enfer qu'elle traverse aujourd'hui. Pourquoi le ferrais-je ? Je ne vous aime plus, mon amour pour vous m'a quitté depuis bien longtemps. Repartez d'où vous venez, laissez-moi mourir en paix, hurlais-je.''



J'avais hurlé si fort qu'ils eurent un instant de recul avant de sortir définitivement de la minuscule chambre. Je n'avais pas honte, je pensais mot pour mot ce que j'avais dit. À chaque fois qu'ils revenaient, je me sentais plus qu'obligée de les renvoyer d'où ils venaient. Une jolie petite infirmière aux grands yeux verts finit venir me demander si tout allait bien, si mon cathéter était en place et pour changer ma perfusion avant qu'elle ne se termine.


''Le docteur devrait passer avant midi, me dit-elle.

- D'accord merci, lui répondais-je.''

Je m'installais confortablement dans cet affreux lit avec un bouquin à la main afin de passer le temps. Je m'imprégnais totalement de l'héroïne, du héros, de l'histoire, elle était si magnifique. Je l'aurais terminé en versant quelques larmes si le médecin qui s'occupait de moi n'était pas rentré pour faire un petit bilan. Je posais le livre sur la table de nuit, dégageais mes jambes sur le côté pour mieux le voir et écoutais son discours.


''Il n'y a pas d'amélioration propre Katlyn. Votre cœur est toujours au même endroit qu'hier, il est toujours aussi faible. Et jusqu'à ce que nous vous en trouvions un nouveau, vous ne pourrez point sortir d'ici. Le risque est bien trop grand, m'expliquait-il d'un ton grave.

- Mais je me sens très bien maintenant docteur !

- Vous êtes constamment sous morphine, que croyez-vous qu'il se propage dans votre cœur à l'aide de cette perfusion. Toutes les heures, une petite dose vous est administrée afin d'aider votre organisme à fonctionner. Si nous vous l'enlevions votre cœur ne serait plus en mesure de battre assez vite et fort pour pomper vos poumons, votre cerveau ou encore votre appareil digestif.

- En conséquent, je suis comme dépendante ?, demandais-je.

- Pas tout à fait, mais si vous le voyez comme cela, je ne peux pas vous contre dire.

- Donc jusqu'à ce que je trouve un nouvel organe, je ne peux pas sortir d'ici ?

- Vous ne pouvez pas sauf dans les horaires qui permettent les balades accompagnées et en fauteuil roulant.

- Très bien, finis-je.''


J'étais un peu vexé par ces propos, je ne voulais point faire de balade en fauteuil roulant. J'étais encore capable de marcher, je pouvais me déplacer seule. Et maintenant, il fallait que j'attende Ethan ou Izzie pour pouvoir m'échapper de ces murs qui me donnaient le tournis.

***



Izzie aux côtés d'Ethan entrait dans ma chambre le sourire jusqu'aux oreilles. Elle m'enlaçait tendrement avant de laisser place à Ethan. Je leur criais gentiment au nez que j'avais un besoin immense de sortir et que seul eux avaient le pouvoir de le faire alors Ethan partait à grands pas vers l'accueil chercher un de ces fauteuils qui me répugnaient.

Une fois dehors, je leur contais le mini bilan que le médecin venait de faire quelques heures plus tôt tandis ce qu'eux me racontaient les histoires du lycée. Nous marchions, enfin roulions dans le petit parc destiné aux malades à l'arrière du bâtiment. Le soleil s'abaissait de plus en plus et Izzie nous quittait. J'étais seule avec Ethan, les arbres et les oiseaux encore peu nombreux. Il ne faisait pas encore froid comparé aux normales de saison. De temps en temps, je me tournais afin de regarder ses beaux yeux gris, son sourire en coin qui sonnait faux. Je voyais bien que lui aussi ça ne lui plaisait pas de me voir assise dans cette machine à faire des ronds autour d'une piste prédéfinie. Je posais mes mains sur les barres grises accolées aux roues afin de stopper le fauteuil. Tandis ce qu'il le maintenait en place, je forçais sur mes deux bras, me levais et m'appuyais contre celui-ci. Ethan pris sa place et nous continuons de marcher comme cela jusqu'à la nuit tombé. Le parc me paraissait plus grand et plus beau vu d'en haut, j'avais l'impression de sentir plus de choses, d'être plus libre, plus moi-même.


Nous faisions demi-tour afin de rentrer, nous avions déjà dépassé les heures fixes de balade. Je me rassise dans l'engin infernal afin de faire bonne figure devant l'équipe soignante et rejoignais ma chambre le sourire à la figure.


''Je te remercie, lui dis-je.

- De ?, dit-il d'une voix fatigué.

- De m'avoir accompagné dans ce fauteuil morbide, d'être à mes côtés et de me rendre heureuse, énumérais-je.

- C'est normal mon petit chameau, riait-il de ses pleines dents.

- Connard. C'est toi qui a appelé mes parents ?

- Non, ils sont venus ?

- Oui, répondais-je, ce matin, tu peux me passer ton pull ?

- C'est autorisé ?, me demandait-il en l'enlevant rapidement.

- Je ne sais pas, mais je m'en fiche, je veux avoir ton odeur constamment près de moi, je veux sentir ta présence, je te veux, répliquais-je en serrant le vêtement contre ma poitrine.''


Il se contenta de sourire et de me baiser le front tandis ce que je l'enfilais difficilement. Son sweat était d'un rouge bordeaux terne et vieillis, mais qui conservait toute la douceur d'un pull tout neuf. J'avais chaud, je me sentais comme à la maison, j'étais bien. Aujourd'hui avait été une bonne journée.









Dans ma peau.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant