Chapitre numéro 1: Maudits escaliers.

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Je ne vais pas me représenter encore une fois et vous sortir tout le baratin habituel sur ma maladie. Je vais juste vous dire qu'en ce moment mon cœur et mon corps me font extrêmement mal, que le moindre effort fait de moi un désastre ambulant.

Comme tous les matins je m'empresse de prendre un bon bain chaud, de m'habiller et d'avaler à la vitesse d'un TGV une tartine de nutela pour enfin sortir de chez moi. Sept heures et quart: dans une demie heure les cours vont débuter. Et merde avec vous dans ma tête j'ai totalement oublié de prendre mes clef ! Après les avoir récupéré et ferme mon bidonville* qui me sert d'appartement je me dirigeais vers l'ascenseur. Une fois devant celui ci qui n'arrive jamais à cause de nombreux déménagement je décide de prendre les escaliers que je dévale. En ouvrant la grande porte grise de l'immeuble je tombais littéralement face à face avec un grand garçon assez intriguant de part ses cheveux rouges, sa taille et ses nombreux soupirs. Quand je compris enfin qu'il fallait que je le laisse passer je me décalais vers l'extérieur de façon a lui laisser le passage et au moment ou je me tournais pour partir j'entendais une remarque désagréable: «Dis donc c'est pas trop tôt !» J'avais une immense envie de me retourner, de le rattraper et de lui dire deux mots. Je le classais déjà dans la catégorie des personnes les plus bizarres que je n'avais jamais vue. Oui vous allez me dire que ce n'est pas bien de juger ou encore qu'avec mon handicap je suis mal placée pour le faire ? Et bien je m'en contre fiche, j'ai bien trop était critiquée et jugée moi aussi, tellement que j'ai pris l'habitude de le faire en retour, je me protège et je n'y peux rien c'est devenu un de mes nombreux automatismes. Sept heure vingt: je voyais au loin mon bus s'extirper de son arrêt. Dépitée et n'ayant aucune envie d'arriver en retard au bahut je me mise en marche.

A mi-chemin j'étais déjà essoufflée, mon cœur était en mode ''party rock'', il lui fallait un temps fou pour acheminer le peu d'oxygène dans tous les organes de mon corps. Je posais mes mains sur mes genoux, les bras toujours tendus et le dos plus courbé qu'un gros ballon de baudruche. Ce n'est pas la position du siècle mais celle ci suffisait pour soulager mon mal-être. Malgré les quelques minutes de repos mon souffle s'intensifiait et devenait de plus en plus rapide, il brûlait mes poumon et ma trachée comme si je venais de faire une course de vingt kilomètre. Mon cœur battais tellement fort que je pouvais l'entendre. C'est à ce moment là qu'une vielle grand mère qui faisait ma taille recourbée posa sa main sur mon épaule. Un geste mélangé à de la pitié et de la compation que je ne pouvais pas supporter:

''Je peux t'aider mon enfant ? Tu n'as pas l'air d'être en fo...

Je lui coupais brusquement la parole, pour qui se prenait-elle ? Non je ne vais pas bien t'as quoi a la place des yeux ?

- Je...Je n'ais ....Je n'ais pas besoin d'aide !"

Je me redressais et poussais la vieille dame sur le coté en faisant attention de ne pas la faire tomber. Je suis forte ! oui je suis forte ! Je ne veux pas ressembler a une petite fille faible ! Je suis..

''One day you're going apreciate everything that people do for you'' (un jour, tu appréciera tout ce que les gens font pour toi)

Je lui tournais le dos, ses propos qui me surprenaient et qui m'avaient à moitié touchée me faisaient réfléchir sans pour autant me ralentir. Je continuais ma route jusqu'au lycée et une fois là bas vers ma salle de classe. La sonnerie retentissait et moi je n'étais qu'au quart des escaliers une main accroché à la rambarde et l'autre à la lanière de mon sac. Je gravissais encore des escaliers qui me tuaient le dos. Dans ma course je croisait pour la seconde fois de la journée l'étrange garçon de ce matin. L'instant d'une minute nous nous regardions droit dans les yeux, dans son regard on voyait bien que le discourt du proviseur ne l'intéressait gère, ses beaux yeux gris m'intriguaient de plus en plus mais je ne sais pas ou enfin je ne reconnaissais pas cette étincelle qui pourtant m'était familière.

Finalement je le dépassais et je rejoignais ma salle à petit pas. Je toquais à la porte d'une faible mesure comme si je ne voulais pas me faire entendre. J'entendais monsieur Chape se diriger vers la porte à grands pas et de sa grosse voix m'invitait à entrer. Imbécilement je la poussais lorsque lui la tirait ce fut comme si j'étais aspirée dans un trou noir. Un trou noir invisible qui me rappelait que j'étais bel et bien en vie. Il s’effaça pour me laisser m’asseoir là où personne ne s’asseyait sauf ma meilleure amie qui aujourd'hui était absente enfin je dis absente mais je suis sûre qu'elle a séché le cours pour aller voir son petit copain.

J'entendais les chuchotements indiscrets que faisait ''mes camarades'' qui étaient toujours impressionnés et surpris de me voir après deux jours sans avoir mis un seul pied au lycée. Limite s'ils étaient déçu que je ne sois pas encore morte ''Bitch, I'm trying''.

Tandis ce que le cours reprenait la porte s'ouvrit de nouveau mais cette fois-ci ce n'était pas parce que quelqu'un était en retard. La classe fit un bond, le brouhaha des chaises succédèrent à des étonnements, à quelques mots échangés avant que le proviseur, oui c'était bien le proviseur qui était rentré, instaure le silence. Et comme vous pouvez le voir il était là, devant nous, mon étrange bonhomme aux yeux gris et à peine était-il arrivé qu'il menaçait son entourage d'un regard foudroyant:

"J'ai l'immense honneur de vous présenter Ethan, un grand délinquant donc aucun lycée ne désire.

La classe uniformément se mise a rire. Il faut dire que nous enfin eux sont plutôt du genre intrigué par tout ce qui est ''délinquance''

J'espère que vous l'aiderez à s'intégrer dans ce lycée sans créer de perturbations. Je compte sur vous."

Le proviseur tourna les talons et s'en alla. Celui qui se prénommait Ethan resta là sans rien faire, attendant je ne sais quoi jusqu'à ce que le professeur lui ordonna de s'asseoir. Évidemment comme aujourd'hui est un jour de chance il fallut qu'il aille s'asseoir à côté de moi. Il racla sa gorge pour me dire d'enlever mon sac ce que je fis avec une grande joie indémontrable.

"Tu n'as pas l'air très aimable ni très douée à ce que j'ai pus voir ce matin.

- De quoi tu parles, tu as du te tromper de personne.

- Non, c'est bien toi qui as loupé le bus et qui dans les escaliers ressemblait a un chameau déshydraté."

Ce fut le mot de trop il ne savait pas, sa discrétion n'était pas non plus son point fort, si bien que toute la classe gloussait et exprimait des ''oh ! Ah !'' de surprise. Je ne savais pas ce qui me retenait de lui poser ma main indélicatement sur sa joue. Je me levais brusquement si bien que ma chaise claqua le mur. Je baissais ma tête, mes cheveux retombaient sur mes yeux:

"Tu n'es pas malade toi ! tu ne vis pas tous seul toi ! Tu as deux jambes, deux bras et un cœur qui fonctionnent parfaitement ! alors ferme la !"

Monsieur Chape cria plus fort que moi pour me dire de me rasseoir. Je m’exécutais et pour la première fois c'est moi qui leur jetais des regards noirs et incessants.

*Bidonville: Agglomération de logements précaires faits de matériaux de récupération et accueillant les populations pauvres, ici dans ma fiction l'appartement de Katlyn est comparé à un bidonville.

Dans ma peau.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant