Chapitre 11 : Abandon.

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La vie qui poussait en moi était mon secret.  J'avais toujours voulu être mère, pas si jeune, pas dans ces circonstances, mais je voulais des enfants. 

J'avais pour ainsi dire programmé ma vie. Je voulais être titulaire du BAC ST2S, obtenir mon concours d'EJE, entrer dans l'école et en sortir avec le diplôme d'État.  J'aurai ensuite trouvé un CDI aurait eu mon premier enfant à 23 ans et mon second à 26. Deux enfants c'est bien. Oui j'avais tout prévu, tout sauf ça. Qu'allais-je faire ?

La fille qui était présente dans ma chambre, quelques jours plus tôt, avait décidé pour moi. Elle avait tout dit aux éducateurs, elle n'avait rien omis. En passant devant le bureau, je les ai entendu dire qu'ils me conduiraient à l'hôpital.  Je n'avais encore rien décidé!

Je suis allée en cours, anxieuse.  Ils allaient venir mais quand ? J'ai signé un mot d'absence, imitant la signature d'une éducatrice, pour quitter le collège.  Je voulais fuire. Réfléchir.  Je voulais ma mère.

Sauf qu'en quittant l'établissement scolaire, un éducateur m'attendait déjà. 

Il y a pas plus maladroit dans ce genre de situation que de demander à un éducateur masculin de conduire une victime de viol dans un hôpital.

Il n'a pas voulu savoir comment je m'y étais pris pour réussir à sortir. Il m'a prise et nous sommes allés à l'hôpital.  Là bas, c'est encore des hommes qui m'ont occultée.  Ils voulaient d'abord parler, connaître les dates, le profil de l'agresseur, le lieu.

Métissage était un coureur dans son pays, un coureur qui ne  sortait pas " couvert ". Il a toujours été brute avec moi, je n'ai jamais vraiment été pleinement consentante, mais les deux derniers rapport avaient été clairement contre mon gré. 

S'en suis le véritable examens. Ils  n'ont pas trouvé d'ADN, logique, en revanche ils ont constaté des lésions.  J'avais bel et bien été agressée.  Ils ont confirmé ma grossesse, m'ont conseillé des médicament, pour avorté mais pour le risque accru de MST.

Je voulais ma mère.  Qu'aurait-elle fait ? Me laissait-on le choix ?

L'éducateur m'a servie un long discour. J'étais jeune, au début de ma vie, je ne pouvais pas la gâcher pour un bébé.  Un bébé non désiré, issu d'un viol, je ne pourrais pas l'aimer, pas m'en occuper. Je n'étais qu'en dernière année de collège.  Pourrais-je assumer le regard des autres, le jour du brevet avec mon ventre bien rond ? Le terme étant pour août, je n'y échapperais pas.

Voilà en gros ce que m'a dit l'éducateur. J'avais l'impression d'être jugée, qu'on m' imposait les choses plutôt que de me donner le choix. 

J'ai accepté les médicaments et c'est plus tard que j'ai appris qu'un suivis psychologique aurait dû m'être imposé.  Ça n'a pas été le cas.

J'ai appelé mère en sortant de l'hôpital.  Elle avait déjà appris que j'étais enceinte mais n'avait pas eu droit au chapitre.  Elle avait bu, avait eu un accident qui lui avait coûté la voiture de mon père et son permis.
Elle voulait que j'avorte.  Elle avait gagné et moi je ne savais pas encore ce que j'avais perdu.

Je suis ensuite allée à la gendarmerie. J'ai déposé plainte...

Les choses sont allées vites, le lendemain il y a eu confrontation.  Il ne niait plus me connaître, mais il niait encore les fait.

Ma mère, a préféré retirer la plainte, la classer sans suite. Elle a perdu ma confiance ce jour là, et elle a été responsable de la récidive sur une autre personne un an plus tard. Car Métissage n'était pas à son cou d'essais, mais s'en sortant à chaque fois il a recommencé.  Il a été puni, un an plus tard, pas pour moi, mais pour une autre victime qui aurait pu éviter ça si ma mère m'avait cru.

Mais je ne suis jamais retournée dans ce foyer. Les éducateurs ont trouvé plus simple de me virer moi. Métissage avait réussi à convaincre certains garçons que je devais mourir, qu'on devait me tuer pour l'avoir défié puis dénoncé. Alors je suis partie, je n'avais rien.

Tout avait dû être prévu, dans le nouveau centre dans lequel je suis restée, mes affaires, du moins en partie, m'attendaient.

Cette affaire allait m'être rappelée pendant longtemps. Pour commencer, personne n'a eu la bonne idée d'imposer un dépistage à Métissage, j'ai ainsi dû prendre la tri thérapie préventive.  A ça s'est ajouté toute une batterie de prise de sang. Toutes les semaines pendant deux mois, tous les quinze jours les deux mois suivant et enfin une fois par mois pour les deux derniers. Je n'étais pas malade.

Je suis restée dans une structure temporairement, pas plus d'une semaine ou deux, avant d'ingérer une structure pour filles où je retrouverai Blondie.

Vous pensez que c'est la fin de mes mésaventures? Détrompez-vous, les filles aussi peuvent être mauvaises.

Ma véritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant