Chapitre 12 : Jalousie.

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Les filles ont toujours été cruelles entre elles, pas uniquement celles en foyer, mais n'ayant fréquenté que des filles de foyer, je pense tout de même qu'elles battent des records.  A vous de me dire.

Après avoir passé une semaine ou deux dans une structure qui m'a apporté la paix, j'ai intégré ce qui allait devenir mon ultime foyer. Un établissement, situé dans un terrain comprenant deux foyers. En haut de la coline, le mien, celui des filles, en bas celui des garçons. 

Dans l'établissement des garçons j'en connaissais un, aussi introverti que moi, dans celui des filles il y a avait Blondie. 

J'étais contente de la retrouver, j'avais bien besoin d'un visage familier pour m'intégrer certes  ( même si j'en avais aucune envie) mais surtout pour avoir une oreille attentive quand j'en aurais besoin. 

Je pensais, sombre idiote que j'étais, qu'elle allait m'accueillir comme je l'avais accueilli dans notre précédente structure, mais je me trompais. Noël arrivait, j'étais loin de tout. Mes frères avaient été séparé dans deux familles d'accueil différentes, mes soeurs aussi.  Je n'ai jamais su si c'était à cause de mes problèmes, à cause des menaces de Métissage qu'eux aussi avaient dû quitter le CDEF. Il y avait une sorte de mesure d'éloignement à mon encontre. Je ne devais jamais plus m'approcher à moins de cent mètres de ce qui avait été mon foyer.

Dans ce foyer de fille, j'ai découvert une Blondie totalement différente.  Le shit évidemment, mais le déodorant étaient ses drogues quotidiennes. Affamée, elle ne se genaient pas pour manger plus que sa part, pour manger ma part. Elle avait été jusqu'à découper en lamelle des vêtements de marques que j'avais obtenu auprès des secours populaire. Je m'étais toujours plus ou moins mal habillée, n'ayant pas les moyens d'aller ailleurs que dans les secours populaires tel que la croix rouge ou les secours catholique.  J'avais bien de l'argent pour ça alloué par l'état, mais je ne m'en servais pas, je le donnais à ma famille et utilisait des vieux tiquets que ma mère me donnait en échange pour justifier mes achats. Le plus souvent je quittais les foyers avec une coquette somme que je donnais à ma famille.  Ils avaient besoin d'argent, moi pas.

Cela n'a pas été les seuls conflits avec Blondie. Après avoir déchiré mes vêtements, elle mettait de l'eau et du savon sous ma porte, me piquait des cigarettes, me frappait. Mais pourquoi faire tout ça alors qu'avant ça haine n'était pas aussi flagrante  ? Avait-elle enfin décidé de ne plus être fausse et manipulatrice  ?

Non, elle était jalouse. Jalouse qu'un garçon auquel elle s'intéressait, s'intéresse à moi. C'est stupide ? Mais c'est vrai. Les autres filles voyaient sans doute en elle un leader, alors elles faisaient comme elle. Alors je fuyais, comme toujours.  Pour manger à ma faim et être tranquille, je suis retournée voir cette vieille dame qui, sans le savoir, m'avait évité la prostitution. 

Pourtant un soir, alors que j'étais en pleur au téléphone avec ma mère, elle m'a frappée.  J'ai saigné et tout le monde a vu. Pour une fois j'avais des témoins, éducateurs, ma mère.  Je pouvais enfin faire quelque chose !

Les éducateurs ne voulaient pourtant pas me conduire à l'hôpital pour faire constater mes blessures. Sous les menaces de ma mère, ils ont obtempéré. Après constatation des blessures, et jours ITT, j'ai porté plainte. Encore.  Mais ça a été la dernière. 

Depuis ce jour, je ne rentrais que pour dormir, et partais très tôt.  Le centre me considérait en fugue, mais rentrant chaque soir la gendarmerie ne pouvait rien pour eux.

J'étais mieux ainsi.

J'ai revu mes parents, mes frères et soeurs, une fois par moi à l'occasion des droits de visite médiatisés  dans une structure réservé.  Ça faisait longtemps que nous n'avions pas eu l'autorisation de nous voir. Sept mois. La dernière ne nous reconnaissait plus. En même temps, elle était sortie de l'hôpital dans lequel elle était depuis sa naissance elle avait quatre mois, et elle a été placé à  l'âge  de huit mois. Un an était passé. Plus d'un an même, depuis le jour où nous avons été pour la première fois dans ces locaux.

J'ai subis les violences des filles, les visites mensuelles au centre adapté pendant plusieurs mois encore.

Le jour du jugement, la juge, devant l'ensemble de ma famille, a exposé ma situation, mon vécu.  Mes frères et soeurs n'avait nullement besoin d'entendre tout ça. 

" [...] plus en danger ici que chez votre famille. "

Ça veut dire quoi ?

Ce jour là, ma sœur cadette et moi avons vu notre placement se terminer.  Mes frères et sœurs eux, devaient rester et les droits de visites médiatisé une fois par mois ont été maintenu.

Ma véritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant