Chapitre 8 : La Salope.

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On a pas tous la même définition. Moi même je n'avais pas celle qu'on m'avait donné. Elle est bien différente de celle du dictionnaire...

" Tu as été touché par deux hommes, tu es sale. Tu t'es laissée faire et tu balances quand ils sont plus là pour se défendre ? Salope ! "

C'est bien loin de ce que je pensais. J'étais sensée être la victime dans l'histoire, et pourtant je me sentais comme bourreau. Comme si c'était moi qui avais abusé de deux garçons. Ce n'était pas le cas pourtant. Alors pourquoi ces regards sombres ? Tout simplement parce que j'avais brisé la règle du silence devant témoin.

Alors on me crachait dessus, on se moquait de moi et même Blondie me voyait en douce, simplement pour que je lui dépanne des cigarettes. J'étais une paria. Il fallait que ça cesse! Tout ça ne faisait que me rappeler ce que j'avais vécu et je voulais oublier. Ils parlaient sans savoir, sans comprendre, ils me jugeaient à tors.

Et si je leur donnais raison, ça ne me toucherait plus, pas vrai ?

J'ai pas vraiment pensé à tout ça sur le moment, mais aujourd'hui c'est comme ça que je le vois... J'ai eu un " amoureux", le premier. Il était nouveau et n'avait pas encore eu le temps de parler de moi, c'est ce que je pensais. Quand il m'a proposée de sortir avec lui en échange de quoi il me défendrai en cas de problème, j'ai accepté. J'étais le dindons de la farce.

Je me suis rapidement rendue compte, à mes dépends, que ce n'était pas d'une amourette innocente dont il voulait. J'avais beau avoir quatorze ans, je n'avais rien fait avec personne et surtout je n'avais jamais été amoureuse. Pas de " pelle ", de " pelotage ", rien. Pour sûr j'étais à l'opposé de la Salope qu'ils voyaient tous en moi.

Je voulais qu'il reste. Je voulais qu'il me protège. J'ai cédé à ses caprices. Premières "pelle ", premier " pelotage ", première " pipe". Il en demandait toujours plus, n'importe où. Il fallait que je le garde. Mais à quel prix ?

C'était répugnant. J'étais répugnante.

Il voulait aller encore plus loin, il me voulait dans son lit et ça je ne le pouvais pas. J'avais déjà fait beaucoup pourtant, pour le convaincre de rester avec moi. Il se moquait de moi.

Il n'était pas en couple avec moi, j'étais juste un pari que le centre avait fait. La réalité? Il couchait avec Blondie, ils étaient ensemble.

" Tu parles d'une amie. Je la baise comme une chienne et elle aime ça. Toi tu n'es que le bonus. Tout le monde avait parié que je n'arriverais pas à t'avoir et je t'ai eue. "

Honnêtement cette révélation m'a faite mal mais j'ai évité la confrontation avec Blondie. Elle était ma seule amie. J'avais fini par comprendre qu'elle se servait de moi, et je pouvais bien me servir d'elle pour ne pas être entièrement seule ?

Et puis les choses sont allées mieux. J'avais d'autres amis. Un couple. L'un était au foyer gars et l'autre au foyer fille. Je les avais croisé de temps en temps, sans vraiment y prêter attention. On parlait mes sans plus. Ils ont trouvé inadmissible ce qu'il s'était produit et c'est devenu mon " ex " le paria. J'aurai pu aller mieux, me reconstruire... Pourtant je voulais être digne de ces nouveaux amis. Il fallait que je me décoince. Alors j'ai commencé à vraiment sortir, pour leur voir, leur parler. Blondie s'est joint à nous, avec un autre garçon dont je vous ai parlé.

Nous étions une petite bande. J'étais bien. En sécurité.

Mais si moi je n'avais pas oublié ce qui m'était arrivée, le foyer non plus.

Quand un autre nouveau est arrivé, nous l'avions intégré à la bande et ce n'était pas de belles intentions qui l'animaient. On aurait dû se méfier. J'aurai dû me méfier.

Nous étions cinq à l'origine. Deux couple et moi. Quand il est arrivé, nous allions devenir trois couple et progressivement de parfaits étrangers.

J'étais devenue une chose. Un objet. La pute de quelqu'un.

Ça n'en finirait donc jamais ?

Ma véritéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant