Chapitre 5 : Le Duel

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Le soleil de plomb inonde la cour intérieure, la chaleur des larges dalles de pierre brûlantes se répend dans chaque recoin de l'arène. Je suis à l'ombre de la porte Est de la cour, Tillio arrive face à moi, sous le soleil, "Tu vas affronter Elena. Ne la sous-estime pas parce qu'elle est une fille, elle ne te laissera aucune chance. Donne tout ce que tu as, et avec un peu de chance tu la battra. Montre moi que ton entraînement de ces derniers jour a payé".
Il repart au centre de l'arène et nous fait signe, à Elena et moi, de nous approcher. Nous nous plaçons chaqu'un d'un côté de l'arène circulaire. C'est la première fois que je regarde Elena avec attention. Elle a la peau blanche, le visage oval, les yeux bleu, et de long cheveux blond courent le long de son dos. Elle est mince mais musclée, preuve d'un rigoureux entraînement. En plus de ça, elle porte, tout comme moi, la tenue officielle de duel, qui se résume à un plastron, des bras d'armure et des jambières en cuir, munis d'une épée en bois.
Elena avance de quelques pas et hausse la voix pour que je l'entende clairement de l'autre bout du terrain "Ne t'imagines pas que j'accepte de te défier par pur envie. C'est mon maître qui m'y oblige, pour qu'il te ramène une fois pour toute d'où tu viens". Elle tourne les talons et se replace à l'opposé de l'arène. Tillio lève la main et s'écrit "Le combat va maintenant commencer. Battez vous de toutes vos forces et que le meilleur gagne". Sa main s'abaisse, le duel viens de débuter.
Nous nous élançons tous les deux l'un vers l'autre, épée à la main. Au contact, nos épées se croisent, enchaînant plusieurs mouvement, alternant entre attaque et parade sans qu'aucun de nous ne prenne le dessus. Puis au bout de deux minutes de combat intense, nous reculons tous les deux pour reprendre notre souffle.
C'est alors qu'Elena change de tactique. Un cercle magique apparaît sous ses pieds, scintille, puis disparaît. Soudain un vent léger frôle mon bras, Elena n'était plus devant moi. Malgré la surprise, je réagit à temps, fais volte face et bloque juste assez rapidement l'épée, à quelques centimètres de mon front. L'impact provoque une petite onde de choc, agitant mes cheveux et engourdissant mes bras, tandis que mes semelles s'enfoncent de trois bons millimètres dans le sol. Je recule en titubant, mais Elena ne me laisse pas le temps de reprendre mes esprits. Un violent coup de pied dans le ventre me fait rouler au sol. Plié en deux, je crache quelques filets de sang, la vue brouillé par la douleur. Elena s'approche de moi, s'arrête, et m'écrase la tête du plat du pied "Que croyais tu pouvoir faire contre moi ? Tu pensais vraiment avoir une chance de gagner ?", un sourire se dessine au coin de ses lèvres " Tu n'as rien à faire dans cette ville, retourne chez toi. Un paysan ne pourra jamais défier la noblesse, vous n'êtes rien de plus que des nombres pour nous, un de plus ou un de moins ne changera pas l'avenir du monde".
Soudain tout se tait dans mon corps, la douleur et la colère disparaissent pour laisser place a un profond calme interrieur. D'un mouvement lent, j'attrape sa cheville et la retire retire de ma tête. Elena, surprise, recule.
Je me relève. Ma vue étant revenue, je plonge mon regard dans celui d'Elena "Toi qui te crois supérieur, toi qui te crois tout permis, je vais t'apprendre que même un paysan comme moi peut bouleverser ce système soit disant inébranlable".
Le regard d'Elena devient d'une noirceur absolue. "Sale prétentieux, je vais te montrer ce qu'il t'en coûte de me défier deux fois de suite". Elle frappe du pied le sol, un cercle magique apparaît. Je ne me ferait pas avoir deux fois, je sais de quoi elle est capable. Elle utilise sûrement la magie pour se renforcer physiquement, c'est pour ça que ses coup sont si violent. Je vais combattre la magie par la magie, je tire une carte terre et la pose sur la lame. La carte terre symbolise la solidité, la puissance. Elle me permettra de rivaliser avec la magie de renforcement d'Elena.
Celle-ci s'élance, ou plutôt disparaît à nouveau, mais ne s'approche pas de moi, mais au contraire, recule dans un coin du terrain. Elle plante la pointe de son épée dans le sol, pose ses deux mains sur le pommeau, ferme les yeux et commence à réciter "I dýnami apokalýptei ton ánthropo". Un cercle magique recouvre l'entièreté du terrain, moi au centre.
Tilio, posté dans un coin du terrain s'affole "Elena, arrête ça ! Il n'y survivra pas !". Mais c'est en vain, elle ne l'écoute plus. Il se tourne vers moi "Sort de là ! Maintenant !". J'essaye, mais mes jambes ne répondent plus, la douleur me revient peu à peu. "Ósoi den échoun éna thanásimo...", le cercle commence à scintiller. Je ne m'echaperais pas à temps. Je n'ai plus le choix, je dois briser ce cercle magique avant qu'il ne s'active. J'attrape deux autre cartes terre, que je pose sur la lame. C'est la première fois que j'utilise trois cartes en même temps, j'espère avoir assez d'énergie magique pour le supporter. "kai oi álloi thriamvoún !". Je n'ai plus le temps, Elena viens de terminer sa formule, le cercle se teinte de bleu. Elle me regarde une dernière fois, me fais sont plus beau sourire puis dis calmement "essaye de survivre à ça, toi, soit disant héros des paysans".

Tout se déroule alors très vite. Des flammes bleus jaillissent du sol et me lechent les jambes. Je plante mon épée de toute mes forces dans le sol, mais les flammes, grimpant rapidement sur plusieurs mètres, recouvrent tout le terrain et le baignent dans une mer ardente, moi au centre. Au contacte du sol, les cartes magiques s'activent. Ma lame en bois s'enfonce alors, performant facilement la roche. Puis c'est une violente onde de choc qui traverse l'arène, balayant les flammes, fissurant et éclatant les massives dalles de pierre, le cercle magique du même coup. Quelques instants plus tard, toute la magie était dissipée, mais c'est déjà un peu tard : mes jambes et mes bras sont à moitiés brûlés au deuxième degré. Sous la chaleur, le cuir encore brûlant du côté droit de mon plastron à noircit et s'est rétracté, me coupant la respiration.
Mes muscles, tendus, me font atrocement mal. Je sens mon énergie vitale qui continue de filer entre mes doigts.
Au bout du terrain, Elena faillit, s'écoulant face contre terre, inconsciente. Sans aucune force, j'entend Tillio accourir et crier mon nom, paniqué, alors que je rejoint Elena au sol.

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