11 - « Le grand moment »

681 35 11
                                    

Le lendemain, dès son réveil, Yumi se prépara en hâte pour arriver à Kadic un peu plus tôt que d'habitude. Comme toujours, elle se vêtit de noir de la tête aux pieds, dévala les escaliers puis se rendit à la cuisine pour grignoter quelques tartines avant de s'en aller.

— J'y vais. À ce soir, je vous aime ! s'écria-t-elle à l'adresse de ses parents en refermant la porte d'entrée.

Après un trajet parsemé de stress, la japonaise finit par atteindre le portail de l'établissement. Elle y pénétra et put constater que la cour ne comptait que peu d'élèves. Ils devaient sûrement être encore en train de déjeuner.

Elle balaya des yeux les alentours. Heureusement pour elle, la personne qu'elle cherchait était à seulement quelques mètres d'elle. Yumi plongea ses mains dans ses poches et prit une grande inspiration pour bien refouler sa colère avant de s'avancer dans sa direction.

— Je te cherchais.

William leva lentement la tête et afficha un faux sourire.

— Sache que je n'ai aucune envie de te parler, mais là, je n'ai pas le choix ! Je ne comprends pas pourquoi tu n'as pas rectifié le malentendu. Pourquoi t'as laissé tout le monde croire qu'on sort vraiment ensemble ? attaqua Yumi d'un trait.

— Donc, toi, tu viens me parler que quand ça t'arrange et moi, je suis censé accepter ça sans rien dire ?

— J'ai posé des questions la première, réponds-moi d'abord !

— La vraie question c'est « pourquoi ils y ont cru ». Et la réponse c'est tout simplement parce qu'ils savent tous qu'on ferait un très beau couple et qu'on serait tellement bien ensemble.

— Sauf que je ne sors pas avec des menteurs et manipulateurs, moi.

— Tu préfères les gamins. Ça, je l'ai compris déjà, t'en fais pas.

— T'es vraiment...

— Dommage pour toi, tu ne sais pas ce que tu perds.

Yumi laissa s'échapper un soupir, tentant de garder son sang-froid.

— Alors vas-y, dis-moi : qu'est-ce que je perds ?

William rit nerveusement. Il s'approcha d'elle tout en prenant le temps de la reluquer et, sûr de lui, se pencha vers son oreille :

— Tu finiras par le savoir avec le temps.

Yumi fronça les sourcils tandis qu'il s'éloignait, pestant intérieurement.

— C'est ça, ouais.



——————————



De leur côté, les quatre amis venaient de sortir de cours.

— Ça va ? T'as bien dormi, Odd ? taquina Aelita en riant.

— Mouais, c'était pas désagréable.

Ulrich, comme quasiment toujours, était ailleurs. Il ne pensait qu'à elle, bien sûr.

— Euh... Je vous laisse, j'ai besoin d'aller me défouler un peu au gymnase, informa-t-il au bout de plusieurs minutes.

Il se leva donc et prit la direction du bâtiment en question.

— Qu'est-ce qu'il a ? demanda Jérémy.

— Rien, il va juste se préparer avant le grand moment.

— T'es pas possible, Odd !

Après une heure passée à discuter de tout et de rien et à écouter les blagues revisitées d'Odd, Yumi rejoignit le groupe.

— Coucou les amis !

— Tiens, voilà ma japonaise préférée ! s'exclama-t-il avec un grand sourire.

— Parce que t'en connais d'autres de japonaises, toi ?

— Bah... non !

Yumi hocha la tête de droite à gauche en levant les yeux au ciel.

— Euh... Et Ulrich ? s'enquit-elle ensuite d'une petite voix.

— Ton cher et tendre Ulrich...

— Odd !

— Il est au gymnase, intervint Aelita en faisant un clin d'œil à son amie.

— Hum... Merci, Princesse.

Elle lui rendit son clin d'œil et fila à son tour.



——————————



Yumi s'adossa contre le mur du gymnase. Sans faire de bruit, elle observa Ulrich réaliser des mouvements de Pentchak-Silat, un art martial que tous deux pratiquaient.

Il était tellement beau. Elle le dévorait du regard.

Elle se remémora la première fois qu'ils s'étaient rencontrés. Tout s'était déroulé dans ce même gymnase, lors de leur premier affrontement au Pentchak-Silat. Et dès l'instant où elle avait croisé son regard, elle avait succombé. Les battements de son cœur se révélèrent de plus en plus forts dans sa poitrine.

— Yumi ?

La concernée revint à la réalité. Ulrich venait de remarquer sa présence. Leurs visages virèrent instantanément au rouge.

— Qu... qu'est-ce que tu fais ici ?

L'adolescente brisa la distance qui les séparait. Une fois en face de lui, ses lèvres formèrent un sourire.

— J'étais venue voir si tu t'étais amélioré depuis le temps... ou si t'étais encore plus nul que la première fois, finit-elle d'un air provocateur.

Le beau brun, retrouvant peu à peu sa couleur normale, entra dans son jeu :

— C'est moi ou tu me mets au défi ?
— Hum... Peut-être bien. Sauf si, bien sûr, t'as trop peur de perdre... une nouvelle fois !

Une expression émerveillée s'étala sur le visage d'Ulrich qui se rappela à son tour de leur rencontre. Yumi lui avait quand même mis une de ces raclées. Il rit en y repensant.

— T'es pas une mauvaise perdante, j'espère ?

— Rêve pas trop, beau brun.

L'affrontement débuta. Ils enchaînèrent leurs coups tour à tour mais l'un aussi bien que l'autre parvenait à les esquiver. Après bon nombre de mouvements répétés, Ulrich prit le dessus en faisant un gentil croche-pied à Yumi pour la faire perdre son équilibre. Mais par réflexe, cette dernière s'accrocha à son tee-shirt, l'entraînant ainsi avec elle dans sa chute. En l'espace de quelques secondes, elle se retrouva allongée par terre avec Ulrich sur elle.

Un énorme silence régna dans la pièce. Seul le bruit de leurs respirations saccadées et des battements affolés de leurs cœurs y résonnait.

Leurs yeux se rencontrèrent tendrement tandis que leurs souffles se mélangèrent. Le monde autour d'eux leur sembla totalement disparaître. Ulrich rapprocha son visage de celui de Yumi, tous deux oubliant tous leurs doutes et leurs craintes. Leurs paupières s'abaissèrent et il déposa délicatement ses lèvres sur les siennes.






Prochain chapitre : À cœur ouvert

Copains et puis c'est tout | Code LyokoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant