La Maison des Bougies

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Note de l'auteure :

Cette première nouvelle n'est pas venue d'un sujet imposé, mais m'a été inspirée par le clip de la chanson "Song of the Caged Bird", de Lindsey Stirling. Sentez-vous libre de l'écouter, elle est jolie, mais c'est vraiment le visuel du clip qui est à l'orginie de cette histoire, pas les sentiments que dégagent la mélodie.


Il le savait. Il le savait, que ce déménagement ne lui causerait que des ennuis. Il l'avait dit, qu'il ne voulait pas quitter la ville. Malheureusement, ses parents n'avaient pas tenu compte de son avis et il se retrouvait maintenant coincé dans cette lande avec cinq garçons qui ne l'inspiraient pas du tout.

Ils marchaient depuis un bon moment. La lumière commençait à sérieusement baisser, et même si on était sur la fin du printemps, il était loin de faire chaud. D'autant que le vent s'était levé, depuis la fin des cours, et faisait onduler paresseusement l'herbe dans laquelle ses pieds s'enfonçaient presque jusqu'aux chevilles.

« C'est encore loin ? demanda-t-il, un peu agacé.

— Mais non ! Arrête de flipper, Gautier ! »

Le garçon réprima un soupir. Il ne pouvait pas s'enlever de la tête que ses nouveaux « amis » lui préparait un mauvais coup.

Derrière eux, le village avait depuis longtemps disparu dans le creux d'une colline. Il avait vraiment atterri dans un trou perdu. Peut-être bien joli, avec ses vieilles maisons en pierre dorée accolées les unes aux autres autour des rues pavées, mais vraiment, plus paumé tu meurs. Avec le relief, dès qu'on s'en éloignait on le perdait. Alors ne plus le voir n'avait rien d'inquiétant, ni même d'étonnant. Cependant, Gautier de sentait quand même mal à l'aise. Il craignait un peu de ne pas retrouver derrière quelle butte se cachait les maisons, si les autres le plantaient là. Ce qui voulait aussi dire qu'il était un peu obligé de les suivre jusqu'au bout.

Excédé, il grimpa une énième colline à la suite de ses camarades et resta interdit en les voyant d'allonger à son sommet.

« Qu'est-ce que tu fous ? Baisse-toi ! »

Gautier sursauta en entendant l'accusation et s'empressa d'obéir, définitivement perplexe.

« C'est quoi le délire ?

— Le délire c'est ça. »

Il suivit des yeux le doigt pointé vers le bas de la butte et découvrit une petite maison en pierre grise effritée et mangée par la mousse, au toit en ardoise à moitié défoncé.

« Une bicoque en ruine ? réagit-il, incrédule.

— Attends un peu, tu vas voir. Il fait presque nuit, ça va commencer. »

Gautier renonça à demander ce qui allait bientôt commencer pour observer en silence. Il commençait à se dire que le but devait être de le faire patienter le plus longtemps possible pour voir à quel point il était naïf lorsque la première lumière apparut. Un petit point d'or tremblotant dans le soir tombant. Bientôt rejoint par un deuxième, puis un troisième, jusqu'à ce que les fenêtres diffusent une lumière chaude et dansante.

« Vous m'avez amené ici pour voir quelqu'un allumer des bougies ?

— Justement ! C'est là que c'est fun ! Personne ne les allume ! Tous les soirs, quand la nuit tombe, les bougies s'éclairent, alors que la maison est vide...

— Mais bien sûr...

— Quoi ? Tu crois que je te mitonne ? T'as qu'à aller vérifier par toi-même !

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